[Congrès Villes de France] « Industrie, culture et solidarité font l’ADN du Creusot » (1ère partie)
À quelques jours des retrouvailles pour les collectivités membres de l’association Villes de France, Paroles d’élus a pu poser quelques questions au Maire de la ville hôte, David Marti. Choisir le Creusot pour accueillir un congrès consacré en grande partie aux leviers de la réindustrialisation n’est bien évidemment pas anodin. En effet, connue mondialement pour la présence historique de différents grands groupes industriels, elle possède de nombreux atouts que l’élu a accepté de nous faire découvrir.
Paroles d’élus : Qu’est-ce qui fait la singularité du Creusot ?
David Marti : Le Creusot est une ville dite « moyenne », d’environ 22 000 habitants, située en Bourgogne du Sud, entre « Vignes et Morvan ». Industrie, culture et solidarité font l’ADN de notre territoire. Nous sommes par exemple le premier pôle industriel entre Paris et Lyon et le deuxième pôle universitaire de Bourgogne. Depuis ses origines, notre ville est pleinement associée à l’innovation industrielle. Cette caractéristique n’a pas échappé aux grandes entreprises industrielles. On retrouve en effet ici les plus grands groupes mondiaux actuels comme Alstom, ArcelorMittal, Framatome, Safran ou encore General Electric.
Ces grands groupes se développent ici sur des niches technologiques. C’est un point important qui fait aussi notre particularité. Ici, il n’y a pas de production de masse mais de la production à très forte valeur ajoutée. C’est un atout précieux qui nous a permis, au-delà des crises industrielles successives, de nous reconstruire et de rester un pôle extrêmement fort au niveau national.
Paroles d’élus : L’idée de réindustrialiser la France est régulièrement au coeur des prises de paroles gouvernementales. Quel est votre regard, vous qui êtes élu d’un territoire où l’industrie est particulièrement vivante, sur ces différentes annonces ?
David Marti : Bien évidemment, la réindustrialisation est nécessaire pour un pays comme la France. Précisons d’ailleurs qu’au niveau national, le sujet est relativement récent.
La dernière grande crise financière s’est traduite par une crise économique. Il a fallu ce choc pour réaliser collectivement l’importance d’avoir une industrie solide. L’État s’est alors rendu compte que pour garder son statut de « grand » pays, il devait produire sur son territoire. Malheureusement, ce réveil intervient après plus de vingt ans de fermetures d’entreprises.
Personnellement, je ne peux donc qu’adhérer à ce qui a été fait par les gouvernements successifs, pour remettent l’industrie au cœur de notre pays. Il faut garder en tête que la France aujourd’hui a pris beaucoup de retard. D’autres pays européens comme l’Italie ou l’Allemagne, ont une longueur d’avance sur nous. Ce réveil doit passer par des plans d’envergures. Au-delà de la volonté, il faut y mettre des moyens importants.
Paroles d’élus : Faut-il pour autant chercher à retrouver l’industrie d’antan ?
David Marti : Bien évidemment que non. La production, telle qu’on l’imagine aujourd’hui, ne peut pas être celle d’il y a encore 30, 40 ou 50 ans. Il faut prendre en compte les autres enjeux de notre époque. Elle doit être sans commune mesure beaucoup plus verte et décarbonnée afin de préserver le climat. C’est d’ailleurs une autre particularité du Creusot. Bon nombre d’entreprises présentes utilisent une énergie plus « propre » ; nucléaire, hydrogène ou encore électrique.
Paroles d’élus : Mais est-ce vraiment à l’État et aux collectivités d’investir pour des multinationales ?
David Marti : L’industrie tout d’abord, est multiple. Il y a des grands groupes mais aussi une multitude de sous-traitants. Et oui, ces investissements doivent venir à la fois du public mais aussi du privé. Je défends toujours ce modèle public-privé parce qu’il a fait ses preuves ici au Creusot. Ces investissements doivent concerner en priorité les réseaux ; ferroviaire, routier, d’eau brut (indispensable pour l’industrie) mais aussi bien évidemment le numérique. Les réseaux sont fondamentaux pour le développement de l’industrie. Quand le montage est bien fait, le retour sur investissement est réel. Nous avons pu le constater ici.
Paroles d’élus : Avez-vous également investi dans la formation ?
David Marti : Oui, c’est tout simplement indispensable. On ne peut pas concevoir une industrie sans imaginer les outils de formation. Cette brique doit, dès le départ, être au cœur du projet industriel. Au Creusot, nous avons imaginé une formation complétement tournée et adaptée aux besoins des entreprises. Nous allons par exemple avec l’Union des industries et métiers de la métallurgie (IUMM) créer un centre de formation. Nous travaillons aussi main dans la main avec l’Université et avec des écoles d’ingénieurs présentes ici afin de créer et de consolider des filières d’excellences. L’objectif est d’offrir des cycles de formation complets. Autre exemple, nous soutenons des masters internationaux en bio et en robotique.