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    Inclusion

    [Entretien ] À Marseille, 1000 ordinateurs distribués pour plus de 60 associations  

    A Marseille, c’est une gigantesque opération solidaire qui est en cours. Grâce au concours de l’opérateur Orange, 1000 ordinateurs sont en effet distribués à des associations engagées contre la fracture numérique. A terme, elles seront plus de 60 à être équipées. Pour en savoir un peu plus sur le dispositif et plus globalement sur les politiques d’inclusion menées à Marseille, Paroles d’élus a pu poser quelques questions à Laurent Lhardit, Adjoint au Maire en charge notamment de l’emploi, de l’ESS et du Numérique.

    Paroles d’élus : Qu’est ce qui fait la singularité de cette opération ?

    Laurent Lhardit :  La caractéristique principale de cette opération, c’est son impact massif. Au total, se sont en effet 1000 ordinateurs qui seront distribués à des associations de la ville de Marseille. Chaque association va ainsi recevoir entre 10 et 30 ordinateurs fixes selon ses besoins, fournis avec clavier et souris.

    Paroles d’élus : Comment ce partenariat a-t-il pu être monté ?

    LL :  La proposition vient d’Orange qui nous a proposé au printemps 2022 de monter un partenariat afin d’équiper nos associations. L’opérateur disposait d’un stock important composé d’ordinateurs attribués à la fin de l’année 2019 à ses salariés. Avec la crise du covid et les différents confinements, l’entreprise s’est adaptée et a dû distribuer rapidement des portables pour généraliser le télétravail. Avec Orange, la Mairie de Marseille a donc réfléchi ces derniers mois à l’élaboration d’un cadre permettant aux associations de solliciter l’attribution d’un ou de plusieurs ordinateurs.

    Paroles d’élus : Comment se déroule justement la distribution ? Toutes les associations sont-elles « éligibles » ?

    LL :  Le partenariat a été officialisé le 28 février dernier au sein des locaux de l’association Médiance 13, elle-même bénéficiaire de l’opération.Une première vague de distribution a déjà eu lieu. Elle a permis de distribuer 486 ordinateurs à 27 associations. Parmi les critères que nous avons retenus, il y a la lutte contre la précarité, l’exclusion, l’illettrisme et la médiation numérique. On trouve également des associations qui œuvrent dans l’accès à l’emploi. C’est une problématique sur laquelle se rejoignent beaucoup de structures implantées sur Marseille. Une deuxième vague va avoir lieu dans le courant de l’année. L’opération étant connue maintenant, nous sommes sollicités par des petites associations qui ont des besoins moindres. Nous traiterons leur besoin en fin de parcours je pense, avec un dernier lot.

    Paroles d’élus : À quoi vont servir concrètement ces équipements ?

    LL : Nous avons plusieurs cas de figure. Certaines associations avaient dans leurs tiroirs des projets d’inclusions mis en attente car la concrétisation de ces derniers nécessitait plusieurs milliers d’euros d’investissement. D’autres ont saisi cette opportunité pour rénover un parc informatique vieillissant. La destination principale de ces ordinateurs sera de permettre aux personnes pris en charge par ces associations, d’accéder au numérique via des ateliers ou des formations. Mais les associations ont aussi bien évidemment la possibilité de réserver un ordinateur pour leur propre administration. Dans tous les cas, l’accueil du monde associatif a été excellent. Les associations ont compris que cette opération était un vrai coup de pouce pour elles.

    Paroles d’élus : Marseille a été choisie il y a 2 ans pour participer au programme EudiGIT. De quoi s’agit-il ?

    LL : EUDIGIT est un programme européen qui vise à soutenir la lutte contre la fracture numérique subie par de nombreux citoyens européens. Loin d’être une spécificité française, on estime que 169 millions d’Européens n’ont pas les compétences de base en informatique.

    La ville de Marseille a été retenue comme tête de pont de ce dispositif avec une dizaine d’autres villes européennes. Un programme de rencontres réguliers nous a permis de partager nos expériences. C’était très riche comme le sont souvent les programmes européens lorsqu’ils sont basés sur les échanges. Nous y avons trouvé quelques bonnes idées sur la manière d’agir.

    La caractéristique de Marseille et qui a sans doute permis d’être sélectionnée, c’est son foisonnement. On le voit dans tout ce qui correspond à l’écosystème engagé pour faciliter l’accès à l’emploi. Depuis deux ans, nous avons identifié plus de 300 associations sur le territoire.

    Paroles d’élus :  Comme Adjoint au Maire de Marseille vous avez une délégation large allant de l’emploi à l’ESS en passant plus largement par le numérique. Comment tous ces domaines se recoupent-ils ?

    LL : Notre lutte contre la fracture numérique est sans doute l’exemple le plus significatif. C’est un sujet que nous intégrons dans toutes nos politiques, de façon transversale. Le sujet est traité aussi bien par les élus qui travaillent sur les questions sociales que moi qui travaille sur des questions économiques.

    Aujourd’hui, une des problématiques principales sur notre territoire, c’est l’accès à l’emploi. Nous avons en effet près de 90 000 chômeurs à Marseille et 25% de la jeunesse marseillaise se trouve exclue de toute possibilité d’imaginer accéder un jour à un emploi. Si l’emploi n’est pas une compétence de la ville, c’est une compétence dont nous nous saisissons bien volontiers parce que c’est un objectif de notre mandat. C’est en effet un des engagements que nous avons pris devant les Marseillais de traiter au mieux cette question.