Cela peut paraître déjà un peu lointain. L an dernier, nous avons fêté les 30 ans du « World Wide Web », invention extraordinaire de Tim Berners-Lee, plus communément désignée par le terme d « Internet ». Très vite, cet outil a changé le quotidien de millions d habitants avec la promesse heureuse de nous connecter au monde entier.
Depuis 1989, le numérique n a cessé de prendre une part croissante dans nos vies avec en guise d apogée, le confinement de mars dernier. En effet, aussi brutale qu imprévue, la crise sanitaire n a fait du reste qu entériner et rendre visible cette dépendance au digital. Certains diront que c est une régression. D autres y ont vu plutôt un moyen de ne pas tout arrêter complétement, que ce soit pour télétravailler, continuer d apprendre, nous cultiver ou tout simplement rester en contact avec nos proches, le numérique nous a permis d éviter par bien des aspects le chaos. Conséquence irrémédiable, du jour au lendemain, non seulement le trafic sur mobile mais aussi la durée des appels ont été multipliés par 3.
Mais que reproche-t-on alors au numérique ? Même si les pourcentages varient un peu, de plus en plus d études s accordent pour dire
de marchandises, sillonnant les mers du globe. Cette phase reposait sur la délocalisation. Selon Daniel Cohen, les indicateurs montrent qu elle est en train de se terminer. En effet, une deuxième période émerge, plus compatible avec la transition écologique. C est ce qu il nomme la révolution de l IA (Intelligence Artificielle) : « L IA, c est la manière de trouver d autres frontières dans cette économie mondiale qui stagne, une économie qui peut se ré-ancrer dans les murs alors que l autre modèle est hors des murs ».
Or justement, le confinement de mars dernier a vu naître de nouvelles aspirations. Entre désillusion et prise de conscience qu une vision seulement ultralibérale de l économie nous rendaient dépendant d autres territoires, à l instar de ce que nous avons vu pour les masques, on a beaucoup entendu parler « du monde d après ».
Comment se dessine ce « monde d après » ? Bien malin celui qui aurait la réponse alors même qu aucun pays n est pour le moment sorti de la crise sanitaire. Néanmoins, par bien des aspects, cette prise de conscience plus ou moins forte, l avenir nous le dira, est un début de victoire pour ceux qui ont cru depuis longtemps à l importance de penser « local ». C est pourquoi, ce nouveau numéro met à l honneur les territoires et les hommes à contre courant. Il compile, pas moins de 60 exemples concrets d initiatives numériques favorables pour notre planète et qui ont pour point commun qu elles replacent l humain dans son territoire de vie.
Comme nous l explique si bien Serge Orru, dans ce nouveau Magazine Digital de Paroles d Élus, malgré tout ce qui a été dit, « Il n y a pas eu de miracle, ce monde d après est un mélange de celui d hier, et de ce que nous voulons en faire ». Tout reste donc à construire ! Partageons les bonnes pratiques inspirantes !
que le secteur des nouvelles technologies est un véritable glouton ! Ordinateurs, data centers, réseaux engloutissent en effet entre 6 et 10 % de la consommation mondiale d électricité, soit près de 4 % de nos émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, et c est là que le bât blesse, on estime que les besoins énergétiques de ce secteur continueront d augmenter de 5 à 7% tous les ans. Dit autrement, le numérique pollue déjà près de 1,5 fois plus que le transport aérien. Voilà pour la face obscure du numérique.
Alors c est vrai, contrairement à ce que l on pensait encore il n y a pas si longtemps, Internet est une grande source de pollution. Les mots « dématérialisation », « virtuel » et autre « cloud » ont bel et bien besoin, quelque part sur la planète d énergie pour exister. Pour autant, la réponse de Cédric O dans un entretien au Figaro en août dernier, n était pas un vœu pieux. Face aux critiques faites au numérique et à son impact sur l environnement, le Secrétaire d État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, expliquait que non seulement « le numérique contribue déjà à la protection de notre environnement » mais surtout que « la transition écologique a besoin du numérique ».
Comment ne pas faire de parallèle entre ces propos et l intervention de Daniel Cohen lors de la Table Ronde « Numérique et environnement : menace ou opportunité ? », organisée par le Digital Society Forum il y a à peine un an. Pour l économiste, cette question est en effet à rapprocher de ce que l on appelle « la transition numérique ». Pour lui en fait, elle se scinde en deux périodes. La première transition numérique, visible depuis une trentaine d années, a permis une croissance énorme des échanges mondiaux : le commerce international a crû beaucoup plus que la production dans les pays. C est l image que nous avons tous de ce trafic incessant de bateaux chargés de containers
0 7 L E M A G A Z I N E D I G I T A L0 6L E M A G A Z I N E D I G I T A L
Quel monde d après ? Quel monde d après ?
LE MONDE D APRÈS OU LA VICTOIRE
DU LOCAL ?
Ce monde d après est un mélange de celui d hier,
et de ce que nous voulons en faire.
Serge Orru