[Tourisme] Avec Bivouac 64, l’innovation est reine en Pyrénées-Atlantiques
À quelques jours du départ en vacances des juilletistes, continuons notre pérégrination sur la thématique “tourisme, culture et numérique”. Pour parler innovation, prenons donc la direction des Pyrénées-Atlantiques. Pourquoi ce département ? Car depuis 2023, un nouveau dispositif, baptisé Bivouac 64, y a vu justement le jour. Pour en savoir plus, Paroles d’élus est allé à la rencontre de Max Brisson, Conseiller départemental, Président de l’ODT64 et Sénateur des Pyrénées-Atlantiques.
Paroles d’élus: Pouvez-vous tout d’abord nous présenter ce qui fait la singularité touristique de votre département ? Que vient-on y chercher ?
Max Brisson : Notre département propose deux destinations extrêmement différentes : la mer et la montagne. On vient chercher un art de vivre particulier autour de la fête, de la gastronomie, une ambiance, une identité forte dans les deux cas. L’une est très identifiée, avec une très forte notoriété et une histoire ancienne en termes d’image touristique : c’est le Pays Basque. L’autre a de formidables atouts mais souffre d’un déficit de notoriété : c’est le Béarn. Les Pyrénées ont une identité et une notoriété, mais les Pyrénées béarnaises ont certainement besoin de davantage travailler leur notoriété.
Ainsi, de magnifiques paysages de montagne côtoient l’océan, avec aussi des identités très fortes, des caractères préservés, des langues territoriales comme le basque et le béarnais, une culture, des pratiques économiques liées au tourisme, comme le pastoralisme ou la production de fromage. On trouve à la fois des images très fortes autour du surf, de l’océan et des pays de caractère. Peu de départements combinent en si peu de kilomètres la montagne et des stations balnéaires classées, des paysages côtiers, des exploitations agricoles ouvertes au tourisme autour de l’élevage. En somme, le dépaysement est assuré dans des pays de caractère sur une distance relativement faible.
Paroles d’élus : Qu’est-ce que le dispositif bivouac64 ? Comment s’inscrit-il dans la stratégie touristique du territoire ?
Max Brisson : Le Bivouac 64 est la conséquence d’une réflexion du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques. L’agence départementale de tourisme et le Béarn ont élaboré, il y a deux ans, un nouveau schéma départemental du tourisme. Nous avons conclu qu’il fallait travailler à la qualification de l’offre des produits touristiques. Le simple marketing et la simple communication autour de nos destinations ne suffisaient plus. Aujourd’hui, les clientèles sont exigeantes en termes de produits qui sortent de l’ordinaire, qui apportent plus, qui donnent une sensation particulière.
Nous avons donc fixé la nécessité de qualification de l’offre, d’accompagnement de l’innovation en matière touristique et aussi d’exigence en matière de tourisme durable et responsable. D’où l’idée de la mise en action de ce schéma, avec une sorte d’incubateur pour aider les entreprises touristiques, ou des entreprises dont l’activité peut avoir un lien avec le tourisme, à innover. Nous avons bien sûr travaillé en relation avec le conseil régional et les technopoles du département pour être complémentaires de ce qui existait déjà sur le territoire, mais avec une vraie volonté de qualification et de performance de l’offre touristique à travers l’innovation.
D’où la création de ce que nous avons appelé un explorateur d’innovation touristique. Cette année, il accueille sa première session de formation. L’idée est d’accompagner les solutions innovantes pour renforcer notre offre touristique comme une offre très qualitative.
Paroles d’élus : Sur le site de Bivouac 64, on peut découvrir sous forme de schéma « le parcours du voyageur » avec 10 étapes allant de « l’inspiration » à « l’après-séjour ». Est-ce à dire que l’innovation est possible à chacun de ces moments ?
Max Brisson : Oui car nous voulons proposer des séjours qui soient le plus personnalisés possible. Partant des attentes des professionnels du tourisme avec lesquels nous avons travaillé en amont, nous voyons bien qu’ils ont parfois des difficultés à attirer et intégrer de nouvelles compétences, à anticiper les comportements de leur clientèle en mutation, à bien comprendre et analyser les parcours des clients qu’ils reçoivent et à améliorer la visibilité de l’offre touristique.
C’est un secteur de PME et TPE. Échanger des bonnes pratiques, coopérer et se concerter n’est pas toujours simple. Notre explorateur, le Bivouac 64, cherche à assurer ce dialogue entre les acteurs. Il accueille une session annuelle pour permettre à l’innovation de prospérer.
Paroles d’élus : Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
Max Brisson : Parmi les entreprises dans cette première session du Bivouac 64, certaines sont à l’origine très éloignées du tourisme. Comme celles par exemple, spécialisées dans le mobilier urbain ou la distribution d’eau. Nous aidons ces entreprises à entrer en contact avec les municipalités, les services plage, ou les lieux de grande fréquentation du public. Je pense aussi à une entreprise innovante dans le mobilier urbain qui propose une fonction de distribution d’eau. C’est la même chose pour une entreprise de toilettes sèches, où les porteurs de cette innovation ne sont pas des spécialistes du tourisme et ne connaissent pas les réseaux.
Notre rôle est de les mettre en liaison, pour accompagner des innovations et faciliter des parcours qui ne sont pas simples pour des ingénieurs ou des innovateurs. Nous ouvrons des portes pour commercialiser leurs produits.
Paroles d’élus : L’innovation et le numérique vous permettent-ils d’élargir vos cibles ?
Max Brisson : Sur la côte basque et dans les Pyrénées, les clientèles traditionnelles sont très familiales. Nous avons longtemps cultivé cette image de famille avec enfants pendant les vacances scolaires. Nous avons aussi une clientèle historique de seniors actifs, en particulier en fin de saison.
Il est évident que le numérique est un moyen d’élargir nos clientèles. Il permet de travailler à la promotion de produits ciblés et différenciés. Nous travaillons aujourd’hui notre marketing essentiellement de manière digitale, avec des produits à forte exigence bas carbone, dans une logique écologique et de développement durable.
Le numérique offre des possibilités d’action très ciblées sur des marchés identifiés. Pour nous, comme pour toutes les destinations touristiques, la question du transport et de la consommation de carbone est essentielle. Nous réfléchissons à la confrontation entre l’apport économique de chaque marché et son impact carbone, et nous essayons de cibler nos actions numériques pour équilibrer ces aspects.
Paroles d’élus : Y a-t-il des nouveautés pour cet été ?
Max Brisson : En termes de nouveautés, nous avons totalement refondu notre site web Visit 64, qui s’adresse aux touristes sur place pour les activités, les idées de sortie et les coups de cœur. Nous avons également quasiment arrêté l’ensemble des éditions papier, désormais téléchargeables sur nos sites. Nous travaillons beaucoup sur la filière outdoor, autour de la randonnée, du vélo et du VTT. La randonnée est un atout supplémentaire dans notre potentiel touristique, en évitant les conflits d’usage et en respectant l’environnement.
Pour les nouveautés, nous aurons aussi par exemple un nouvel escape game au Château de Pau, ainsi que des projets autour du petit train de la Rhune, qui fête ses 100 ans cette année. Ce petit train, emblématique de la chaîne pyrénéenne et du Pays Basque, a été totalement rénové.