[Podcast] Laval, Reine des data et de l’IA
Heureux de vous retrouver aujourd’hui pour un nouvel épisode de Vendredi ou la ville durable. Ce podcast, rappelons-le, part d’une idée très simple : pour construire des modes de vie plus durables, rien de mieux que de s’inspirer de ce qui fonctionne autour de nous. À chaque épisode, pendant un peu plus d’une heure, Paroles d’Élus vous propose de nous rendre ensemble dans une ville reconnue pour son engagement afin d’y rencontrer les nombreux acteurs locaux impliqués dans la réussite du territoire. Car oui, ce qui fait la force d’un territoire, c’est très souvent sa capacité à fédérer. Et comme vous allez très vite le découvrir dans ce 5e épisode, jouer collectif est une valeur forte en Mayenne. Alors, bref de bavardage, partons sans plus tarder pour Laval afin d’y parler VR, data et IA. En mars dernier, Paroles d’Élus s’était rendu à la 6e édition du West Data Festival où le maire de la ville, Florian Bercault, nous avait fait l’honneur de nous accueillir.
Paroles d’élus : Merci beaucoup, Monsieur le Maire, de nous consacrer un peu de temps. On est ici dans l’espace Mayenne. Première question : c’est un lieu de congrès, de festival. Qu’est-ce qui se passe en ce moment ici et quelle est la particularité de ce lieu ?
Florian Bercault : Oui, c’est un très beau lieu, porté par le Conseil départemental de la Mayenne. C’est un lieu à la fois sportif, puisque en Mayenne, on a quelques champions, notamment les matchs de futsal et de basket. C’est un lieu culturel pour des concerts, mais c’est aussi un lieu d’événements économiques, de festivals comme aujourd’hui le West Data Festival, le festival régional dédié à l’intelligence artificielle et aux technologies émergentes du numérique. Si on veut élargir le spectre, historiquement, on connaît Laval pour son avance sur la VR.
Paroles d’élus : Pourquoi ces deux festivals à deux mois d’écart ? Quelle est la stratégie derrière ?
Florian Bercault : La stratégie, c’est de se dire que dans les villes moyennes, finalement, c’est là où se fabriquent véritablement les produits nécessaires aux Français. Ces villes moyennes comme Laval sont des bastions industriels très importants : 25 % du PIB de l’agglomération lavalloise est industriel, avec l’automobile, l’agroalimentaire et tous les besoins autour du numérique. Donc, ce n’est pas un hasard si, d’un écosystème robuste industriel, d’innovation à la française, on peut faire émerger de nouvelles entreprises, de nouvelles solutions et être un laboratoire de réflexion sur ce que sera le monde de demain. C’est le fruit d’abord d’un tissu industriel et d’entrepreneurs conquérants prêts à l’export, et d’une volonté politique.
Il y a 25 ans, François Daubert, qui était à la fois maire et ministre de la Recherche, a eu l’intuition de spécialiser un territoire sur une technologie numérique émergente, la réalité virtuelle et augmentée. Cela avait du sens et pouvait apporter de la valeur ajoutée au territoire. Ce n’est pas aussi simple que ça. On ne décrète pas du jour au lendemain que Laval sera la Silicon Valley de la réalité virtuelle. C’est un combat parce qu’il faut tous les ingrédients : le tissu industriel, l’enseignement supérieur, les financements, les entreprises nouvelles. Pour cela, on s’appuie sur des outils comme les technopoles, Laval Technopole, qui organise le West Data Festival, et des associations comme Laval Virtual, qui porte le festival sur la réalité virtuelle et augmentée, et Clarté, des développeurs de solutions informatiques pour des entreprises privées ou des collectivités locales. Nous avons tous les outils pour nous développer et capter cette forte valeur ajoutée dans le monde du numérique.
Paroles d’élus : Depuis combien de temps Laval est-elle passée de cette idée à une référence nationale ?
Florian Bercault : Je dirais une bonne quinzaine d’années. Laval s’est érigée en place européenne sur cette niche de la réalité virtuelle et augmentée. Aujourd’hui, c’est le plus grand festival européen. Pendant plusieurs jours, nous accueillons des dizaines de milliers de personnes de quarante nationalités, et cela débouche sur des débats très techniques, pratiques, business, mais aussi sur l’usage de demain de ces technologies et l’éthique autour du monde numérique. L’innovation pour l’innovation ne sert à rien. Il faut que l’innovation soit au service du bien commun et des hommes, pas l’inverse. Il est essentiel de dompter cette technologie pour mieux vivre et relever les défis de la transition écologique.
Paroles d’élus : Comment impliquer la population dans ces changements technologiques ?
Florian Bercault : Les entreprises doivent prendre conscience que la compétitivité passe aussi par la compétitivité environnementale et numérique. C’est en innovant que nous restons forts face à nos compétiteurs américains ou chinois. Les entreprises sont les fers de lance de l’innovation. Derrière, les usagers, les citoyens et les collectivités doivent s’emparer de cette technologie pour mieux faire du service public. Cela nécessite un changement culturel, une culture du numérique à développer. Nous déployons des conseillers numériques pour ne laisser personne sur le bord du chemin, des outils informatiques pour les plateformes de votation et les budgets participatifs. Il est essentiel de permettre aux plus jeunes de développer des contenus pédagogiques grâce au numérique. Nous devons aussi lutter contre les écrans pour les jeunes enfants et prévenir l’impact négatif sur le cerveau. C’est aussi le rôle des politiques publiques et des citoyens d’alerter et de faire attention à l’usage du numérique.
Paroles d’élus : Vous avez évoqué différentes actions, depuis l’enseignement jusqu’au soutien aux entreprises. Cela implique des compétences et des niveaux de collectivité différents. Comment coordonner tout cela ?
Florian Bercault : À Laval, en Mayenne, nous avons un véritable esprit de coalition. Quand quelqu’un a une idée qui va dans le bon sens et au service du territoire, tout le monde se réunit, que ce soit entreprise ou collectivités, et nous construisons la solution ensemble. À l’échelle locale, nous pouvons être fiers des solutions que nous portons, comme le West Data Festival organisé par Laval Technopole, qui réunit autant de monde et d’intelligence. Les entrepreneurs de la mobilité connectée, par exemple, montrent que la suite est prometteuse avec eux. Nous sommes des territoires de progrès, et ensemble, nous pouvons reprendre en main notre destin national.
Paroles d’élus : Pouvez-vous nous présenter Laval Technopole ?
Florian Bercault : C’est une grande communauté d’entrepreneurs, de grandes entreprises adhérentes pour développer l’open innovation et l’entrepreneuriat, ainsi que de jeunes entreprises avec un programme d’incubation important. Nous éduquons à l’entrepreneuriat avec le programme Pépite, visant à inviter les jeunes à devenir des entrepreneurs. Laval Technopole capte des fonds européens pour développer des innovations dans l’agriculture ou la production d’énergie renouvelable. C’est un outil essentiel, une sentinelle du développement et de la culture de progrès sur notre territoire.