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    Au congrès de l’AMRF avec…Jean-Paul Carteret : « L’école est le levier structurant pour l’avenir du territoire »

    Maire de Lavoncourt depuis 1995, président des maires ruraux de Haute-Saône et vice-président de l’AMRF, Jean-Paul Carteret fait parti de ces élus qui incarne l’engagement au service des territoires ruraux. Dans sa commune, il a réussi avec son conseil municipal à créer une véritable petite centralité rurale en regroupant services publics, éducation et santé. 

     

    Paroles d’élus : L’école est-elle un pilier important de la stratégie territoriale de Lavoncourt ?

    Jean-Paul Carteret : En , effet, l’école, c’est le levier structurant pour l’aménagement du territoire. Je ne le dis pas seulement parce que je suis un ancien instituteur. Dans notre département, nous avons développé les pôles éducatifs. C’est-à-dire que les maires d’un bassin de vie se regroupent. Concrètement, nous accueillons aujourd’hui dans mon village les enfants de 11 communes, de la maternelle jusqu’au CM2. Ce sont les conditions de scolarisation des enfants des villes ! C’était un choix des maires de l’époque en 1975, dans le cadre d’un plan d’aménagement rural. Depuis, cette démarche a fait son chemin. Et nous avons réussi à attirer des jeunes familles.

    Mais avec la démographie actuelle, ça devient compliqué. C’est pourquoi je plaide pour un service public de la petite enfance dans l’école. C’est un service de proximité au moment où il y a de moins en moins d’assistantes maternelles. Cela permettrait de regrouper les fratries et d’être en passerelle entre la petite enfance et la maternelle.

    Paroles d’élus :Vous aviez développé également l’intergénérationnel dans votre commune..

    Jean-Paul Carteret : Nous avons un foyer-logement pour personnes âgées. Il fut un temps où les enfants allaient manger à la cantine au foyer-logement. On l’a fait pendant 20 ans ! On ne le fait plus depuis le Covid, mais ça faisait de l’intergénérationnel, c’était extraordinaire. L’intergénérationnel réintroduit la vitalité pour les seniors. Et pour les tout-petits, c’est un autre contact, ça fait du bien. À côté du foyer-logement, nous avons créé un CCAS, un Centre Communal d’Action Sociale, pendant le regroupement scolaire. Les personnes âgées nous demandaient tous les jours un taxi pour aller chez le dentiste, chez le coiffeur. Je me suis dit qu’on devrait regrouper des services.

    Paroles d’élus : Comment avez-vous ramené des services publics à Lavoncourt ?

    Jean-Paul Carteret : Il faut remonter à l’époque où on développait les bornes multimédia. Grâce au numérique, on a pu ramener des services dans ma commune. On a ramené Pôle Emploi pour les demandeurs d’emploi qui signent là. C’était il y a une vingtaine d’années.

    Du coup, on a créé un pôle. Et assez naturellement, nous avons pu accueillir un bureau de poste. Ainsi que France Services comme ailleurs en France. C’est un service particulièrement apprécié.

    Parallèlement, il y a aussi le cabinet de kiné. Tout ça au même endroit, ça fait des flux. Les gens prennent rendez-vous chez le kiné quand le bureau de poste est ouvert.

    Bien évidemment, ce modèle n’est pas forcément déclinable dans toutes les communes. Mais il y a aujourd’hui des petites centralités en France où on peut regrouper tous ces services. Pour les cartes d’identité et les passeports, comme on est en zone très rurale, des gens viennent de très loin. Ils ont un délai très court par rapport à chez eux.

    Paroles d’élus : Quelle décentralisation souhaitez-vous pour les communes rurales ?

    Jean-Paul Carteret : Tout d’abord, il faut avoir conscience que nous les maires, on touche à tout. Nous sommes le représentant de l’État au quotidien dans nos communes. Nous sommes donc bien obligé de nous débrouiller, de nous regrouper. Ce dont on a besoin, c’est qu’on nous laisse faire !

    La décentralisation dont on parle aujourd’hui, il faut qu’elle vienne jusqu’à nous. Il ne faut pas qu’elle s’arrête aux intercommunalités. Car c’est une multiplication de réunions. Un mire a besoin d’être plus réactif auprès de nos habitants. De garder le contact avec le département, avec l’État, avec le préfet. Il a besoin de pouvoir agir, d’avoir les moyens d’agir au plus près de nos habitants.

    Pour les dotations, il faut deux ruraux pour équilibrer un urbain aujourd’hui. Une Décentralisation efficace devra être juste car les collectivités sont bien obligés d’équilibrer nos budgets. Heureusement que les maires sont là pour assurer la continuité !

    Quel message pour encourager l’engagement citoyen ?

    Jean-Paul Carteret : L’engagement citoyen pour être maire est merveilleux. Allez-y, il faut y aller ! Je dis aux jeunes : engagez-vous, c’est passionnant. Femmes et hommes, bien sûr. Bien sûr, aujourd’hui, c’est compliqué. Mais avec les bons outils, l’autonomie et la proximité, on peut faire des choses extraordinaires. L’école, les services publics, l’intergénérationnel : tout ça forme un cercle vertueux. C’est ça qui fait vivre nos territoires ruraux et qui leur donne un avenir.