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     EGRIP 2025 : Avec la convergence des réseaux, les collectivités veulent reprendre leur destin en main

    Depuis 14 ans, Deauville accueille les États généraux des RIP (EGRIP). La dernière édition, qui s’est tenue le 20 mars, a mis en lumière l’importance de la convergence des réseaux pour le développement de territoires intelligents et durables. Pour Paroles d’élus, Sébastien Côte, commissaire de l’événement, revient sur les principaux enseignements de cette journée riche en échanges.

    Paroles d’élus : Pourquoi avoir choisi la thématique de la convergence des réseaux pour l’édition 2025 des EGRIP ?

    Sébastien Côte : La convergence des réseaux est un sujet crucial. Elle va permettre de concrétiser le développement de territoires connectés et durables. C’est en fait l’aboutissement naturel du plan France Très Haut Débit.

    Au-delà de la connectivité, il s’agit maintenant de comprendre comment ces réseaux peuvent favoriser une transformation durable. La fibre n’est pas une fin en soi. Mais un moyen d’atteindre des objectifs de transition écologique et de développement durable. Concrètement, le numérique aide à mieux gérer les déplacements, les consommations d’eau et d’électricité, la sécurité publique, et à préserver les ressources environnementales et la biodiversité.

    Nous sommes dans la phase finale de ce déploiement. L’objectif est que ces réseaux structurés permettent de centraliser les données des autres réseaux sur des tableaux de bord pour les élus. Grâce au numérique, on peut surveiller des réseaux électriques, d’eau, de vidéoprotection, l’utilisation des routes, et même suivre des espèces ou analyser des sols.

    Par exemple, l’éclairage public rural représente 30 % de la facture énergétique. Des objets connectés peuvent optimiser cet éclairage. De même, le monitoring des bâtiments publics permet de détecter des anomalies, comme une fenêtre ouverte en hiver, évitant ainsi des gaspillages d’énergie.

    Autre exemple, les réseaux d’eau posent des défis de maintenance. Les objets connectés permettent un suivi constant de la qualité de l’eau, évitant ainsi des problèmes sanitaires.

    Ces technologies offrent une réactivité impressionnante. Avec des outils bas débit, on peut remonter des informations simples vers des tableaux de bord, permettant une prise de décision en temps réel. C’est pourquoi nous avons choisi le thème de la convergence des réseaux. Les réseaux numériques permettent le pilotage et la prise de décision.

    Paroles d’élus : Au programme de ces EGRIP, il y avait trois retours d’expérience. Qu’en retenez-vous ?

    Sébastien Côte : Ce qui m’a marqué, c’est la rapidité de mise en œuvre de ces projets et le fait qu’ils aient consommé peu de budget. Les intervenants ont présenté leurs initiatives de manière très concrète, rendant ces projets accessibles et réalisables.

    Les sujets abordés incluaient l’énergie, le télétravail, la gestion de l’eau, et le monitoring de la qualité de l’air. Le projet GEMINI du Havre-Seine Métropole, par exemple, est très vaste et est soutenu par des fonds européens. Il a été porté par un technicien qui a su convaincre les élus de son utilité et de sa faisabilité.

    Ce qui est intéressant, c’est que ce projet n’a rencontré aucune résistance politique. Cela montre qu’il y a une réelle volonté locale de reprendre en main le destin des territoires, en s’appuyant sur des solutions techniques efficaces et peu coûteuses.

    Paroles d’élus : D’une certaine façon, peut-on dire que cela remet en cause le fonctionnement jacobin de l’État ?

    Sébastien Côte : Si les projets avancent rapidement en tout cas, et que les élus s’y investissent, c’est parce qu’il n’y a pas encore de réglementation lourde. Les collectivités apprécient cette liberté. Elles veulent reprendre leur destin en main, notamment en reprenant en régie la gestion de l’eau. Elles craignent que l’État ne vienne réglementer et compliquer ce qui est aujourd’hui assez simple à mettre en œuvre et à exploiter.

    Lors des États généraux des RIP, nous avons d’ailleurs vu des tensions autour de la notion de « plus pertinent ». Les collectivités veulent éviter une réglementation qui imposerait des normes inadaptées à leurs spécificités locales. Elles préfèrent une approche où la confiance est de mise, plutôt qu’un contrôle tatillon qui augmente les coûts et les délais.

    Paroles d’élus : Quels ont été les autres faits marquants de cette journée ?

    Sébastien Côte : Deux points m’ont particulièrement marqué. D’abord, nous n’avons toujours pas trouvé le modèle économique pour la suite du chantier, notamment pour les 700 millions d’euros nécessaires aux raccordements complexes. Il n’y a pas encore de fonds dédiés, et cela reste un appel dans le désert sans la présence de parlementaires pour le soutenir.

    Ensuite, j’ai été agréablement surpris par la sérénité avec laquelle les collectivités abordent l’extinction du cuivre. Elles se sont préparées et sont prêtes à suivre Orange dans cette transition. Elles y voient une opportunité d’augmenter le taux de pénétration de la fibre. Le projet semble bien mené, avec une bonne concertation, ce qui devrait permettre une transition en douceur.

    Paroles d’élus : Un nouvel événement va voir le jour en 2025 avec la BOC. De quoi s’agit-il ?

    Sébastien Côte : Le plus important, c’est de regarder vers l’avenir. Les 4 et 5 juin prochains, nous serons à Granville pour la 1ère Biennale des Objets Connectés. C’est la suite logique du déploiement de ces technologies. Ces deux jours permettront de montrer comment nous pouvons appliquer ces technologies à la gestion des territoires. La France fait partie des premiers pays à vouloir intégrer ces technologies dans la gestion territoriale. Il faut en profiter tant que la porte est encore ouverte.

     

    Pour en savoir plus sur cette édition 2025 des EGRIP, c’est par ici.