Security Navigator 2026 : La cyber-extorsion explose et menace les territoires

La cybercriminalité s’industrialise et redessine les équilibres géopolitiques. Orange Cyberdefense vient de publier son enquête internationale Security Navigator 2026. Les résultats sont sans appel : la cyber-extorsion connaît une explosion mondiale. Entre octobre 2024 et septembre 2025, plus de 139 000 incidents de sécurité ont été analysés. Les chiffres révèlent une augmentation de 44,5 % des victimes en 2025.Face à cette menace croissante, la coopération internationale public-privé s’impose comme une réponse efficace.
Les PME et les secteurs critiques en première ligne
Les petites et moyennes entreprises subissent de plein fouet cette vague d’attaques. Elles représentent deux tiers des entreprises impactées. En Europe, la situation est particulièrement préoccupante. L’Allemagne enregistre une hausse de 91 %. La France affiche une augmentation de 54 %. Les secteurs critiques ne sont pas épargnés. La santé voit ses victimes augmenter de 69 %. La finance et l’assurance connaissent une progression de 71 %. Les transports enregistrent une hausse de 67 %. La distribution subit une augmentation spectaculaire de 80 %.
Charl van der Walt, responsable de la recherche en sécurité chez Orange Cyberdefense, souligne l’ampleur du problème. « La perception traditionnelle de la chaîne d’approvisionnement en tant que chaîne linéaire est obsolète », explique-t-il. Les petites entreprises sont devenues des vecteurs privilégiés. Une seule faiblesse peut permettre une compromission massive.
Une cybercriminalité fragmentée et industrialisée
Le paysage de la cybercriminalité se transforme radicalement. La dissolution de groupes comme LockBit ou Black Basta a laissé place à une multitude d’acteurs. La liste des acteurs malveillants actifs a presque triplé. Elle passe de 33 à 89 groupes identifiés.
Cette fragmentation s’accompagne d’une industrialisation du marché. Le modèle « Crime-as-a-Service » se généralise. L’intégration de l’intelligence artificielle facilite les attaques. Les cybercriminels proposent désormais leurs services à la demande. Cette professionnalisation rend les menaces plus accessibles et plus nombreuses.
La cyber-extorsion se globalise également. Trente-cinq nouveaux pays ont été ajoutés à l’étude. L’Afrique enregistre 47 % de victimes supplémentaires. L’Amérique latine connaît une hausse de 60 %. L’Asie affiche une augmentation alarmante de 82 %.
La convergence entre cybercrime et géopolitique
Le rapport révèle un phénomène inquiétant : la balkanisation du cyberespace. La frontière entre cybercriminels, acteurs étatiques et hacktivistes s’estompe. Ces derniers, souvent alignés idéologiquement avec des États, mènent des campagnes de déstabilisation. Les attaques ne visent plus seulement la perturbation technique. La désinformation et la manipulation de l’opinion sont devenues des armes majeures. Les hacktivistes se professionnalisent. Ils exploitent les solutions de cybercriminalité « bot-as-a-service » pour leurs campagnes.
Les acteurs étatiques utilisent des groupes criminels comme extensions de leur stratégie. L’exemple des campagnes Salt Typhoon est révélateur. Attribuées à la Chine, elles ciblent des infrastructures critiques dans plus de 80 pays. Ces opérations illustrent l’intégration de la cyberattaque dans les stratégies géopolitiques des États.
La coopération internationale porte ses fruits
Face à cette menace croissante, la collaboration internationale se renforce. L’analyse de 418 actions de forces de l’ordre entre 2021 et 2025 montre une efficacité croissante. Ces opérations aboutissent majoritairement à des arrestations (29 %), des démantèlements (17 %) et des mises en examen (14 %). Soixante-quatorze acteurs privés participent activement à ces opérations. Ils collaborent avec Europol, Interpol et l’alliance Five Eyes. Cette coopération public-privé permet de démanteler des réseaux et de saisir des serveurs. Elle renforce la dissuasion face aux cybercriminels.
La coordination internationale a démontré son efficacité. Les partenaires privés jouent un rôle essentiel dans la dissuasion. Ils contribuent au démantèlement des infrastructures criminelles. Cette alliance mondiale apparaît comme l’arme la plus efficace contre une menace sans frontières.
Un appel à la mobilisation générale
Pour Hugues Foulon, CEO d’Orange Cyberdefense, la situation exige une mobilisation collective. « Loin d’être une fatalité, les conséquences de la balkanisation du cyberespace doivent nous servir d’opportunité », affirme-t-il. Le dirigeant appelle à renforcer la coopération, la transparence et la résilience. La lutte contre le cybercrime organisé nécessite une alliance mondiale. Cette alliance doit réunir acteurs publics et privés. Orange Cyberdefense se dit prêt à partager le fruit de son renseignement cyber. L’objectif est clair : renforcer le bouclier numérique face à une menace qui ne connaît pas de frontières.
L’étude Security Navigator 2026 lance un signal d’alarme. Les défenses traditionnelles ne suffisent plus. L’application progressive de la loi doit s’accompagner d’une coopération renforcée. Face à des adversaires agiles qui exploitent l’interdépendance de la société, seul un front commun permettra de protéger efficacement nos économies et nos démocraties.


