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Sommaire de l’article
    Environnement & gestion des ressources

    [Tiers-Lieux] Focus sur la Grande Halle de Colombelles

    A quelques kilomètres de Caen, dans le Calvados, le site de la Grande Halle de Colombelles est l’un des derniers vestiges visibles de la SMN, la Société métallurgique de Normandie. Créé en 1917, ce géant de l’industrie a profondément marqué le territoire normand avec, au plus fort de son activité, 6 400 salariés et une production représentant 4 % de la production nationale d’acier. Aussi, sa fermeture en 1993 a été un véritable choc et le début forcé d’une lente reconversion. Depuis un an maintenant, ce site a retrouvé vie grâce à l’unité de nombreux financeurs et surtout à l’énergie déployé par l’association Wip.

    220 Ha à réhabiliter

    A 10 minutes à peine du centre-ville de Caen, dans un paysage plat et représentatif des plaines qui entourent la capitale normande, une grande tour en béton est le dernier témoin du passé industriel de ce territoire. Cette grande tour, surnommée le chaudron à cause de sa forme est en fait l’ancienne tour réfrigérante de l’usine SMN. Si aujourd’hui, elle peut sembler démesurée, elle était en réalité à l’époque, à l’échelle de l’ensemble d’un site industriel de 220Ha.

    132 km de voies ferrées

    Pour que le lecteur réalise la superficie qu’occupait à l’époque cette usine, il est peut-être plus parlant de rappeler que la SMN avait par exemple son propre réseau privé de chemin de fer, composé précisément de 132 km de voies gérées par 3 postes d’aiguillage. Il n’en fallait pas moins en effet, pour assurer la logistique des 450 wagons nécessaires au trafic interne des 5 millions de tonnes annuelles d’acier.

    Un quart de siècle plus tard

    L’une des premières étapes de la reconversion a donc consisté à dépolluer les 220 Ha. Pour se faire, mission a été confiée à l’Architecte Dominique Perrault de concevoir de 1996 à 2000 un plan guide pour la future Communauté Urbaine Caen la mer. Le choix est alors fait de ne conserver que cette fameuse tour de refroidissement, comme un « emblème important de ce passé ouvrier », ainsi que la « Grande Halle » située à proximité. Progressivement, la mise en place d’une zone d’aménagement concerté (ZAC) du Plateau en 1997, a permis à une grande partie des terrains de trouver un nouvel usage grâce à Normandie Aménagement, l’aménageur de l’agglomération. Un quart de siècle plus tard, les fours métallurgiques ont laissé la place à la zone d’activité Normandial, ainsi qu’à EffiScience, un campus de recherche et développement de nouvelles technologies regroupant pas moins de 3000 salariés.

    Une nouvelle page pour la grande Halle

    Mais revenons à notre « chaudron » et à sa « Grande Halle ». Ouverte à tous les vents depuis 1993, elle n’avait pas d’’autres vocations que d’être un lieu d’expression libre pour la pratique du graff. Ce n’est que depuis 4 ans, avec la création de l’association Wip (workin progress) chargée des travaux et du devenir des lieux que le projet se dessine réellement.

    3000 m2 à animer

    Dix-huit mois  de travaux et 8 millions d’euros d’investissement ont été nécessaires afin de réhabiliter entièrement les 3000 m2 de la Grande Halle. Une des particularités de ce chantier a été l’aménagement, à côté du bâtiment en travaux, d’une « Cité du Chantier ». Composée d’un assemblage de différents containers, elle accueillait non seulement les ouvriers du chantier mais aussi les membres de l’association. Ainsi, une programmation très riche a pu voir le jour très rapidement.

    Croiser les publics

    Mais qu’y trouve-t-on aujourd’hui? Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce nouveau tiers-lieux accueille des activités très variées. A côté des 500 m2 carrés transformés en espace de co-working, on trouve par exemples des espaces réservés pour des conférences et des séminaires mais aussi des lieux conçus pour accueillir des résidences d’artistes. Autre exemple très représentatif de l’envie de croiser les publics, le lieu accueille aussi une Micro-Folie.

    Le numérique comme outil de médiation

    Le projet Micro-Folies est un dispositif de médiation culturel unique en son genre. Dans le cadre du plan « Culture près de chez vous », le Ministère de la Culture souhaite déployer à terme 200 lieux de ce genre dans toute la France de manière pérenne ou temporaire. L’idée est de profiter de la numérisation d’œuvres des plus beaux musées de France, pour les rendre accessible au plus grand nombre. Parmi les établissements qui participent à Micro-Folies, on trouve par exemple le Château de Versailles, le Centre Pompidou, le Louvre, le Musée National Picasso, la Philharmonie de Paris, la RMN-Grand Palais, Universcience, l’Institut du Monde Arabe, le Musée d’Orsay ou encore l’Opéra de Paris. Plus de 500 chefs-d’œuvre sont à découvrir grâce à différents écrans géants, système de réalité virtuelle et tablettes présents.