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    Les entretiens

    « C’est en testant que les collectivités auront une idée de la valeur et des risques que posent l’IA »…Questions à Mick Levy

    Dans les allées du dernier Forum des Interconnectés qui s’est tenu à Marseille début avril, nous avons pu rencontrer Mick Levy, Directeur de l’Innovation Business chez Orange et auteur de « Sortez vos données du frigo » publié chez Dunod. L’occasion pour Paroles d’élus d’en savoir plus sur les opportunités et les défis de l’IA pour les collectivités.

    Paroles d’élus : Rares sont les congrès d’élus dans lesquels il n’est pas question d’IA aujourd’hui. A vos yeux, quels sont les principaux enjeux pour les collectivités ?

    Mick Levy : Les collectivités ont énormément de valeur à créer avec l’IA. L’Intelligence artificielle va offrir aux collectivités territoriales un levier puissant pour améliorer leurs services et répondre aux besoins de leurs citoyens de manière plus efficace et personnalisée.

    Mais il faut y aller en prudence et dans le respect des questions d’éthique, de souveraineté, de protection des données et de sécurité. C’est tout l’enjeu pour les collectivités.

    Paroles d’élus : Est-on encore dans de le domaine de la prospective ou au contraire, l’IA a déjà fait ses preuves dans l’organisation de certaines collectivités ?

    Mick Levy : Sur le côté de la pièce autour de la valeur, il y a bien évidemment encore beaucoup à faire. Mais les cas d’usages concrets se multiplient très rapidement. On a déjà travaillé par exemple sur des projets pour l’optimisation des déchets, pour la réduction de l’empreinte énergétique de grands bâtiments ou de grands espaces au sein des collectivités, sur une meilleure gestion des flux de population. Il y a déjà beaucoup à faire finalement pour créer de la valeur. On peut créer aussi des chatbots ou des callbots pour répondre aux questions des citoyens, les aiguiller vers les meilleures démarches.

    Paroles d’élus : Concrètement, et pour reprendre votre expression, comment avancer « avec prudence » ?

    Mick Levy : C’est en effet l’autre côté de la face, celle des enjeux de sécurité et des enjeux de souveraineté. Pour permettre aux collectivités d’innover sans se mettre en danger, nous avons créé par exemple chez Orange, des plateformes dédiées et sécurisées qui leur permettent une exploitation des données dans un cadre de confiance. Cette plateforme s’appelle Hexadone.

    Autre exemple, nous proposons une solution permettant d’utiliser une IA afin de développer ses propres cas d’usages en IA générative, là encore sur une plateforme de confiance. Cette intelligence artificielle a été créée en France par une start-up qui s’appelle LightOn et avec laquelle nous sommes partenaires.

    Concrètement, nous pouvons accompagner les collectivités de bout en bout et nous sommes le seul acteur en France à pouvoir le faire. Nous avons à la fois sur les capacités de calcul, l’infrastructure, et donc aussi un grand modèle d’IA qui va être à la base du développement de cas d’usage qui sont dédiés à chaque collectivité.

    Paroles d’élus : Les champs de développement sont donc quasi-infinis. Pour autant, les collectivités ont-elles la maturité et l’organisation interne idoine pour se lancer dans ces projets ?

    Mick Levy : En effet, le champ des possibles est très vaste. On peut accompagner les collectivités sur la culture, sur de la formation, sur l’idéation, sur la réalisation de projets, sur l’intégration de ces projets dans les processus, dans le fonctionnement de la collectivité et de ses services…La maturité tarde à venir et c’est normal. Aujourd’hui, nous sommes encore dans l’ère du test.

    Et c’est une phase essentielle. Il ne faut pas que les collectivités restent dans un rôle d’observateur distant. Il est nécessaire au contraire qu’elles entrent rapidement dans cette phase où elles pourront tester. Pourquoi ? Parce que c’est comme cela qu’elles se feront une idée de la valeur mais aussi des risques que posent les IA. Elles pourront ainsi déterminer les

    « bons endroits » où elles voudrons pouvoir exploiter l’IA. Il faut le faire par une exploitation concrète, par le fait de réaliser des maquettes, des épreuves, des petits projets, des pilotes, éventuellement des mises en production, des généralisations, mais dans un cadre à chaque fois maîtrisé. En résumé, l’enjeu est d’avancer de façon empirique dans un cadre sécurisé.

    Par ces premières expérimentations, on va apprendre et on va gagner en maturité, pouvoir ensuite viser des cas qui passeront réellement à l’échelle, qui est la marque du siècle.

    Paroles d’élus : L’IA va-t-elle permettre aux collectivités de concrétiser les possibilités pressenties quelques années plus tôt avec l’émergence de l’IoT ?

    Mick Levy : Ce qui est fabuleux, c’est de regarder toutes les sources de données dont on dispose maintenant d’une collectivité. Et c’est vrai qu’avec tous les élans de la Smart City, avec le déploiement de capteurs dans la ville, on dispose de données qui sont extrêmement solides, fiables et qui viennent documenter plein d’éléments du fonctionnement de la ville. Et on va pouvoir effectivement se reposer sur ces données-là, provenant des capteurs, provenant de l’internet des objets, pour permettre de développer des services IA qui sont véritablement efficaces et qui créent de la valeur pour la collectivité.