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    Open data

    [Observatoire Data Publica] Data, IA et cybersécurité dans les territoires : quelles tendances dans les collectivités en 2023 ?

    Pour la deuxième année consécutive, l’Observatoire Data Publica dévoile les résultats de son baromètre national sur la data dans les territoires. Rendez-vous était en effet donné ce jeudi 16 novembre au Hub des Territoires dans le 13ème arrondissement parisien. Pour en savoir plus, Paroles d’élus est allé à la rencontre de Joël Gombin, cofondateur de Datactivist et vice-Président de l’Observatoire Data Publica. Focus sur les grands enseignements de cette enquête réalisée avec le soutien de la Banque des Territoires, de l’ANCT, de la Poste, d’Orange et de la Gazette des Communes.

    Pour accéder à l’étude, cliquez ici

    Paroles d’élus : Comment fonctionne l’Observatoire Data Publica ?

    Joël Gombin : L’Observatoire Data Publica est une association Loi 1910. Elle a été créée en janvier 2020 par quatre cabinets spécialistes de gestion des données publiques à savoir ; Civiteo, Datactivist, Innopublica et Parme Avocat. Nous avons voulu en rapprochant nos forces, nous doter d’un espace dans lequel on puisse mener des activités de veille, d’observation et de réflexion sur les pratiques nouvelles de gestion publique des données. Nous observons l’impact par exemple des chartes éthiques mais aussi plus largement les formes innovantes de gouvernance et de management de la donnée au croisement des datasciences, des algorithmes et de l’intelligence artificielle.

    Paroles d’élus : Vous publiez aujourd’hui les résultats de la 2e édition du baromètre national sur la data dans les territoires. Pourquoi avoir lancé cet outil et le périmètre observé cette année est-il le même que l’an dernier ?

    Joël Gombin : Il y a maintenant un peu plus de 2 ans, nous avons proposé en effet à la Banque des Territoires de lancer une grande enquête sur les pratiques et le niveau de maturité en matière de gestion des données dans le monde territorial. La raison est simple. Il n’y avait pas jusqu’alors pas d’éléments quantitatifs sur ces pratiques. De là est née une première édition en deux volets. Le premier concernait les collectivités et le second le grand public afin de dessiner la perception du public sur un certain nombre de questions relatives à la gestion des données.

    Pour cette 2ème édition de ce baromètre, nous n’avons pas reconduit le dispositif en direction de l’opinion publique. Ce dernier sera mis en œuvre une année sur deux. En revanche, l’enquête auprès des collectivités à elle vocation à être barométrisé tous les ans. Grâce à cette publication, on peut commencer à voir des dynamiques et des évolutions dans le temps.

    Paroles d’élus : Qui sont vos partenaires et quel est leur rôle ? 

    Joël Gombin : La Banque des Territoires, l’ANCT, la Poste, Orange et La Gazette des communes sont partenaires de cette 2ème édition. Sans eux, la réalisation de tout ce travail ne serait pas possible. Ils apportent en effet tout d’abord le soutien financier nécessaire pour mener à bien ce projet et je profite à nouveau de l’occasion que vous me donnez pour les remercier pour la confiance et l’intérêt qu’ils nous accordent.

    Mais le rôle de nos partenaires, c’est aussi de nous remonter leurs questionnements, leurs préoccupations et leurs points de vue. Ces échanges nous permettent en effet d’enrichir très concrètement notre questionnaire.

    Paroles d’élus : Quelle a été votre méthode pour récolter toutes les informations nécessaires ?

    Joël Gombin : Nous nous sommes basés sur un questionnaire diffusé en ligne directement auprès des collectivités territoriales et plus largement du monde territorial. Je précise ce point car parmi les évolutions notables par rapport à l’an dernier, on remarque cette année, un nombre important de réponses venant de structures qui ne sont pas des collectivités territoriales mais qui relèvent du monde territorial. Typiquement se sont des opérateurs publics de services numériques (OPSN) ou des syndicats mixtes. Cette évolution est très intéressante pour nous puisque ce sont évidemment des acteurs très engagés sur les sujets data et plus largement du numérique dans le monde territorial.

    L’enquête a été menée durant l’été 2023. Elle a été diffusée sur de multiples canaux, en particulier grâce à notre partenaire La Gazette des communes qui lui a donnée une belle visibilité. Sur sa forme, elle était assez classique avec à la fois des questions fermées pouvant faire l’objet d’une analyse quantitative mais aussi quelques questions ouvertes permettant de récolter du matériau un peu plus qualitatif sur par exemple les cas d’usages déployés par les collectivités.

    Paroles d’élus : Avez-vous fait évoluer le périmètre d’intérêt de vos questions ?

