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    L'actu des associations

    « Nos maires », le film qui donne envie de leur dire « merci »

    Les élus locaux sont-ils destinés à n’apparaître à l’écran que lors de faits divers sur leur commune ? Le rythme entêtant de l’actualité et son lot de violences, inondations, fermetures d’entreprises et autres feux de forêts pourraient nous le faire croire. Mais Gérard Poujade, réalisateur et maire de le Séquestre dans le Tarn n’était pas de cet avis. En collaboration avec le Groupe La Poste et l’AMRF, il vient de réaliser un documentaire permettant justement de « se donner un temps long pour comprendre qui sont les maires et comment ils en sont arrivés là ». Pour en savoir plus, Paroles d’élus s’est rendu à la première projection, ce mardi 28 mai. L’occasion pour nous de tendre notre micro au maire-réalisateur.

     

    Paroles d’élus : Vous êtes Maire, réalisateur, citoyen…Comment faut-il vous présenter ? Et d’où vient cette envie de prendre la caméra ?

    Gérard POUJADE : Je ne me présente jamais comme réalisateur. Je suis maire depuis 2001 et élu depuis 1989. Il y a trois ans, j’ai pris un coup de colère quand j’ai vu que, y compris dans ma commune de moins de 2000 habitants, les gens n’allaient pas voter pour des régionales ou des départementales. Traditionnellement, dans le monde rural, les gens participent beaucoup plus qu’ailleurs. Mais on avait une participation qui était comme au niveau national, n’atteignant pas 40 %. Je me suis dit : « Ce n’est pas possible. » J’avais imaginé un temps faire un bulletin municipal où je ne parlais que de ça, où en gros j’allais engueuler mes habitants : « Pourquoi vous n’êtes pas venus voter ? ».

    Au lieu de faire cela, je me suis dit que j’allais faire un film. J’ai donc interviewé 10 personnes de ma commune sur la politique, le COVID, les réseaux sociaux, le changement climatique, la mondialisation, etc., pour montrer à mes habitants que chacun individuellement savait parler politique. Comme je n’avais jamais fait ça, j’ai pris le temps d’acheter les bons logiciels, d’apprendre le montage, et j’ai fait un film. Ce premier film était destiné à être utilisé seulement dans ma salle municipale.

    Paroles d’élus : Mais cette première réalisation avait déjà eu un certain écho…

    Gérard POUJADE : Oui. Quelqu’un du monde du cinéma, un ancien producteur, l’a vu et m’a dit : « Ce truc, ça peut aller sur le grand écran. » J’ai dû en refaire un, et maintenant, je sais un peu mieux monter un film.

    Paroles d’élus : Aujoud’hui, vous projetez « Nos Maires ». Le titre est explicite mais quelle était votre idée ?

    Gérard POUJADE : L’an dernier, avec l’AMRF, j’ai participé au grand atelier des maires ruraux pour la transition écologique . Cette proposition m’a permis de rencontrer mes collègues élus et de prendre le temps de partager nos réalités du quotidien. Je me suis dit que tous ces parcours et tous ces témoignages était une richesse que nous ne mettions pas assez en avant. Les maires sont les inconnus du grand public et les élus les plus appréciés de leur population. Ils sont ceux vers qui tout le monde se tourne en cas de crises et en première ligne face aux désordres du monde.

    Mais leurs apparitions sur le petit écran se réduisent à des sempiternelles interviews devant une inondation, un feu de forêt ou un fait divers local. J’ai voulu leur donner un temps long pour comprendre qui ils sont, comment ils en sont arrivés là. Parler avec eux de l’intercommunalité, de l’actualité, de la désaffection des électeurs au moment des votes et de leur vie privée. Souvent intimes, les conversations entre les acteurs et le réalisateur rend les femmes et les hommes attachants et la fonction plus humaine.

    Paroles d’élus : Qui sont les maires présents dans votre film ?

    Gérard POUJADE : Mon idée était de montrer une image de ce que sont les élus. On dit souvent que les maires sont les élus que les gens aiment et connaissent le plus. Mais je me rends compte que les gens ne connaissent pas vraiment leurs motivations. J’ai donc filmé 12 maires (6 hommes et 6 femmes, un par région française métropolitaine) pour montrer pourquoi ils ont été élus et quelle est leur vie. Ils ne sont pas en écharpe, à une inauguration, en conseil municipal ou en train de travailler avec leur secrétaire. J’ai essayé de transcrire ça pour que les gens se fassent une autre idée de qui sont ces élus.

    Paroles d’élus : L’an dernier, le film « Les Petites Victoires » de Mélanie Auffret nous a fait découvrir la vie d’une jeune femme maire d’un petit village. Il s’agit d’une fiction basée sur le témoignage de plusieurs Maires engagés à l’AMRF. Pour votre film, il n’y a pas fiction. Vous avez opté pour une dimension documentaire. Pourquoi ce choix ?

    Gérard POUJADE : Je suis allé les voir en ayant envoyé le premier film pour montrer ce que je savais faire. Je voulais essayer de donner une image plus sensible. Un peu comme l’émission de télé « Strip-tease », avec des plans plus longs où on peut parler. Ils ont accepté, et je suis allé en tant que cinéaste mais aussi collègue. Entre deux maires, réalisateur ou maire, on se tutoie au bout de 30 secondes et on parle des sujets qui nous concernent. Le film montre bien je pense le quotidien des maires, leurs défis et leur dévouement. Les maires y sont authentiques, sans artifice, et ça reflète bien leur réalité.

    Paroles d’élus : Quel public souhaitez-vous toucher avec ce film  ?

    Gérard POUJADE : Aujourd’hui, c’est la première. L’objectif, avec nos partenariats, est que le film soit libre de droit pour que les maires, associations et autres puissent le diffuser. Initialement, c’était pour le grand public, mais je me rends compte qu’il touche aussi beaucoup les élus, près de 500 000 en France, et leur permet de se voir sous un autre angle. Lors des premières projections, un non-votant nous a dit qu’il voterait désormais pour les maires. C’est un outil citoyen et pédagogique.

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