Quand l’agriculture cultive le goût de l’innovation
Salon de l’Agriculture oblige, Paroles d’élus s’intéresse cette semaine à ce que l’on appelle la Smart Agri. Drones, capteurs, géo positionnement et data en tous genres, si l’agriculture a toujours été ouverte à l’innovation, une mue spectaculaire se réalise en ce moment même. A la clé, plus de précision, de meilleurs rendements et moins de gaspillage. Petit tour d’horizon des nouveautés dans le domaine.
Les abeilles aussi se connectent
Commençons notre petit voyage dans les paysages français par l’Aisne dans les Hauts-de-France. Depuis 2015, la start up Hostabee, spécialisée dans les ruches connectés a su prendre son envol. On le sait, la France est l’un des pays les plus touchés par la mortalité des abeilles. Grâce à «B-Keep », un petit module connecté basé sur la connectivité LoRa, il est aujourd’hui possible aux apiculteurs de mesurer à distance la température, l’humidité des ruches ainsi que l’activité de leurs pensionnaires.
Ces renseignements permettent de cibler davantage les interventions et d’intervenir avant qu’il ne soit trop tard. Autre aspect, non négligeable, il est aussi possible de géolocaliser les ruches en cas de vol.
Hostabee était présente lors du CES de Las Vegas l’an dernier ainsi qu’au salon de l’agriculture.
Les pieds sur terre et les yeux en l’air
Cap maintenant à Semoine, dans l’Aube où, au hasard d’une ballade champêtre vous croiserez sans doute, en levant la tête des drones. Cédric Jullien, agriculteur de son état, les utilise depuis maintenant trois ans. Il récupère ainsi un maximum d’informations et améliore la rentabilité de ses deux sites d’exploitation distant l’un de l’autre de plus de à 25 kilomètres. Comme il l’explique lui-même : « Aujourd’hui, on essaye de réduire notre empreinte sur les cultures, d’apporter le produit au bon endroit, au bon moment. Les résultats commencent à arriver, on commence à avoir une base de données ». Aujourd’hui, il utilise environ 20% d’engrais en moins.
Idem pour les pesticides. Grâce à la mise en place de balise, il peut savoir exactement la quantité de produit utilisé sur chaque parcelle, ce qui a été apporté à quel endroit et quand.
Malgré les coûts d’investissements, compter en effet environ 5.000 euros rien que pour un drone, l’économie est loin d’être négligeable. Ainsi chez Axe Environnement, spécialiste de ces équipements, on estime que pour un service de 10 euros à l’hectare, on économise jusqu’à 100 euros pour la même surface.
Comme le bon vin, le numérique se bonifie en vieillissant
Et si nous continuions notre route par les chemins bordelais ? Là aussi, on utilise les nouvelles technologies. Carbon Bee, start up fondée en 2015 par Géraldine Germain propose différents outils facilitant la détection précoce de maladie sur les pieds de vignes. Son capteur, baptisé AQiT-sensor se compose d’une caméra reliée à un outil d’analyse en intelligence artificielle. Un de ses avantages est de pouvoir s’adapter à un drone, tracteur ou bien smartphone. L’enjeu est là encore « de taille », puisqu’en détectant le plus tôt possible certaines maladies, avant même qu’elles ne soient identifiable à l’œil nu, il est possible de les stopper rapidement et de manière ciblée.
Carbon Bee a été désigné lauréate du prix French Tech Culture l’an dernier. Elle est présente au salon de l’Agriculture.
Naïo les petits robots
Si vous vous promenez du côté de la Digiferme à Saint Hilaire-en-Woëvre dans la Meuse, attention où vous mettez les pieds. Parmi les innovations qui y sont en effet testées sur les près de 60 ha de cultures de l’exploitation, vous rencontrerez peut-être les robots de Naïo Technologies. Comme l’explique l’entreprise, les différents robots sont conçus pour améliorer les conditions de vie et alléger votre charge de travail au quotidien.
Oz aide par exemple les agriculteurs à désherber et à biner les cultures de manière autonome en circulant entre les plans de culture. La large gamme de robots créée par deux ingénieurs en robotique, Gaëtan Séverac et Aymeric Barthes, ne récoltent pas que des mauvaises herbes. En effet, l’entreprise a, à son palmarès, un bon nombre de récompenses.
Pas de numérique sans connexion
Mais pas de nouvelles technologies et de numérique sans connexion décente. Aussi, dès 2014, la FNSEA, Orange, NordNet et le partenaire technique Eutelsat, avaient lancé expérimentation « Agriculture Connectée ». Son but était justement de permettre à 21 exploitations agricoles localisées en zones blanches et réparties sur l’ensemble du territoire, d’être équipées d’une connexion internet par satellite. Les retours d’expériences ont été très positifs. En effet, alors que 33% des testeurs devaient se rendre chez un tiers pour pouvoir profiter d’un accès à l’Internet Haut-Débit et 39 % d’entre eux n’étaient éligibles qu’à un faible débit (512kb/s), c’est-à-dire trop peu pour l’utilisation du numérique dans leurs activités professionnelles, 100% des exploitations ont pu être raccordées à l’Internet par Satellite.