SANTÉ DES MAIRES – L’ÉTUDE EXCLUSIVE de l’AMRF
Prenons-nous assez soin de nos maires ? La question au premier abord peut surprendre tant, dans l’imaginaire collectif, le premier édile est qualifié de tous les superlatifs. Dans le quotidien, vivre un mandat ressemble sans doute davantage à un marathon. C’est pourquoi, l’AMRF, partenaire de l’Observatoire Amarok présente les résultats d’une étude exclusive sur la santé des maires. Loin de l’idée de plaindre les élus locaux, elle rend tangible une réalité jamais mise en avant auparavant. Près de 1200 maires sont en risque sévère d’épuisement.
S’intéresser ( aussi) à la santé mentale des maires
Être élu local est un sacerdoce. Si la question de la création d’un statut de l’élu est souvent mise sur la table par les associations d’élus, c’est qu’elles sont bien placées pour constater les limites du fonctionnement actuel. Aujourd’hui, dans le quotidien, les élus s’arrangent bon an mal an avec différentes contingences toutes plus chronophage les unes que les autres ; vie de la cité, vie familiale, vie professionnelle, engagement associatif. L’étude diffusée en cette rentrée traite justement d’un sujet jusqu’alors ignoré : la santé mentale des maires français.
Des solutions innovantes
Mais d’où est parti ce projet ? Il s’agit à la base d’une Recherche, au sens scientifique du terme. Elle a été conçue et financée par l’Observatoire AMAROK, association à but non lucratif et le LABEX Entreprendre de l’Université de Montpellier en collaboration avec l’AMRF. Comme le précise Michel Fournier, Président de l’association des Maires ruraux de France: “ L’ AMRF est attentive au mal être des maires depuis plusieurs années, mais nous avons aussi la conviction qu’il faut parler du bien-être. Lorsque le Professeur Torrès (NDLR : de l’Observatoire Amarok) nous a présenté son projet, j’ai trouvé que les solutions étaient innovantes et qu’elles allaient dans le bon sens”.
Parler de 2026 pour changer les règles
Le maire de Voivres depuis 1989 poursuit : “ À la lecture de ces données scientifiques, nous pouvons affirmer qu’exercer le mandat de maire est une aventure exceptionnelle sur le plan humain. Mais pour caractériser cela, il est important d’en objectiver les événements négatifs et positifs. Notre perspective c’est de parler de 2026. Et de changer les règles et les choses pour rendre cette fonction plus attractive et résoudre les points négatifs. Notre rôle est de peser sur les conditions d’exercice du mandat, et notamment sur le Statut de l’élu. Cette étude montre que nos combats sont pertinents mais que l’on peut sans doute insister davantage auprès de l’État, des Collectivités et de leurs partenaires, sur les contraintes administratives auxquelles sont confrontées les élus”.
31,40% des maires font face à un début d’épuisement
Le nombre très important de retours à l’enquête est un premier révélateur des attentes des élus ruraux. Plus de 1700 maires ont en effet répondu aux deux collectes de données. Ainsi, l’Observatoire a eu à disposition pas moins de 300 600 données. Côté positif, relevons tout d’abord que 69,3% des maires affichent une satisfaction en tant qu’élu, ce qui contraste avec la perception générale. Côté négatif, l’AMRF tire la sonnette d’alarme : 31,40% des maires font face à un début d’épuisement. Pire encore, 3,5 % sont en risque sévère d’épuisement, soit environ 1200 maires. Ce chiffre, a été consolidé sur la base d’un échantillon représentatif, redressé en fonction de l’âge, du sexe, du cumul avec un emploi et de la répartition régionale. Autre point important mis en lumière, les femmes maires présentent un risqué de burnout significativement plus élevé. De même, l’isolement du maire est un facteur aggravant.
Construire de nouveaux outils de mesure
Côté méthode, le Professeur Torrès et son équipe ont procédé de la manière suivante. D’un côté, 34 événements positifs, les “satisfacteurs”, ont été catégorisés et hiérarchisés pour construire un “satisfactomètre” des maires. Outre les aspects familiaux, les satisfacteurs les plus intenses sont la “fin/réussite d’un projet/dossier”, les “cérémonies/célébrations” et la “bonne entente avec le conseil municipal”. De l’autre, 34 événements négatifs, les ‘stresseurs’, ont été catégorisés puis hiérarchisés pour construire un “stressomètre” des maires. Les stresseurs les plus intenses sont la “complexité/lourdeur administratives”, la “charge de travail de la fonction/manque de temps” et les “difficultés liées aux subventions”.
Un dispositif inédit de prévention
L’observatoire précise que « Ces deux outils – stressomètre et satisfactomètre – sont valides et prédictifs du risque de burnout des maires et de leur état de bien-être. Ils permettront de bâtir ‘AMAROK e-SANTE Maires’. Ce dernier sera un dispositif inédit de prévention contre le burnout des maires avec une cellule d’écoute intégrée ».
Une étude inédite
À la question de de savoir quels enseignements il tirait des résultats de cette recherche, John Billard, Secrétaire général de l’AMRF insiste tout d’abord sur l’aspect inédit de la démarche. Mon premier commentaire, précise-t-il, vient de la recherche elle-même. Si dans le cadre de mon activité au sein d’une Fondation d’Entreprise je connais bien les travaux du professeur Olivier Torrès sur la santé des dirigeants, c’est bien la première fois que l’on s’intéresse à la santé des maires.
Des maires entrepreneurs
Et d’ajouter :”Les similitudes dans le rôle d’entrepreneur des maires expliquent à mon sens qu’un grand nombre d’élus aient répondu, et valident l’intuition de l’AMRF de soutenir cette recherche”.
Remédier au danger de la fonction
Le deuxième élément sur lequel revient le Maire de la commune de le Favril, est que les résultats sont équilibrés. Ils pointent, selon lui, “les dangers de la fonction de maire auxquels il faut remédier. Mais aussi les nombreuses sources de satisfaction et de fierté de cette fonction. Néanmoins, constater que plus de 1200 maires en France sont en situation de risque sévère de burnout est un chiffre qui doit tous nous interpeller”.
L’étude en quelques chiffres :
300 600 données collectées
> 1120 maires participants lors de la première collecte du 22 février 2024 jusqu’au 13 mars 2024. Puis de 900 maires lors de la seconde collecte du 7 juin au 11 juillet 2024.
> 69,3% des maires affichent une satisfaction en tant qu’élu, ce qui contraste avec la perception générale
> 31,40% des maires font face à un début d’épuisement
> 3,5 % sont en risque sévère d’épuisement, soit environ 1200 maires, sur la base d’un échantillon représentatif, redressé en fonction de l’âge, du sexe, du cumul avec un emploi et de la répartition régionale,
> Les femmes maires présentent un risqué de burnout significativement plus élevé. De même, l’isolement du maire est un facteur aggravant.
> 34 évènements positifs, les “satisfacteurs”, ont été catégorisés et hiérarchisés pour construire un “satisfactomètre” des maires. Outre les aspects familiaux, les satisfacteurs les plus intenses sont la “fin/réussite d’un projet/dossier”, les “cérémonies/célébrations” et la “bonne entente avec le conseil municipal”.
> 34 évènements négatifs, les ‘stresseurs’, ont été catégorisés puis hiérarchisés pour construire un “stressomètre” des maires. Les stresseurs les plus intenses sont la “complexité/lourdeur administratives”, la “charge de travail de la fonction/manque de temps” et les “difficultés liées aux subventions”.
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