Travail à l’ère des plateformes : quelles sont les mises à jour requise par le CNNum ?
Souhaite‑t‑on créer une société à trois vitesses, constituée de salariés, d’indépendants et de travailleurs au statut hybride ? La question mérite d’être posée alors même que la prédominance des plate-formes numérique de type « Deliveroo » ne cesse de grandir. Pour apporter des réponses, le Conseil National du Numérique a publié en ce mois de juillet un rapport intitulé « Travail à l’ère des plateformes. Mise à jour requise ». Parmi ses 15 recommandations, on trouve la mise en place d’un «digiscore». L’objectif ? Pouvoir évaluer et juger les conditions de travail de ces plate-formes numériques.
« La fragilisation actuelle du corps social impose des mesures immédiates »
La crise sanitaire, économique et sociale liée à la propagation du Covid‑19 a agi comme un puissant révélateur du déséquilibre entre les travailleurs et les plateformes. En effet, comme le souligne Salwa Toko, pilote du groupe de travail et présidente du CNNum « elle a rendu plus criant encore le manque de protections de ces travailleurs. L’opinion s’est émue de ceux qui sont rapidement devenus des symboles d’une certaine fragilité de notre société. (…) La fragilisation actuelle du corps social impose des mesures immédiates, articulées autour de la responsabilisation des comportements de l’ensemble des acteurs ».
Un digiscore plutôt qu’un nouveau statut
Le point essentiel pour le CNNum consiste à « outiller les consommateurs par la création d’un DIGISCORE et les partenaires sociaux et administrations par la mise en place d’un Observatoire social des plateformes ». Comme le souligne le sociologue Patrick Cingolani dans un article récent des Echos sur ce sujet. « L’idée est d’imposer aux plateformes le système de notation et de contrôle perpétuel qu’ils infligent à ce dernier (NDLR : ses travailleurs)».
Vers une société à 3 vitesses ?
L’alerte n’est pas nouvelle. Déjà en avril 2019, alors que la loi d’Orientation des mobilités était en cours d’examen à l’Assemblée nationale, les membres du CNNum s’interrogeaient dans un article publié dans les colonnes du Monde : « Souhaite‑t‑on créer une société à trois vitesses, constituée de salariés, d’indépendants et de travailleurs au statut hybride, dont les conditions sont ensuite décidées par les juges au cas par cas, aboutissant de facto à la création d’un nouveau précariat ? ».
Porteur d’espoir ou vecteur de nouvelles précarités ?
Ne nous trompons pas, le CNNum ne demande pas d’interdire ces nouvelles plateformes. Il s’agit en effet d’un phénomène de société, « qui peut être porteur de formidables espoirs en matière d’emploi et de progrès social » mais aussi « vecteur de nouvelles précarités au travail ».
15 recommandations
Pour jouer son rôle et trouver des réponses concrètes, les membres du CNNum ont adopté selon leurs dires « une démarche pragmatique consistant à partir des besoins réels pour formuler leurs recommandations ». Ils ont pu aller par exemple à la rencontre sur le terrain des travailleurs des plateformes ainsi que des collectifs et des syndicats. De tout ce travail est né un rapport et 15 recommandations.
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