Retour sur… les 1ères Assises Régionales de la commande publique en Bourgogne-Franche-Comté
Le vendredi 4 octobre dernier, à Dijon, se sont tenues les premières Assises Régionales de la Commande Publique en Bourgogne-Franche-Comté, réunissant les acheteurs publics de la région pour une journée dédiée à l’achat durable. Organisé par l’Agence Régionale du Numérique et de l’Intelligence Artificielle (ARNia) et l’Agence Régionale de la Biodiversité (ARB), l’événement a rassemblé des représentants de collectivités, d’institutions nationales comme la Direction des Affaires Juridiques (DAJ) de Bercy, et le Commissariat Général au Développement Durable (CGDD). Au programme : des présentations, des échanges de bonnes pratiques et un retour d’expérience des territoires. L’initiative du Guichet Vert, lancée en 2023 pour soutenir l’intégration des clauses environnementales dans les marchés publics, a également été au cœur des discussions, renforçant ainsi l’engagement des acteurs régionaux pour une commande publique plus responsable. Paroles d’élus est allé à la rencontre de Stéphane WOYNAROSKI, Conseiller Régional et Président de l’ARB.
Paroles d’élus : Quels enseignements tirez-vous des Assises Régionales de la Commande Publique ?
Stéphane WOYNAROSKI : Le point fort de ces Assises, c’était le retour au présentiel. Les acteurs étaient heureux de pouvoir échanger et partager leurs expériences, que ce soit sur les achats alimentaires ou la gestion des déchets. J’ai aussi pu constater que des collectivités sont prêtes à intégrer la biodiversité dans leurs marchés. Et certaines ont même contacté l’ARB pour obtenir des conseils.
Paroles d’élus : L’organisation de cette journée était-elle une étape naturelle pour l’ARB et l’ARNIA après le lancement du guichet vert ?
Stéphane WOYNAROSKI : Le lancement du Guichet Vert qui a eu lieu l’an dernier est en effet le fruit d’un partenariat entre l’ARNia et l’ARB. Cela s’est fait à la demande de l’État, du Commissariat Général à l’Environnement et au Développement Durable (CGEDD), qui souhaitait un verdissement de la commande publique, c’est-à-dire l’introduction de critères environnementaux dans les marchés publics, ce qui représente des volumes financiers importants à l’échelle de la France et des collectivités. Ce partenariat entre l’ARB et l’ARNIA est très novateur. C’est la première fois en effet qu’une agence régionale de la biodiversité, dont les principales missions sont de préserver, observer et sensibiliser sur la biodiversité, collabore avec une agence régionale du numérique et de l’intelligence artificielle.
Paroles d’élus : Avez-vous déjà pu mesurer les retombées positives du Guichet Vert ?
Stéphane WOYNAROSKI : Parler déjà de retombées serait un peu précipité. En effet, le Guichet Vert soufflera sa première bougie dans quelques jours. Cette première année a été celle du déploiement du dispositif. Néanmoins, on peut noter qu’au bout de seulement 3 mois, une quinzaine de collectivités territoriales et d’organismes publics avaient déjà sollicité le Guichet Vert. Rappelons que ce dispositif s’adresse à tous les acheteurs publics de la Bourgogne-Franche-Comté. Et il n’est pas nécessaire d’être adhérent de l’ARNia pour en bénéficier. Ainsi, certaines collectivités à l’instar de la ville de Besançon, ont déjà intégré des critères biodiversité dans leurs marchés publics.
Paroles d’élus: L’ARB, dans un communiqué rappellait que 10 % des espèces sont menacées dans votre région. Pouvez-vous faire un point sur les enjeux régionaux à ce sujet ? »
Stéphane WOYNAROSKI : Nous avons répertorié environ 20 000 espèces en Bourgogne-Franche-Comté. 2 000 sont menacées. Et 900 sont aujourd’hui protégées. Cela inclut aussi bien des espèces animales que végétales. On parle aussi bien d’insectes que d’oiseaux ou de mammifères. Par exemple, le damier du frêne, un papillon peu connu, est menacé. Certaines libellules ou oiseaux comme le moineau friquet, dont la population a chuté de 50 % en 10 ans, sont également concernés.
Paroles d’élus: Quels sont les domaines dans lesquels les collectivités peuvent facilement intégrer des commandes plus respectueuses de l’environnement ?
Stéphane WOYNAROSKI : Le numérique est un des enjeux importants. Il faut savoir que par exemple, seulement 15 % des téléphones sont recyclés. Certaines collectivités, comme l’agglomération de Vesoul, n’achètent plus de nouveaux téléphones, mais uniquement des téléphones reconditionnés. On peut également intégrer des critères de biodiversité dans les marchés de construction ou la gestion des déchets.
Paroles d’élus : L’objectif est que 100 % des achats publics soient respectueux de l’environnement d’ici 2026. Est-ce réaliste selon vous ?
Stéphane WOYNAROSKI : C’est un objectif ambitieux et peut-être difficilement atteignable d’ici 2026. Cependant, il est important de se fixer des objectifs élevés. Ce qui est encourageant, c’est que les collectivités, même si elles n’atteindront peut-être pas les 100 % à temps, commencent à intégrer ces critères.
