Google choisit Nancy, et ce n’est pas un hasard… ( 2ème partie)
Suite aujourd’hui de notre entretien avec Romain Pierronnet (@rpierronnet) en charge de l’éducation, des écoles et de la ville numérique. L’adjoint au Maire revient en détails pour nous sur la stratégie numérique et les actions menées par la ville de Nancy.
Paroles d’Elus – Nancy est-elle une ville dans laquelle on croise beaucoup d’acteurs du numérique ?
Romain Pierronnet – Sur le territoire, on trouve tout ce qu’il faut pour faire du numérique et beaucoup d’entreprises du secteur. Nous avons aussi la particularité d’avoir un vivier de futurs salariés par le biais notamment d’une population étudiante très forte et qui exprime le désir de rester dans leur ville après leurs études. Aujourd’hui, sur le territoire du grand Nancy, vous avez presque un étudiant sur 6 qui est étudiant. Ce qui fait en densité une des villes universitaires les plus importantes en France.
Parallèlement, on trouve aussi le plus gros laboratoire de recherche en informatique du quart Nord Est. Mais le numérique, ce n’est pas que l’informatique, et nous avons aussi tout un ensemble de filières qui gravitent autour de ce domaine y compris le management avec l’Institut du management et du digital. C’est cette richesse de l’écosystème qui nous a valu le label French Tech porté en commun avec Epinal, Metz et Thionville.
PE – Quelle est la stratégie numérique de Nancy ?
RP- La collectivité travaille autour de deux axes. Côté ville, le maire Laurent Hénart, a souhaité que la collectivité montre l’exemple et engage sa propre transformation digitale. On ne peut pas en effet se présenter comme une ville qui prône la transformation numérique et ne pas commencer par là. Cela s’est traduit par tout un travail de longue haleine, qui porte déjà des fruits, de manière très intéressante pour digitaliser le service public municipal.
Nous avons ainsi dématérialisé un certain nombre de démarches, en numérisant le courrier, ou via la signature électronique. Cela nous permet de répondre plus rapidement et de gagner du temps avec les usagers. Concrètement, nous avons par exemple gagné 10 jours dans le paiement de nos prestataires.
Etre exemplaire en matière de transformation digital, nécessite de porter un effort particulier sur le management. En effet, quand on met en place des outils numériques, cela veut dire aussi qu’il faut accompagner les agents non seulement pour qu’ils les utilisent mais surtout, qu’ils s’en emparent ; c’est-à-dire en apportant des propositions d’améliorations et de transformations de ces outils.
PE- L’enjeu est-il aussi financier ?
RP- Cette mue a aussi été facilitée et rendu possible par le fait que nous sommes très accès sur le logiciel libre. Les outils que nous utilisons à la ville de Nancy pour dématérialiser sont presque tous issus de la sphère du logiciel libre. L’intérêt, c’est que le financement ne porte pas sur la licence mais sur le déploiement de l’outil. C’est ce qui a fait, à mon avis, rétrospectivement, que cette démarche a pris au sein de la ville.
Le point de départ de cette réflexion a été la refonte du site web. Celui-ci a été lancé fin 2016, et parallèlement, nous avons mis en place une plateforme de démarches en ligne. Elle nous a permis de greffer la dématérialisation d’autres processus comme par exemple la gestion des courriers. Aujourd’hui, nous continuons encore à voir arriver des nouvelles fonctionnalités, rendues possibles par la mise en cohérence de notre système d’information. Et comme c’est du logiciel libre, c’est immédiatement mutualisable. Ainsi, si une autre ville de la métropole souhaite utiliser nos outils, elle peut le faire très facilement. Le coût encore une fois, ne sera pas l’acquisition de la licence mais la mise en place de l’outil en lui-même. On investit plus sur l’humain et moins sur l’achat de la licence en somme. Outre le gain en qualité de relation avec les administrés ce premier axe de l’e-administration a aussi un sens d’un point de vue budgétaire. Avec les baisses de dotations, la contrainte budgétaire nous a obligé à nous réinventer par et grâce à la dématérialisation. Cela nous a permis de récupérer des moyens en termes de pilotage et d’organisation de l’administration.
PE- Qu’en est-il du 2nd axe ?
RP- Le 2ème axe concerne l’inclusion. Pendant de nombreuses années, on a beaucoup parlé de la fracture numérique comme un manque d’accès au matériel. On se rend compte presque dix ans après, que le cœur du problème concerne davantage la maitrise des outils. A force de généraliser en parlant de génération X, Y ou Z ; l’erreur serait de penser que sous prétexte d’être né dans les années 90 ou au début des années 2000, on aurait une maîtrise innée et spontanée des outils techniques. Malheureusement, savoir mettre un post sur Instagram ou Snapchat, ne certifie pas que l’on a la réflexivité de l’usage de l’outil.
Aussi, notre obsession permanente, c’est de se demander comment on peut partager des compétences numériques avec l’ensemble de la population depuis les enfants jusqu’au sénior. Cela veut dire que dans nos EHPAD, on organise des activités pour aider les personnes âgées à s’approprier l’outil numérique et puis ça veut dire aussi que dès l’école élémentaires, nous accompagnons les enfants dans leur apprentissage du numérique. Nous avons ainsi mis en place des classes numériques mobiles via des mallettes que les enseignants peuvent utiliser quand ils en ont besoin pour faire une activité sur un sujet donné.
Grâce à la Fibre, les élèves pourront accéder à un espace numérique de travail à partir de septembre prochain pour leur permettre d’échanger des cours, des vidéos et des exercices.
Autre exemple, nous sommes l’une des premières collectivités à avoir proposé des cours de code pour les enfants dans le cadre des activités périscolaires via l’outil Scratch. L’idée n’est pas de former des futurs ingénieurs informaticiens mais de procurer à des enfants en école élémentaire une première occasion de réfléchir aux liens entre le comportement de la machine et le choix de l’humain qui code de telle ou telle façon.
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