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    Femmes de terrain Les podcasts

    Femmes de Terrain avec… Dalila ZANE, Sous-Préfète de Briançon

    Bonjour à tous ! Une fois n’est pas coutume, pour ce nouvel épisode de votre podcast Femme de terrain, nous n’avons pas rendez-vous avec une élue, mais avec une sous-préfète. En effet, nous partons dans les Hautes-Alpes, et plus précisément à Briançon, pour y rencontrer Madame Dalila Zan. Ce n’est pas du côté préfectoral, mais du côté de la justice que Madame la sous-préfète a débuté sa carrière, comme avocate au barreau de Clermont-Ferrand, avant d’être nommée, le 21 octobre 2022, à Briançon. Pour en savoir plus sur ce parcours à la fois hors norme et de terrain, et le sens du service de l’État qui l’anime, partons sans plus tarder vers la plus haute ville d’Europe, à seulement 15 km de la frontière italienne.

    Paroles d’élus : Pour en savoir un petit peu plus sur votre parcours, pouvez-vous tout d’abord vous présenter et nous en dire un peu plus sur votre parcours ?

    Dalila Zane : Je suis juriste de formation, j’ai fait toutes mes études à Clermont-Ferrand, dont je suis originaire. Mes premiers amours professionnels étaient à destination de l’avocature. L’histoire familiale raconte, mais je m’en souviens un peu, puisque j’avais 7 ans, que nous regardions un film en famille, et dans ce film, il y avait un avocat. Du haut de mes 7 ans, j’ai dit : « Bah, plus tard, j’ai envie d’être avocat. » Alors, je ne connaissais pas du tout ce milieu, puisque mon papa était ouvrier chez Michelin et ma maman mère au foyer. Donc, je ne connaissais pas du tout le monde judiciaire. En tout cas, cela a guidé la petite fille que j’étais, puis l’adolescente et la jeune femme que je suis devenue dans l’orientation de mes études. Heureusement pour moi, lorsque j’ai eu mon bac général et que j’ai intégré la fac de droit, le droit m’a plu.

    J’ai vraiment passionnément exercé cette fonction d’avocat, et vraiment, je suis une amoureuse du judiciaire. Pour des raisons personnelles, j’ai bifurqué dans la magistrature, et j’ai vraiment aussi adoré ces fonctions, puisqu’on est toujours dans les tribunaux. À l’occasion d’une formation continue proposée pour la première fois aux magistrats judiciaires, c’est-à-dire le cycle des hautes études de service public, j’ai candidaté à cette formation et j’ai été retenue. Sur 120 auditeurs, nous étions une dizaine de magistrats de l’ordre judiciaire. C’était toute la haute fonction publique : des préfets, des directeurs d’hôpitaux, des ambassadeurs… Enfin, toute la haute fonction publique. À travers cette formation extrêmement riche et prenante (3 jours par mois sur 12 mois, avec des stages, notamment en sous-préfecture du Havre), cela m’a ouvert tous les champs des possibles.

    Paroles d’élus : Est-ce que vous diriez que l’idée de servir l’État et ce sens du service sont des choses qui n’ont pas changé en 2024 ?

    Dalila Zane : Oui, tout à fait. Comme vous le savez, les avocats sont aussi auxiliaires de justice et ont une mission de service public, notamment en assurant la défense des personnes moins argentées, qui n’ont pas forcément le choix de leur défenseur. Cela se fait au travers des commissions d’office et de l’aide juridictionnelle. Effectivement, je suis animée depuis toujours d’un grand sens du service public, qui a pu s’épanouir sur les deux dernières professions que j’ai occupées. La magistrature ramène à l’ordre social, et la sous-préfecture intervient à plusieurs égards. L’ordre public est au cœur de nos préoccupations pour assurer la sérénité de nos concitoyens. Donc oui, j’ai un grand sens du service public et je suis très contente de servir l’État.

    Paroles d’élus : Avez-vous eu dans votre parcours des modèles, féminins ou masculins, qui vous ont poussé à aller toujours plus haut ?

    Dalila Zane : La première personne qui me vient à l’esprit est mon prof d’histoire-géo au collège à Clermont-Ferrand. Lors d’une rencontre parents-prof, il avait dit à mes parents : « Dalila, c’est la gloire de mes vieux jours. » J’aimais beaucoup sa matière et j’étais plutôt en réussite. Au fil de mon parcours, j’ai eu d’autres rencontres marquantes. Par exemple, au Forum des Métiers à Clermont-Ferrand, j’ai rencontré un avocat, ancien bâtonnier, qui était aussi mon enseignant en première année de droit de la famille. Après avoir prêté serment au barreau de Clermont-Ferrand, je l’ai retrouvé, et nous avons gardé un lien. Nous nous rencontrions au moins une fois par an autour d’un déjeuner pour échanger sur la profession. J’ai eu plein de rencontres, certaines positives, d’autres moins, qui m’ont forgée. On grandit des rencontres que l’on fait, positives ou négatives. Cela fait la personnalité que vous avez.

    Paroles d’élus : Votre parcours, de l’avocature à la préfecture, est-il de plus en plus courant et encouragé au niveau de l’État ?

    Dalila Zane : Ces parcours sont encouragés. Vous avez vu les réformes concernant l’ENA, l’INSP, et la suppression du corps préfectoral (mais pas des fonctions). Il y a une volonté de mixité dans la haute fonction publique avec des parcours variés. La haute fonction publique doit avoir un parcours diversifié, pas une carrière toute tracée dans un même corps. Les sous-préfets ont toujours connu une certaine mixité professionnelle. Concernant les femmes, on constate une mixité avec 46 % de femmes primo-nommées dans le corps des sous-préfets.

    Paroles d’élus : Comment se concrétise au quotidien le couple préfet-maire ?

    Dalila Zane : J’ai la chance d’être dans un arrondissement magnifique avec beaucoup de petites communes. Qui dit petites communes dit peu de moyens en ingénierie et en personnel. C’est valorisant de pouvoir accompagner les maires à tous les stades de leurs projets, à la fois pour les faire émerger, les accompagner juridiquement, etc. Nous travaillons sur des sujets comme le manque de personnel de santé ou l’attractivité des territoires. Cela peut concerner aussi la saisonnalité, l’adaptation des stations de ski de moyenne altitude avec le changement climatique. Le couple préfet-élu existe, et nous travaillons avec tous les porteurs de projets : entreprises, associations, particuliers. Avant d’exercer ces fonctions, je n’avais pas mesuré à quel point le sous-préfet est au cœur de toutes les politiques publiques.

    Paroles d’élus : Avec l’accélération de la dématérialisation, il y a un enjeu de proximité entre service de l’État et population, et de lutte contre la fracture numérique. Comment cela se traduit-il dans votre département ?

    Dalila Zane : Nous devons tous être très attentifs. Les France Services ont été développés pour permettre un renseignement de proximité pour tous nos concitoyens. Et pour leur permettre d’avoir accès à la multitude des administrations existantes. Les personnes sont accompagnées, qu’elles soient dotées de matériel informatique ou pas. Des accompagnements numériques pour permettre à chacun d’accomplir ses démarches. De nombreuses démarches sont dématérialisées, ce qui peut être un atout pour certains, mais un frein pour d’autres. Nous veillons à garder le contact avec ceux qui pourraient renoncer à leurs droits faute de moyens. Nous sommes aidés par les collectivités publiques pour mettre en place des accès au numérique. C’est un souci permanent de permettre l’effectivité des droits pour chacun. L’informatique peut être bloquante, donc nous devons veiller à ce que tout le monde puisse avoir accès à ses droits.