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Sommaire de l’article
    Culture, patrimoine & tourisme

    [Patrimoine et Numérique] A Bibracte, il y a plus de 2000 ans

    Après les Arènes de Nîmes, prenons aujourd’hui la direction du département de Saône-et-Loire, pour y découvrir un site certes moins connu, mais qui mérite amplement d’être visité, le Musée de Bibracte. Sur le mont Beuvray, un des sommets les plus élevés du Morvan, se dressait en effet fièrement la Capitale gauloise du peuple celte des Éduens. Difficile, vingt et un siècle plus tard, d’imaginer que dans ce qui ressemble aujourd’hui à un écrin d’arbres remarquables, vivaient plusieurs milliers d’habitants. Heureusement, le numérique permet là encore de « donner à voir ce qui n’existe plus ».

    Centre névralgique du pouvoir

    Les lecteurs des héros d’Uderzo et de Goscinny connaissant assurément le peuple d’Arvernes. Ce dernier était le puissant ennemi d’un autre peuple non moins courageux, les Éduens. Et c’est à Bibracte, à 821 m d’altitude, que l’aristocratie éduenne avait décidé au 1er siècle avant Jésus-Christ, de construire le centre névralgique du pouvoir. Sur une superficie d’environ 135 hectares, cette ville capitale était « un important lieu d’artisanat et de commerces où se côtoyaient mineurs, forgerons et frappeurs de monnaies ».

    Un site oublié

    Si ce site accueille aujourd’hui chaque année pas moins de 50 000 visiteurs, il est resté longtemps dans l’oubli. En effet, alors que les 1ères fouilles remontent à 1865 sous l’impulsion d’un certain Gabriel Bulliot et grâce à la volonté politique de Napoléon III ;  par ailleurs passionné par l’Histoire et par les sites de la Guerre des Gaules ; celles-ci se sont arrêtées en 1907. Il a fallu attendre 1984 et l’engagement du Président François Mitterrand pour relancer le chantier grâce notamment à la distinction de « site d’intérêt national ».

    Aujourd’hui au centre de toutes les attentions

    Depuis, l’intérêt de ce site ne décline pas. Au point que Bibracte-Mont Beuvray a obtenu en 2008 le label « Grand Site de France ». Sélectif et exigeant, cette distinction reconnaît la grande valeur patrimoniale, la qualité de l’entretien et l’intérêt du projet de préservation, de gestion et de mise en valeur. Sur ce dernier aspect justement, l’apport du numérique est incontestable. Ainsi, dès 2011, des premiers dispositifs de médiation numérique sont mis en place. On y trouve par exemple une maquette en relief du site, animée par vidéo projections. Dans le livre blanc d’Heritech, il est rappelé que ce dispositif, dès son inauguration « connaît un véritable succès auprès des visiteurs et des médiateurs qui se l’approprient pleinement ».

    Une médiation numérique toujours en mouvement

    Convaincue par l’impact positif du numérique, l’équipe du musée travaille depuis 2018 sur le projet Bibracte Numérique. Celui-ci a pour ambition de mettre en place de nouveaux outils de médiation à destination du grand public. Plusieurs dispositifs sont d’ores-et-déjà actifs. Ainsi, par exemple, une carte interactive du Mont Beuvray est disponible sur tablettes tactiles. Elle permet ; « aux visiteurs de se déplacer virtuellement sur le site archéologique et de découvrir grâce à la réalité augmentée l’histoire des différents points clés du site ». Grâce à l’activation de plusieurs modes, il est possible de se plonger dans l’évolution du site, et cela selon différentes époques.

    « Se rendre compte de sa taille impressionnante »

    Autre exemple, avec la webapp La Boussole. Directement consultable depuis un smartphone, elle l’aide littéralement les visiteurs à s’orienter sur le mont Beuvray. Mais elle propose également une sélection des principaux sites et points de vue remarquables. Ainsi, lors de sa balade et grâce à la géolocalisation, la ville gauloise se révèle à nous ; « Il accompagne chaque visiteur dans la visualisation en réalité augmentée des bâtiments d’autrefois ». L’exemple l de la Domus dont les vestiges sont accessibles au public, est significatif. En effet, grâce à cet outil de médiation, l’utilisateur peut se rendre compte de sa taille impressionnante.

    Développer plus largement les connaissances du grand public

    Un effort important a aussi été accordé à la refonte du site internet. Comme l’explique les rédacteurs du Livre Blanc d’Heritech ; « À terme, il vise à devenir une véritable plateforme de médiation avec la possibilité d’accéder directement aux fichiers retraçant l’histoire du site et aux actualités du centre de recherches ». Et de conclure ; « le renouvellement de l’offre de médiation s’inscrit dans une volonté de l’équipe du site de développer plus largement les connaissances du grand public sur l’histoire gauloise et gallo-romaine en permettant notamment de déconstruire certains préjugés de cette partie de l’histoire et de favoriser la mise en réseau des ressources et des données scientifiques ».

     Repenser ce qui « fait patrimoine »

    Publié à l’occasion de la 2ème édition du forum Heritech, ce Livre Blanc du même nom propose une nouvelle approche du patrimoine, du numérique et du développement territorial. En effet,  comme le soulignait Pascal LIÉVAUX, Conservateur général des patrimoines, direction générale des patrimoines et de l’architecture en avant propos ; « Le phénomène numérique ne transforme pas seulement les modes d’intervention sur l’ensemble du processus patrimonial, de la conservation à la médiation, il nous amène de surcroît à interroger notre relation à l’histoire, à nos identités culturelles, à repenser ce qui, aujourd’hui, pour chacun d’entre nous, personnellement ou collectivement, «fait» patrimoine ». Les fouilles de l’antique ville de Bibracte, grâce à la mobilisation du numérique sur ce site archéologique de référence s’inscrit pleinement dans cette logique.