Paroles de Maire avec… Michèle Lutz, Maire de Mulhouse
Maire de Mulhouse depuis 2017, Michèle Lutz est fortement mobilisée depuis le début de la crise sanitaire. Par ailleurs Première vice-présidente de Mulhouse Alsace Agglomération, en charge de l’enseignement, des nouvelles économies émergentes, de l’emploi et de la formation, elle revient pour Paroles d’Elus sur les différentes actions mises en place avant le début du confinement.
Paroles d’Elus : Quelles ont été les priorités au début du confinement ?
Michèle Lutz : Dans les faits, la crise sanitaire était pour nous une réalité déjà depuis plusieurs jours. En effet, avant même l’annonce d’un confinement au niveau national, Mulhouse était au cœur de l’actualité. C’est ici que le premier cluster a été identifié suite à un rassemblement évangélique. Il ne faut pas oublier que ce virus malheureusement était encore trop méconnu, que ce soit pour les symptômes mais aussi sur ses répercutions. C’était un cas complétement inédit, sans protocole. Dès que j’ai pris connaissance de ce cluster, j’ai rassemblé une cellule de crise pour prendre le plus rapidement possible les mesures au cas par cas. Nous nous réunissons tous les jours depuis mars pour faire le point sur la situation et adapter les mesures. Très vite, je me suis rendu compte de l’ampleur de la crise sanitaire.
Pour nous aider dans nos décisions, nous pouvions compter à la fois sur des échanges quasi-quotidien avec l’ARS mais aussi avec la Région Grand Est dont le Président Jean Rottner, est médecin urgentiste de formation. Cela signifie concrètement, que nous avons par exemple fermé les écoles dès le 7 mars. Après le 1er tour et le début du confinement, nous avons en réalité géré toutes les mesures déjà mises en place.
Pde : Vous avez depuis le début de la crise mis en avant l’élan de solidarité de la population…
ML : Oui, parce que c’est un point qui m’a particulièrement marqué. J’ai pu voir un énorme élan de solidarité. Il a été constant dès l’annonce des premiers cas, et demeure encore visible aujourd’hui. En tant que collectivité, nous avons cherché comment justement, nous pouvions accompagner cette dynamique de solidarité. Nous avons donc mis en place une plateforme numérique pour faciliter l’entraide entre les citoyens. Les premiers messages concernaient des choses assez basiques sur l’aide aux courses par exemple entre voisins. Au fil des jours, alors que beaucoup de soignants venaient d’autres régions, certains habitants ont proposé des studios et appartements ou leurs voitures pour les aider. L’autre volet a concerné les masques. Pour en trouver, nous avons pu compter sur l’engagement appuyé de plusieurs chefs d’entreprises qui ont offert les stocks qu’ils avaient ici ou là.
Pde : Les réseaux sociaux ont-ils été pour vous un outil important pour échanger avec les citoyens ?
ML : En tant qu’élus locaux, nous devions, malgré le confinement, trouver des moyens d’être présents. C’est essentiel en effet de rassurer nos concitoyens mais aussi de répondre à leurs interrogations. C’est pourquoi, nous avons mis en place avec Jean Rottner, des facebook live. Les habitants pouvaient nous faire parvenir leurs questions. C’était aussi un très bon indicateur pour nous sur les problématiques et les craintes concrètes de nos concitoyens.
Pde : Comment va votre ville aujourd’hui ?
ML : Mulhouse se reconstruit peu à peu. On avance en effet chaque jour un petit peu plus dans la même logique de progressivité qu’au niveau national. Les gens reprennent goût à sortir mais c’est surtout du côté économique que l’horizon semble encore très sombre. C’est pourquoi j’ai fait partie des maires qui ont milité dès que cela nous semblait possible, pour une réévaluation de la zone verte. En effet, alors que la pression sur les lits en réanimation à l’hôpital était maîtrisée et que la circulation du virus était nul depuis 15 jours, nous étions toujours en rouge. C’est très stigmatisant et cela a un impact très important pour l’économie et le tourisme. Pourtant, il n’y a pas plus de risque à Mulhouse qu’ailleurs en France.