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    Martial Foucault : « Les maires veulent terminer leurs projets »

    Au cœur du 107ème Congrès des maires, porte de Versailles, Martial Foucault présente les résultats de ses enquêtes sur l’engagement des maires et les attentes des Français. Les chiffres sont sans appel : 60 % des maires souhaitent se représenter en 2026, contre 50 % en 2019. Un paradoxe alors que le mandat écoulé a été marqué par des crises sanitaires, écologiques, énergétiques et budgétaires. Pour le politologue, cette hausse traduit une volonté d’achever les projets engagés devant les citoyens en 2020.

    Paroles d’élus : Pourquoi observe-t-on une hausse de 10 points de l’intention de réengagement des maires ?

    Martial Foucault : C’est un résultat très intéressant. En 2019, 50 % des maires se déclaraient prêts à repartir. En octobre 2025, ils sont 60 %. Cette progression s’explique malgré l’accumulation des crises qu’ils ont traversées. Au fond, ces six années ne leur ont pas permis de réaliser tous les projets sur lesquels ils s’étaient engagés démocratiquement. Ils ont à cœur de terminer ce qu’ils ont commencé. Ce n’est pas un réengagement pour garder une position, c’est véritablement une volonté d’honorer leurs promesses.

    Paroles d’élus : Cette confiance se traduit-elle dans l’opinion publique ?

    Martial Foucault : Absolument. Si les Français font autant confiance en leur maire, c’est qu’ils estiment qu’ils sont exemplaires, honnêtes et qu’ils savent, plus que d’autres élus, respecter leurs promesses. Au plan local, la démocratie municipale n’est pas en berne. C’est plutôt encourageant dans le contexte actuel.

    Paroles d’élus : Votre enquête prend-elle en compte les candidatures tardives ?

    Martial Foucault : Nous posons la question de manière prudente. On demande aux maires s’ils sont prêts à se réengager, s’ils ont déjà annoncé qu’ils ne repartiraient pas, ou s’ils sont encore indécis. Aujourd’hui, 20 % n’ont pas pris leur décision, 20 % ne repartent pas et 60 % repartent. La plupart des indécis vont finalement être candidats. On va aboutir, comme depuis 2001, à un taux de renouvellement autour de 40 %. C’est-à-dire que 40 % de nouveaux maires arrivent tous les six ans.

    Paroles d’élus : Les élections municipales risquent-elles d’être éclipsées par le contexte politique national ?

    Martial Foucault : C’est une vraie crainte des maires. Le pire scénario serait que le budget ne soit pas voté, avec une motion de censure et une dissolution. Cela créerait un calendrier perturbant qui viendrait télescoper la campagne municipale. Et si jamais on décidait de faire voter les élections législatives et municipales le même jour, on nationaliserait totalement le scrutin municipal. Les enjeux locaux n’auraient plus ni place ni attention médiatique. Ce serait dramatique pour une élection à laquelle les Français sont très attachés.

    Paroles d’élus : Quelles sont les nouvelles attentes des Français envers leurs maires ?

    Martial Foucault : On observe des changements par rapport à 2020. Le contexte actuel, avec notamment les débats sur le narcotrafic, fait que les citoyens expriment des demandes très fortes pour la tranquillité publique. Je préfère ce terme à « sécurité publique ». Cela correspond à l’idée que les Français, dans leur lieu de vie, aspirent à une certaine sérénité.

    Paroles d’élus : Comment réagissent maires et citoyens face aux contraintes budgétaires ?

    Martial Foucault : Nous avons soumis la même question aux maires et aux Français : si le budget devait diminuer, quels domaines sacrifier ? Les Français répondent : la culture, les associations, le sport. Les maires sont beaucoup moins catégoriques. Et ils ont raison. Ces domaines constituent le « vivre ensemble », ce qui produit de la cohésion sociale. Si vous supprimez les moyens aux associations sportives, culturelles ou à l’action sociale, vous abîmez le lien de cohésion. Les maires sont peut-être plus clairvoyants sur ce qui fait aujourd’hui un îlot démocratique au niveau local.