Développement numérique des territoires
Interview de Pierre Louette, Directeur général délégué Orange
Quelle est la démarche d’Orange auprès de ses partenaires ?
La démarche d’Orange est constante depuis douze ans. Nous voulons être au plus près des réalisations de nos partenaires et donner à les voir. Plus de 1000 projets ont été mis en avant, d’abord dans les ouvrages papier et puis maintenant dans un ouvrage numérique qui est parfaitement adapté aux enjeux numériques de transformation de notre pays et de nos collectivités. Je crois que c’est au bénéfice des deux parties. Bien sûr Orange montre qu’il accompagne les collectivités. De leur côté, elles peuvent ainsi montrer ce qu’elles font de plus moderne pour nos concitoyens.
Comment Orange accompagne-t-il le développement du numérique sur le territoire ?
Ces dernières années, il est apparu une forme d’impatience sur la rapidité de déploiement du numérique. Aujourd’hui, tout le monde reconnaît qu’elle est légitime. Tout le monde a envie de numérique et au delà de l’envie, a besoin du numérique, ce n’est pas un caprice. Au fur et à mesure que le numérique se déploie, on sait ce qui se passe chez les autres et c’est d’autant plus douloureux quand on n’a pas soi-même un bon accès. Cette impatience est croissante. Orange fait tout ce qu’il peut pour répondre à ces enjeux. Nous avons déjà engagé plusieurs milliards d’euros dans le déploiement de la fibre et dans les trois prochaines années, c’est à nouveau 4 milliards d’euros qui seront investis. Ce sont donc des niveaux d’investissements énormes et qui représentent entre 16 et 17% de notre chiffre d’affaires. Pour accroître ces efforts, nous avons lancé un programme qui s’appelle Orange Territoires Connectés. Orange est le seul opérateur à avoir fait cela. D’ici le mois de juin 2017, 5 millions de personnes supplémentaires, vivants dans le monde rural, pourront profiter des services numériques fixes ou mobiles.
Au delà des territoires ruraux, comment Orange accompagne-t-il les collectivités à devenir plus “smart” ?
Les exemples concrets sont nombreux. Nous avons développé des applications comme “ma ville dans ma poche”. Elles sont déjà accessibles dans une douzaine de villes en France. A Troyes, nous avons développé le “Smart Parking” pour optimiser la rotation des places de stationnement.
Nous proposons également des outils de gestion des flottes de véhicules. Et comme à chaque fois, un lien est fait entre la capacité à transporter de la donnée et celle de l’optimiser. Orange applique cela à des cas d’usages très concrets dans les villes. On contribue à rendre les villes plus agréables pour leurs habitants, plus économiques en énergie. C’est un service très concret.
Orange facilite donc les échanges entre leurs élus et leurs citoyens ?
De plus en plus, nos élus savent qu’ils sont aussi jugés sur l’attrait de leurs collectivités. A-t-on envie de s’y installer? Est-ce-que le centre-ville est vivant et animé? Est-ce que nos écoles sont connectées? Voilà toutes les questions et les attentes de nos concitoyens.
Le Big Data est-il complexe à gérer ?
C’est forcément complexe et en même temps c’est un enjeu majeur pour nous. Pour vous donner un exemple, dans l’activité de gestion de l’approvisionnement (supply chain), on introduit maintenant des ingénieurs spécialisés dans le Big Data. Ils peuvent optimiser les cas présents en analysant tous les cas passés. C’est un exemple de service qui peut être proposé aux collectivités. Elles aussi ont des approvisionnements, qui passent par des marchés publics. Elles ont besoin d’avoir des données qui sont à la fois compactées, analysées et éditées pour elles de façon utile.
Avec tout cela, vous êtes au cœur de la créativité, notamment comme partenaire de start-up, comment Orange sélectionne-t-il les jeunes pousses qu’il souhaite accompagner ?
On a beaucoup de chercheurs et de développeurs et on investit chaque année autour de 750 millions d’euros dans la recherche et développement. Cela fait partie des valeurs propres à Orange. Nous avons cherché à développer cette tradition et à la moderniser. Notre groupe propose aux entrepreneurs de bénéficier de tout le travail fait par nos accélérateurs. Nous en avons une dizaine. Ils reçoivent des start up et les mettent dans des situations d’échanges avec nos chercheurs, marketeurs et ingénieurs. Et puis certaines d’entre elles sont financées. C’est le travail d’Orange Digital Ventures. Une douzaine de start up ont ainsi pu être accompagnées. Parallèlement, il existe aussi un autre volet, qui consiste à acquérir des sociétés déjà développées, comme par exemple Dailymotion ou Deezer. Notre objectif est d’accompagner 500 start up d’ici 2020. Ces start up peuvent venir de l’ensemble du territoire.
Cela veut dire que les territoires vous amènent certaines start up ?
La French Tech n’a pas vocation à n’être qu’un outil pour trouver des financements étrangers ou pour inciter à s’exporter. C’est bien évidemment un de ces aspects mais nous, nous voulons travailler avec ce que l’on pourrait appeler la “Rural Tech”.
Orange fait-il aussi une part belle aux objets connectés ?
Ces objets sont de plus en plus présents dans nos boutiques. Ils concernent la domotique, la sécurité, la santé. C’est l’occasion d’apporter de la technologie par des cas d’usages très concrets dans tous les territoires.