    Joël Gombin : Pour cette deuxième édition, nous avons cherché en effet à atteindre un équilibre parfois subtil entre la volonté de barométriser l’enquête, c’est-à-dire concrètement de poser les mêmes questions que l’an dernier pour pouvoir comparer les réponses et, la volonté d’autre part de corriger certaines formulations utilisées l’an dernier et qui étaient pour certaines d’entre elles, perfectibles.

    Nous nous sommes également laissés la possibilité de poser des questions liées à des problématiques émergentes. C’est le cas typiquement pour l’intelligence artificielle, sujet qui n’était pas aussi clairement à l’agenda l’an dernier. Mais du côté des « grandes thématiques », ce sont rigoureusement les mêmes.

    Tout au long de l’exploitation de l’enquête, nous avons segmenté les réponses par typologie de collectivités. On retrouve évidemment une différence entre des grandes collectivités, les métropoles et les régions qui sont assez matures et puis, des plus petites collectivités et en particulier des petites communes, qui pour beaucoup sont moins avancées.

    Paroles d’élus : Quelles grandes dynamiques ressortent de cette 2ème édition ?

    Joël Gombin : Si des dynamiques sont en effet visibles, nous avons d’abord, et c’est un élément assez rassurant pour nous, des réponses extrêmement cohérentes par rapport à la 1ère édition. Cela confirme que nos échantillons sont plutôt assez bons et assez représentatifs.

    Cela étant dit, on note des évolutions importantes. Je pense par exemple aux raisons qui motivent l’utilisation des données. Très clairement, entre 2022 et 2023, l’impact sur l’environnement au sens large et la maitrise énergétique sont deux items qui se sont imposés. Cette caractéristique correspond à la fois à une prise de conscience croissante de l’urgence climatique environnemental mais aussi à des préoccupations très concrètes et pragmatiques liées aux hausses du prix de l’énergie. Cela se traduit par un développement des cas d’usages autour de de l’éclairage public et de l’efficacité énergétique des bâtiments.

    Autre enseignement très visible, on observe aussi que l’efficacité opérationnelle est vraiment le premier objectif. Elle est même la 1ère motivation pour un tiers des répondants. Cela démontre une forme de maturité. Nous sommes sans doute aujourd’hui un peu moins dans des phénomènes d’expérimentation et d’exploration. Les collectivités sont dans des logiques d’intégration voire d’industrialisation avec une recherche d’efficacité quantifiable.

    Une autre évolution très flagrante, c’est l’explosion du recours à l’intelligence artificielle. Ce dernier a doublé en un an. Pour aller plus loin, nous avons cherché à savoir plus précisément quel type de technologies se trouvait derrière l’utilisation de ce terme d’IA. Il y a deux grands ensembles qui apparaissent. Le premier correspond aux modèles conversationnels de type de type chabot. Le second, ce sont les modèles prédictifs donc finalement connu depuis relativement longtemps.

    On trouve par exemple des cas d’usages autour du gaspillage alimentaire dans les cantines, mais aussi sur la maintenance prédictive dans les réseaux ou encore sur la gestion des déchets afin d’ajuster les tournés.

    Paroles d’élus : Cette recherche d’efficacité se traduit-elle par une réorganisation des services en interne ?

    Joël Gombin : Cette efficacité opérationnelle recherchée ne se traduit pas encore de façon flagrante dans l’organisation mêmes des collectivités. Je veux dire par là que les réponses obtenues à cette question-là nous laisse un peu perplexe. C’était, du reste, déjà le cas l’an dernier. Concrètement, l’administrateur général des données, lorsqu’il existe, travaille rarement en transversalité et n’est pas placés de manière élevée dans l’organigramme avec un rôle de stratège. À l’inverse, on trouve le plus souvent une personne dédiée à la donnée. Le cas typique étant un chargé de mission data ou Open Data. Dans certaines collectivités, on trouve plutôt des agents référents souvent au sein de la DSI. Enfin, dans beaucoup de structures, ces derniers sont à proximité dans l’organigramme du DPO et constituent ainsi un début de pôle data.

    Paroles d’élus : Une partie de votre enquête interroge les collectivités sur l’application de chartes. De quoi est-il question ?

    Joël Gombin : Un certain nombre de collectivités, on parle plutôt ici des grandes collectivités se sont dotées, au cours des dernières années de chartes de gouvernance. Ces dernières ont eu des dénominations et des périmètres variables. Pour certaines d’entre elles, on trouve même une dimension éthique. On est ici dans une démarche proche d’un conseil d’orientation. Elles viennent en appui de disposition d’attribution de marchés publics, dans les délégations de service public ou dans les conventions avec les structures subventionnées mais finalement, et c’est un peu le paradoxe, ces chartes ont souvent davantage un rôle externe qu’interne. Elles sont surtout intéressantes pour leur processus d’élaboration. Et elles sont souvent un prétexte pour commencer à initier une forme de gouvernance des données.

    Pour accéder à l’étude, cliquez ici