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Par contre, elles sont souvent en situation de souffrance par manque d acquis. Même si elles ont développé d autres compétences qui leur permettent d exercer une activité, le constat est celui d une tendance très forte à être exclu socialement.

C est un cercle vicieux qui entraîne, pour les plus âgés, une perte de contact avec la société, et pour les plus jeunes, une situation de frustration, d amertume que la vie urbaine et ses inégalités va approfondir. Ce sont alors de véritables « marmites sociales », qui demandent une attention particulière. A titre d exemple, en 2018, 11,5 % des jeunes participants à la journée défense et citoyenneté (JDC) ont rencontré des difficultés dans le domaine de la lecture. La moitié d entre eux peut donc être considérée en situation d illettrisme et par ailleurs, force est de constater que près d un jeune sur dix, a encore de nos jours une maîtrise fragile de la lecture.

Quid alors de l illettrisme quand la connectivité est massive, que les termes « digital natives » et « millenium » font florès ? La possession d au moins un ordinateur ou un smartphone est venue banaliser l accès aux ressources de l Internet. Les réseaux sociaux sont utilisés massivement par les français. Par contre, nous aurions tort de considérer comme acquis l usage de l Internet pour toutes les catégories de la population en incluant les illettrés. Un nouveau mot est forgé « l illectronisme » ou l illettrisme du numérique.

« L ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. Voilà l équation ». Cette phrase célèbre d Averroès, philosophe, mathématicien, homme de loi, savant du XIIe siècle, est restée d actualité à travers le temps et sous toutes les latitudes. Neuf siècles plus tard, à quelques mois de la troisième décennie du XXIe siècle, nous nous interrogeons sur les lourds effets que porte sur nos sociétés l ignorance, que l on trouve au cœur des multiples difficultés sociétales.

Parmi les typologies couvertes par l ignorance, nous nous intéressons à une en particulier, l illettrisme, dont les impacts sont amplifiés à l heure d une vie fortement urbanisée et hyper connectée, et qui met sous tension le lien social et le défi de vivre harmonieusement ensemble.En France, nous parlons de celles et ceux qui, à plus de 16 ans et ayant été scolarisé.e.s n ont pas acquis une maîtrise correcte des compétences de base en lecture, écriture, calcul, les privant alors de l autonomie indispensable pour mener à bien les actions simples de la vie courante. La dernière enquête menée par l INSEE en 2012 en partenariat avec l Agence Nationale de Lutte Contre l Illettrisme - ANCI - fait état de 2,5 millions de personnes soit 7% des adultes de 18 à 65 ans, dont la moitié ont plus de 45 ans.

Par ailleurs, être illettré ne signifie pas être privé d une activité professionnelle : 51% des personnes illettrées en France ont un emploi.

Inclusion numérique et illettrisme.

Carlos Moreno

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Une vie fortement urbanisée et

hyper connectée, qui met sous tension

le lien social et le défi de vivre

harmonieusement ensemble.

devons aborder le numérique à la manière du « pharmakon », posé par Bernard Stiegler, poison ou remède. Nous avons besoin avant tout comme remède, d un engagement politique et sociétal des élus, des gouvernances, des acteurs et de l écosystème, pour que le numérique soit un outil de création de valeur par le lien social territorial, donnant lieu à un triple rôle bénéfique : générer de la confiance en soi, apporter de l apprentissage, se rapprocher d une vie socialement active.

La priorité doit être donnée au contenu, aux usages, à la médiation numérico-sociale pour que l hyperconnectivité retrouve un véritable rôle de « bien commun ». Face à l illettrisme et à l illectronisme, le numérique par un usage de qualité doit jouer le rôle d un véritable levier : c est le numérique pour tous, dans la ville pour tous. Il y va de notre harmonie pour le bien vivre ensemble.

Nous devons faire extrêmement attention à ne pas confondre facilité d accès à l Internet et ses ressources, et l usage qui en est fait. Le syndicat de la presse sociale (SPS) et l Institut CSA ont mené une étude en juin 2018 très éclairante sur le sujet car « l illectronisme exclut des modes de communication modernes » préconisant « des solutions qui sont à développer pour que chacun puisse maîtriser les bases du savoir numérique, comme une formation spécifique pour les plus jeunes dans le cadre de l Éducation nationale ou encore des programmes de formation adaptés aux salariés en difficulté en entreprise ». Cette étude identifie aussi une catégorie de la population, les « abandonnistes », ceux qui par manque de maîtrise, renoncent à faire une démarche administrative sur Internet, à envoyer un mail important ou à faire un achat. La dématérialisation massive deviendra pour eux un facteur majeur d exclusion sociale.

Voilà donc, que face à cette fracture sociale et numérique de nouvelle génération, l illettrisme et l illectronisme, nous

C.M.