COVID-19 ] Des départements lancent des plateformes de solidarité et d’entraide (2ème partie)
Depuis le lundi 11 mai, les français retrouvent progressivement un peu de liberté après plus de 50 jours passés en confinement. Durant ces deux mois, de nombreux témoignages d’entraide ont vu le jour. Afin de mieux coordonner les bonnes volontés, plusieurs départements ont profité des possibilités offertes par le numérique pour mettre en place des plateformes d’entraide. Après les Hautes Pyrénées la semaine dernière, direction aujourd’hui le département de l’Orne avec Orne entraidons-nous . Pour en savoir plus, Paroles d’Elus a pu poser quelques questions à Christophe De Balorre, Président du Conseil Départemental de l’Orne.
Paroles d’élus – Pourquoi avoir créé une plateforme de mise en relation entre voisins dans ce contexte de confinement ?
Christophe De Balorre – Le Département a lancé le 3 avril dernier, une nouvelle plateforme solidaire baptisée « Orne Entraidons-nous ». Elle est à disposition gratuitement, de l’ensemble des Ornaises et Ornais, avec pour objectif de favoriser l’entraide entre tous les habitants du territoire. En effet, la période de confinement que nous avons vécue et qui, rappelons-le, n’est pas encore terminée, est particulièrement compliquée du fait de l’isolement imposé. Cette plateforme d’entraide touche à tous les sujets et à toutes les difficultés que les uns et les autres peuvent rencontrer ; comme par exemple l’aide aux courses de premières nécessités, le dépannage informatique, le dépannage administratif, mais aussi plus largement, aller chercher des médicaments, faire le jardin ou même sortir un animal de compagnie. Certains volontaires ont aussi proposé leur aide pour appeler et échanger régulièrement avec des personnes isolés.
Autre point, la plateforme a permis de coordonner le don de masques. Nous avons pu constater un très gros succès dans notre Département de la fabrication de masques en tissu, réutilisables. Cette plateforme vise à créer du lien social dans différents domaines.
PDE – A-t-elle vocation à continuer après le confinement ?
CDB – Oui, cette plateforme ne s’est pas arrêtée de fonctionner le 11 mai dernier. Elle rencontre un grand succès puisque plus de 350 Ornais ont offert leur aide dans différentes démarches. Ceux qui ont besoin d’être aidés n’hésitent pas à l’utiliser pour obtenir par exemple un masque en tissu ou même du soutien pédagogique en ligne.
On s’aperçoit aussi que la population s’approprie cet outil pour des usages que nous n’avions pas imaginés comme par exemple pour apporter du soutien scolaire. C’est une très bonne chose et on va continuer à l’utiliser. Le Département, vu et vécu comme l’entité de proximité des solidarités, continue par l’outil numérique à afficher ainsi une volonté dans le domaine de l’entraide entre les habitants.
PDE – Celle-ci est-elle reliée à l’application Orne dans ma poche ?
CDB – En effet, Orne entraidons-nous a été imaginée en complément de notre application. Elle peut ainsi s’additionner à cette dernière. Très concrètement, il est possible d’accéder à cette plateforme de solidarité soit tout d’abord via le site internet du Conseil Départemental, soit sur un smartphone, à travers l’application multifonction du Département, Orne dans ma poche. Celle-ci a depuis longtemps été « adoptée » par la population. Elle permet aux Ornais d’accéder à de multiples services selon les points d’intérêts de l’utilisateur, que ce soit les restaurants, les cinémas, les lieux culturels et de loisirs mais aussi des informations pratiques tel l’agenda des événements culturels et sportifs du département et ce, quel que soit l’endroit où l’on se trouve dans le département.
PDE – Comment fonctionne concrètement la plateforme d’entraide ?
CDB – Nous avons voulu que l’usage de cette plateforme soit le plus simple possible. Toute personne peut poster un message afin de proposer un service mais aussi pour demander de l’aide. Tout le monde peut à un moment avoir besoin d’un coup de main, même les plus valides. Je sais par exemple que des pompiers, des médecins et des infirmiers, ont eu besoin et ont recours à cette plateforme, de par leur mobilisation sur le terrain.
Une fois que l’on est connecté, il suffit de choisir entre les deux onglets « j’ai besoin d’aide » ou « je propose de l’aide ». Grâce à la géolocalisation, vous êtes mis en relation avec des personnes vivant proche de chez vous et qui se sont préalablement manifestées pour apporter leur aide.
PDE – Pensez-vous que cette crise sanitaire va contribuer à accélérer fortement la transformation numérique du pays ?
CDB – La population, de façon générale, a été extrêmement frappée par l’ampleur de ce qui s’est passé. Jamais quelqu’un n’aurait pu imaginer une telle situation, pas même quinze jours avant le début du confinement. Cette crise sanitaire s’est d’ailleurs installée de façon durable. Difficile en effet aujourd’hui d’imaginer que demain recommence comme hier. Il y aura forcément des enseignements à tirer de ce passage. D’abord à l’échelle de notre pays sur la question de l’autonomie des produits pharmaceutiques et des équipements sanitaires. Et puis, vraisemblablement sur notre mode de vie.
Ce n’est pas la première fois que la solidarité nationale se manifeste dans des circonstances difficile mais cette fois-ci, on peut quand même penser que le vent du boulet nous est passé tout prêt et qu’il aura comme conséquence de modifier notre façon de faire.
Si l’on prend la question du numérique par exemple, on voit bien que le développement du télétravail, des visioconférences, vont amener de nouvelles façons de travailler plus respectueuses de l’environnement. Elles modifient en tout cas notre quotidien et sont les premiers signes visibles d’une évolution de la société. Cette dernière, je pense, va continuer et va incontestablement s’accentuer.