Aux vœux de l’ADF, on aime « l’État qui ne s’occupe pas de tout »
Haute-Loire, Vendée, Côte d’Or, Creuse ou encore l’Allier, pour n’en citer que quelques-uns… Les Présidentes et Présidents des 103 départements de France ( ADF) nous ont donné rendez-vous ce mercredi 17 janvier dans le très bel Hôtel de Choiseul-Praslin. C’est en effet dans ce lieu d’Histoire, siège de la Banque Postale que tous les partenaires de l’Assemblée des Départements de France étaient conviés pour les vœux de début d’année. Si la joie de se retrouver était palpable, François Sauvadet, son Président, n’a pu cacher son inquiétude quant à la situation financière des collectivités.
Une présence nombreuse
Des départements asphyxiés financièrement mais qui ne baissent pas les bras. Cette phrase pourrait résumer à elle seule, l’état d’esprit des collectivités. Et pour le Président de l’association des élus départementaux, « la présence nombreuse ce soir est un signe de notre détermination commune. Elle marque notre volonté de témoigner de ce que nous vivons ensemble sur le terrain ».
« De l’humain en face de nos compatriotes »
François Sauvadet l’a d’ailleurs martelé à plusieurs reprises durant son discours : « Les départements sont le dernier service public de proximité. Nous apportons des services jusqu’au derniers mètres ». Et celui qui est aussi Président du département de Côte D’Or de donner l’exemple de plusieurs projets structurants : « Le THD, c’est nous qui l’avons porté, mais aussi l’accès pour tous à la santé. Il en est de même de la culture et de l’éducation avec nos collèges. Nous mettons de l’humain en face de nos compatriotes ».
Pour l’ADF, « La France n’a plus le temps »
En présence de Christophe Béchu, Ministre en charge de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, François Sauvadet l’assure. Face aux grands défis, « non seulement, on ne répond pas aux problèmes mais surtout la France n’a plus le temps de remettre à demain. Nous devons avoir des réponses rapides ». La prise en charge du vieillissement de la population est un exemple parmi d’autres. Qui peut croire, a-t-il déclaré, que nous pourrons «absorber la vague de papyboom qui est devant nous ? Notre pays connaît les projections mais nous attendons toujours un grand plan, à la hauteur et qui soit financé ».
Un rendez-vous manqué ?
2024 sera-t-il enfin le grand soir tant attendu d’un nouvel acte de la décentralisation ? Tout laisse à penser en tout cas que trop d’années ont passé depuis le lancement de la démarche Territoires Unies à Marseille en 2018, pour y croire encore. Cette action, menée rappelons-le de front par l’ADF, l’AMF et Régions de France avait initialement pour but de porter cette demande d’une seule voix.
Missions régaliennes de l’État
Ne passant par quatre chemins, l’élu costalorien a profité de ces vœux pour rappeler que dans l’Association « On aime l’État qui ne s’occupe pas de tout ». Mais dire cela n’est pas une déclaration d’indépendance. C’est, comme l’a précisé le Président, « au contraire souhaiter que l’État se renforce sur ses missions régaliennes ».
Des Départements menacés de mort par asphyxie
Évoquant ensuite les difficultés financières des collectivités membres et alors que « nos départements sont menacés de mort par asphyxie », François Sauvadet a fait « le vœu en 2024, de pouvoir continuer d’agir, en continuant à jouer collectif et solidaire (…) Dans histoire récente, les départements ont souvent été touchés mais jamais coulés ».
« Pas une feuille du mille-feuilles administratif »
Puis, s’adressant peut-être plus particulièrement au Député de l’Oise, Eric Woerth, qui mène depuis peu une mission sur la décentralisation, François Sauvadet prévient. Le département n’est pas une strate comme les autres. Ce n’est pas une feuille du mille-feuilles administratif (…) Notre objectif est toujours de mieux agir pour les Français (mais) nous souffrons des normes, des craquants normatifs (…) Et le gigantisme des régions a accéléré les choses ».
« Le socle d’airain de notre démocratie »
Pour l’élu, 40 ans après la Loi Defferre sur la décentralisation, on constate que le « Projet fondateur est dévoyé (…) Où est par exemple la Liberté sans capacité de collecter l’impôt. On a voulu faire croire qu’en faisant grand, on gérerait mieux et qu’un territoire décrété serait mieux qu’un territoire vécu. C’est en réalité une menace profonde pour démocratie française. Et nous l’avons vu lors des différentes crises récentes, les départements avec les communes, sont le socle d’airain de notre démocratie ».
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