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    [TRIP2025] Un livre blanc pour un numérique à la pointe sur les enjeux de RSE

    Après plus de vingt ans d’expérience chez Orange et KOSC Télécom, Paul Le Dantec a lancé RSE EKHO en 2023 pour intégrer les enjeux environnementaux et sociaux dans les télécoms. Lors du TRIP de mai 2025, il a présenté un livre blanc pour un numérique responsable, développé avec l’Avicca et la Banque des Territoires. Pour en savoir plus, Paroles d’élus a pu lui poser quelques questions.

    Paroles d’élus : Quel a été votre parcours avant de fonder EKHO en janvier 2023 ?

    Paul Le Dantec : J’ai travaillé vingt ans chez Orange, principalement dans des rôles techniques, où j’ai construit des réseaux et répondu à des appels d’offres publics. J’ai aidé les collectivités à évaluer la performance des réseaux d’Orange et à aligner la vision politique avec les projets de l’entreprise. Les enjeux liés à l’inclusion, tels que la formation et la création d’emplois, étaient présents, mais la RSE environnementale n’était pas un sujet central. C’est une époque où l’ensemble des opérateurs veillaient à construire des réseaux les plus performants possibles, sans vraiment discuter des limites planétaires ou de la consommation d’équipements numériques.

    Après Orange, je suis devenu directeur général de KOSC Télécom au sein du groupe Altitude, où je déployais de la fibre pour les entreprises. J’ai ensuite décidé de vivre une aventure entrepreneuriale, motivé par le désir de créer quelque chose d’impactant dans le secteur des télécoms, un domaine que je connais donc bien.

    Paroles d’élus : Plus précisément, sur quels enjeux se positionne EKHO ?

    Paul Le Dantec : Dès la création, je me suis rapproché de fédérations comme Infranum et de clubs comme le CDRT, ce qui m’a permis de couvrir les secteurs du B2B et du B2C télécom que je connais bien. L’objectif était d’identifier les besoins et de développer des compétences en conséquence. Trois besoins principaux sont rapidement apparus :

    Tout d’abord, évaluer correctement l’impact environnemental des réseaux et des services. Ensuite, développer une stratégie RSE qui va au-delà de l’environnement pour inclure les aspects sociaux et sociétaux, en déterminant les sujets les plus importants et prioritaires pour une entreprise durable. Enfin, établir un lien avec les collectivités pour créer une stratégie publique-privée alignée sur les fondamentaux de la RSE.

    Paroles d’élus : La fibre est moins énergivore que le cuivre, mais nos usages nécessitent toujours plus d’énergie. Existe-t-il un socle commun pour mesurer globalement ces tendances ?

    Paul Le Dantec : Nous sommes face, en effet, à un certain paradoxe. D’un côté, nous savons qu’il est avantageux de mutualiser les technologies. Mais il n’y a pas toujours d’usage en phase avec la technologie la plus mature, ce qui pourrait suggérer d’arrêter cette course effrénée. D’un autre côté, nous sommes conscients des limites planétaires et des enjeux de décarbonation, des points que plus personne ne remet en question. Cependant, il existe également des enjeux économiques. Et l’émergence de nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle, qui améliorent la productivité mais ne vont pas toujours dans le même sens que les préoccupations environnementales. Actuellement, ces deux aspects ne communiquent pas très bien entre eux.

    Paroles d’élus : Lors de ce TRIP qui se tient ces 13 et 14 mai, vous avez présenté un livre blanc. Pourquoi cette démarche ?

    Paul Le Dantec : Lors de ce TRIP, nous avons effectivement présenté un livre blanc intitulé « Intégrer les enjeux environnementaux et sociaux dans les projets numériques des collectivités ». Ce livre blanc, réalisé à la demande de l’Avicca, de la Banque des Territoires et de l’ANCT, a été dévoilé le 13 mai. Il vise à aider les collectivités à intégrer les enjeux environnementaux et sociaux dans leurs projets numériques, en fournissant des clés méthodologiques, de gouvernance et des outils pratiques.

