Un campus pour former les élus au numérique
Qui se souvient du mouvement des pigeons ? Il y a cinq ans, des entrepreneurs se rassemblaient afin de protester d’une seule voix contre des réformes fiscales qu’ils jugeaient alors contreproductives pour notre pays. De cette contestation est née une association, France Digitale Campus mais aussi une quantité d’initiatives…
La colère des premières tribunes a laissé rapidement la place à l’envie de créer et de construire. Peut-être parce que c’est au fond, ce que les entrepreneurs savent faire de mieux. Mais peut-être aussi parce que les premiers échanges avec le monde politique, ont très vite révélé que le mal était plus profond qu’une simple erreur de fiscalité : élus et entrepreneurs se connaissent très peu. Pourtant, les décisions prises par les édiles peuvent avoir des conséquences importantes dans le quotidien de jeunes pousses, en facilitant ou ralentissant leur croissance.
Pour y remédier, France Digitale a alors rapidement relevé les manches. L’association a imaginé différents projets, publications et rencontres pour faciliter l’acculturation au monde de l’entreprenariat. Dernier petit en date, elle vient de lancer en ce début d’année une formation pour le moins inédite. France Digitale Campus, c’est le nom de ce programme, propose en effet aux élus locaux et nationaux qui le souhaitent d’approfondir leur connaissance technique et fiscale.
L’ambition n’est pas tant de donner l’envie aux élus de monter leur propre start-up que de leur permettre de se confronter aux exigences quotidienne de la vie d’un entrepreneur afin, comme le précise Olivier Mathiot, vice-président de l’association dans un article des échos, « de pouvoir parler le même langage que nous lorsqu’ils votent des lois ».
« Ce ne sont pas aux élus locaux de faire les lois », nous répondrez-vous peut-être ? Vrai, mais comme l’explique un peu plus loin celui qui est aussi PDG du site de e-commerce français PriceMinister, « Il est important que les élus locaux soient inclus dans cette démarche. Souvent, ils ne connaissent que les PME traditionnelles, qui ne sont pas en hypercroissance et ne sont pas dans une logique d’augmentation de capital ou d’internationalisation ».
Que contient ce programme de formation spécialement concocté pour eux ? L’obtention du diplôme ne sera pas chose aisée. Ils auront six mois (NDLR : cette durée de formation a été imaginée pour ne pas rentrer en collision avec l’agenda de nos parlementaire) pour valider une « vingtaine d’unités de validation (UV) ».
Parmi les matières, il sera question d’intelligence artificielle bien évidemment mais aussi par exemple de cloud ou encore Blockchain et de cryptomonnaie. Et comme dans toutes écoles qui se respectent, des voyages de classe sont même prévus pour la trentaine d’élèves, en Israël et dans les pays scandinaves.
L’association n’est pas naïve, pour que ce travail d’apprentissage entre politique et entreprise porte ses fruits, des initiatives similaires doivent se multiplier. Et Olivier Mathiot de conclure « un simple vernis ne suffit pas pour réaliser sa transformation digitale et il faut monter en compétence pour négocier à l’échelle européenne ou avec les Etats-Unis ».