Télétravail et exode urbain, l’Insee précise les grandes tendances
Phénomène visible au sortir du premier confinement, l’exode urbain permis par le télétravail est-il à plus long terme, une tendance de fond ? Pour le savoir, l’Insee a mené une enquête à partir des contrats de réexpédition définitive souscrits à la poste et des changements d’adresses issus du répertoire des cartes grises. Cette démarche permet d’en savoir plus sur les mouvements de populations qui se dessinent sur le territoire.
Un « bond absolument extraordinaire »
Souvenez-vous. En plein confinement, Cédric O, alors secrétaire d’État au numérique espérait que l’épidémie aller permettre au télétravail de faire un « bond absolument extraordinaire ». Trois ans plus tard, la question semble ne plus se poser tant cette nouvelle façon de travailler est même devenue un élément déterminant dans les négociations entre les entreprises et leurs salariés.
Pas de télétravail sans plan France THD
Boosté par la réussite du plan France THD, le télétravail aux quatre coins de France est devenu possible. Avec un retour à une vie plus normale, la question était de savoir si cette nouvelle possibilité allait avoir de façon pérenne comme corollaire, des mouvements de populations dans les territoires.
Des mouvements vers les régions déjà attractives
Ainsi, en préambule de son étude, l’Insee indique que « plusieurs indicateurs rendant compte d’une partie des déménagements récents tendent à montrer une accélération des mouvements vers des régions déjà attractives par le passé. Les restrictions successives liées à la crise sanitaire et le développement du télétravail pourraient avoir modifié le rapport des ménages à leur lieu de résidence ». Et d’ajouter que « les mouvements migratoires entre régions ont été marqués par une forte attractivité des régions de l’arc atlantique et du sud du pays ». A l’inverse, « dans les régions Ile-de-France, Grand Est et Hauts-de-France, les départs d’habitants étaient plus nombreux que les arrivées ».
Quid des villes plus petites ?
Autre tendance, on note plus globalement que les flux en faveur des villes de taille plus modeste s’accroissent. Ainsi les mouvements migratoires deviennent plus favorables aux villes de taille moyenne ou petite. Concrètement, dans les villes de moins de 200 000 habitants, qui bénéficiaient de flux excédentaires avant 2020, le rapport entre les entrées et les sorties s’accroît. Et de donner 2 exemples, ceux de Colmar et Vannes. Ces villes accueillent respectivement 122 et 110 transferts de courrier arrivants pour 100 transferts de courrier partants. De plus « le ratio entre les entrées et les sorties des aires de moins de 50 000 habitants passe de 1,19 en 2019 à 1,28 en 2022 ».
La périurbanisation se renforce au sein des grandes métropoles
A l’inverse, les grandes aires urbaines, à commencer par Paris, connaissent des
déficits migratoires. Si cela concerne aussi bien les communes du pôle que celles des couronnes, le déficit pour ces dernières est en partie compensé par le renforcement de la périurbanisation. Ainsi, quelle que soit la taille de l’aire d’attraction des villes, « les pôles perdent des habitants dans leurs échanges avec leurs couronnes ».
Le télétravail, facteur d’évolution des comportements
Et l’Insee de conclure que « l’hypothèse du lien entre télétravail et migrations résidentielles semble confirmée par l’évolution des distances domicile-travail ». En effet, selon les déclarations sociales nominatives (DSN), la distance pour se rendre à son lieu de travail varie assez peu entre 2019 et 2021 dans les grandes aires (Paris et celles de plus de 700 000 habitants), sauf pour les trajets les plus longs correspondant aux 10 % des salariés les plus éloignés de leur lieu de travail l’année considérée. La distance minimale parcourue par ces 10 % de salariés les plus éloignés de leur lieu de travail augmente vivement pour les emplois plutôt télétravaillables (+14 %).
Pour accéder à l’étude de l’Insee, c’est ici.