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Déchets
QUI JETTE UN ŒUF, JETTE UN BŒUF
Tout le monde connaît l adage « qui vole un œuf, vole un bœuf ».
Il semblerait, à en croire certaines données, que son adaptation
« qui jette un œuf, jette un bœuf » soit tout aussi vraie. Chaque année,
un tiers de la nourriture que nous produisons au niveau mondial part à la
poubelle. Mais, qu entendons-nous ?
La France serait « bonne élève » ? Que nenni, dans l hexagone, chaque minute, on jette environ 20 tonnes de
produits alimentaires. Ce chiffre ne vous parle pas trop ? En voici
un autre Selon l ADEME, nous jetons en moyenne 29 kg de nourriture par
an et par personne, dont 7kg encore emballés. Bref, peut mieux faire !
Heureusement, dans ce domaine aussi, grâce au numérique, des initiatives
inspirantes et efficaces existent. Depuis nos modes de consommation
jusqu à la poubelle, les marges de progression sont importantes.
Nous jetons en moyenne
29 Kg de nourriture par an et par
personne dont
7 Kg encore
emballés
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Déchêts
PHENIX, LE SITE DE RENCONTRES ANTI-GASPI
Les publicités des sites de rencontres répètent à qui veut l entendre leur capacité à mettre en relation des personnes ayant les mêmes points communs. La plateforme Phenix, par bien des aspects, rivalise avec les meilleurs sites de rencontre. La différence ? La jeune entreprise qui se cache derrière n a que faire de nos cœurs esseulés et préfère s intéresser à l avenir de notre planète. En effet, son crédo, c est plutôt l anti-gaspillage alimentaire. Pour se faire, elle fait se rencontrer des supermarchés et des associations caritatives afin de faciliter la récupération des invendus.
Si Phenix est aujourd hui considéré comme un pionnier du « zero waste », l aventure aurait pu s arrêter très vite. En effet, lors de son lancement en 2014, son fondateur, Jean Moreau, souhaitait s adresser seulement aux particuliers. L idée était alors de faciliter le troc entre voisins plutôt que de se débarrasser des restes. L initiative ne prenant pas vraiment, Phenix change de braquet l année suivante, en s intéressant aux grandes surfaces et aux industriels. Depuis 2015, la majorité des enseignes de la grande distribution se sont engagées à donner à des associations caritatives habilitées. Rappelons que pour ces derniers, jeter les invendus a un coût non négligeable. Au contraire, 60 % des dons caritatifs sont déductibles des impôts.
Concrètement, Phenix propose un service alternatif, doublement vertueux, nous seulement, les denrées ne finissent pas à la poubelle mais en plus, elles sont données à des associations. En fonction des volumes, la plateforme prend une commission. Aujourd hui, elle emploie 130 personnes pour un chiffre d affaires d environ en pleine croissance, 9 millions d euros en 2018.
TOO GOOD TO GO : FACE AU GÂCHIS, PAS DE CHICHI
La star-up Too Good To Go fait appel au bon sens des commerçants et des consommateurs, et ça marche ! L application créée par Lucie Basch, une ancienne de Centrale pas encore trentenaire, s attaque elle-aussi au gaspillage alimentaire.
Lancé d abord au Danemark en novembre 2015, Too Good To Go a rapidement connu une croissance européenne et existe désormais en Norvège, Angleterre, Suisse, Allemagne ou encore en France. Le succès fut tel dans l hexagone que l équivalent de 300 000 repas fut sauvé la première année.
Jusqu alors, les commerçants n avaient pas d autres alternatives que de jeter leurs invendus. En s inscrivant sur Too Good To Go, ils peuvent maintenant les proposer dans une boîte spécifique à prix réduits pour une consommation le jour même. L application se charge de rapprocher l offre de la demande. En effet, elle géolocalise l utilisateur et lui propose les portions chez les commerçants partenaires environnant. Une fois la « lunch box » réservée en un simple clic, il suffit de la récupérer au créneau convenu.
Grâce à ce système, tout le monde est gagnant : le consommateur tout d abord, puisque les produits sont vendus entre 10 et 40 % de leur valeur marchande. Les commerçants réduisent quant à eux les pertes. De son côté, Too Good To Go se rémunère par une commission à hauteur d 1 euro par repas. Mais l application Too Good To Go pourrait, si son usage se développe suffisamment, être bénéfique pour les deniers publics (1 tonne de gaspillage est évitée chaque jour grâce à l application). En effet, réduire le gaspillage, c est aussi réduire à terme les besoins en collecte et en traitement des déchets, alors que de nombreuses collectivités s engagent dans cette démarche.
Parallèlement, Too Good To Go organise depuis sa création des distributions solidaires d invendus aux plus démunis. Ce sont déjà plus 2 500 repas qui ont été distribués aux sans-abris aux quatre coins de la France.
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