    Ce livrable est le fruit d’une collaboration au sein de l’Alliance Durable. Il s’agit d’une initiative inédite portée par trois acteurs : Inlo Avocats, Ekho et Shiftpoint. Notre objectif est d’accompagner les collectivités vers un numérique plus responsable, en offrant un accompagnement complet, de la définition de leur stratégie RSE à la mise en place opérationnelle des indicateurs, tout en assurant une conformité réglementaire maîtrisée.

    Paroles d’élus : Que trouve-t-on dans ce livre blanc ?

    Paul Le Dantec : Le livre blanc se compose de trois parties principales. On trouve tout d’abord un décryptage des obligations légales, des enjeux d’aménagement et du cadre réglementaire. Nous présentons ensuite un état de l’art présentant des exemples concrets, des indicateurs clés et des premiers résultats. Enfin, nous proposons une boîte à outils pour mener à bien un parcours RSE, quel que soit le profil de la collectivité ou du territoire.

    Cette publication s’inscrit dans un contexte réglementaire en mutation. Les législateurs français et européens ont instauré des cadres tels que la Stratégie nationale bas-carbone et le Pacte vert européen. Les collectivités doivent repenser leurs pratiques et projets numériques. Mais beaucoup manquent de ressources ou de compétences pour appréhender ces évolutions réglementaires et les mettre en œuvre efficacement. C’est dans ce contexte que l’Alliance Durable a été créée. Nous voulons offrir un accompagnement simple et pragmatique, combinant des compétences multiples que peu de prestataires isolés peuvent fournir.

    Paroles d’élus : Ce livre blanc est-il suffisant pour engager une démarche RSE ou joue-t-il plutôt le rôle de sensibilisation ?

    Paul Le Dantec :Ce livre blanc permet de sensibiliser les collectivités aux enjeux RSE et aux exigences réglementaires, il permet également d’identifier les bonnes pratiques des territoires, et de montrer que des méthodes et solutions existent pour se lancer dans une démarche.

    Paroles d’élus : Sur le sujet de l’évaluation environnementale des réseaux télécoms, vous avez récemment publié un guide sectoriel des émissions de gaz à effet de serre commandé par l’ADEME et Infranum, quel est l’intérêt d’un tel guide ?

    Paul Le Dantec : Ce guide donne les éléments clés pour appréhender une méthode spécifique pour évaluer l’impact carbone des infrastructures réseau. Dans les faits, certaines entreprises se forment en interne et réalisent leur propre bilan de GES. Un certain nombre d’entreprises ont d’ailleurs déjà commencé à utiliser ce guide sectoriel. D’autres sociétés sont accompagnées par des cabinets externes, comme le mien ou d’autres, qui sont formés à la méthode pour le réaliser.

    Nous avons conçu ce document pour qu’il soit le plus complet possible. Notre indicateur clé vise à se rapprocher au maximum de la réalité physique des émissions de gaz à effet de serre de l’entreprise. Jusqu’à présent, les bilans de GES étaient souvent réalisés avec des ratios financiers, ce qui est une méthode très pauvre. Avec cette nouvelle méthode, nous réduisons l’utilisation des ratios financiers à 15-20% maximum.

    Paroles d’élus : Comment, au milieu de tant d’autres urgences, le sujet de la RSE est-il priorisé chez vos clients ?

    Paul Le Dantec : Chez nos clients, la RSE est abordée de diverses manières. Parfois, c’est grâce à l’initiative d’une personne convaincue au sein de l’entreprise, bien que cela reste peu fréquent. D’autres fois, c’est une exigence des clients, des investisseurs ou des banques qui impose une stratégie RSE.

    Dans tous les cas, le processus est similaire. Il commence par une phase de sensibilisation. L’objectif est de comprendre la RSE, son impact environnemental et son importance dans le secteur des télécoms. Ensuite, il s’agit de définir les priorités pour établir une stratégie, une politique et une feuille de route RSE, suivies d’un plan d’action.

    Nous suivons plusieurs étapes, notamment en établissant un rapport de durabilité au format CSRD. Cela permet de s’assurer que les enjeux RSE sont alignés avec les parties prenantes, comme les clients, les fournisseurs et les investisseurs.