A Grigny pendant le confinement, l’entraide et la solidarité
Les exemples d’entraide et de solidarité se multiplient un peu partout sur le territoire. Direction aujourd’hui la ville de Grigny dans le département de l’Essonne où des élus, entrepreneurs et grande entreprise se mobilisent afin de garantir la continuité pédagogique au sein de chaque famille. Après un recensement précis des besoins, des équipements informatiques sont en effet fournis pour réduire la fracture numérique. Mais la solidarité se vit aussi chaque jour entre les habitants eux-mêmes. L’@gence2 presse des quartiers nous dévoile notamment comment s’organise la fabrication de masques…
« Ce matin ce sont des sourires qui ont durablement éclairé ma journée… »
Il est vrai que la situation est tendue partout et qu’ainsi que le déclare Olivier Klein le maire de Clichy-sous-Bois « Tous les jours, dans les quartiers, on frôle le point de rupture ». Il est vrai que depuis 2 nuits je me couche au son des tirs de mortiers, de feux d’artifice, de sirènes de voitures de police ou des ballets des hélicoptères en provenance de Villeneuve la Garenne. Il est vrai que nous nous interrogeons tous sur ce à quoi ressemblera le monde d’après.
Il est vrai que tout peut paraître bien sombre en ce moment, mais ce matin ce sont des sourires qui ont durablement éclairé ma journée. Ces sourires ils proviennent du quartier de la Grande Borne à Grigny (91)Rendez-vous au Centre de Vie Sociale installé au cœur de la Grande Borne pour deux actions mises en place et orchestrées par la mairie.
« C’est Philippe Rio, qui m’a fait me rendre compte qu’à côté de chez moi il y avait les mêmes problèmes… »
Pour garantir au plus grand nombre de familles la continuité pédagogique, la mairie a recensé leurs besoins en informatique et en connexion internet, afin de leur proposer des solutions adaptées mais surtout pour ne pas les laisser sur le bord de la route. Ce sont ainsi 105 familles qui sont identifiées à la suite d’un travail de fourmis (appel dans les écoles, auprès des associations et enfin auprès des familles directement) mis en place par les services de la mairie. Pour ces familles, l’urgence est d’avoir accès à un ordinateur et à une connexion internet.
C’est Stéphane Nomis, président de la société Ippon qui a grandi à Grigny qui vient en aide à Philippe Rio, maire de Grigny. « Depuis plusieurs années avec ma société et des amis sportifs nous équipions en ordinateurs des jeunes dans des villages en Afrique, c’est Philippe Rio, qui m’a fait me rendre compte qu’à côté de chez moi il y avait les mêmes problèmes qu’en Afrique et qu’il y avait une véritable urgence à traiter ».
En quelques heures, Stéphane Nomis met à la disposition de la mairie 105 ordinateurs ainsi que ses équipes pour programmer et pour charger les portails demandés par l’Éducation Nationale.
Ce matin commençait la distribution des 36 premiers ordinateurs auprès des familles qui l’une après l’autre venait chercher leur matériel. Le sourire des enfants et des mamans transperçait leurs masques et leurs yeux pétillaient de fierté « je suis venu chercher l’ordi pour mon frère et moi on va pouvoir reprendre les cours presque normalement ». Pour aller au bout de la démarche et s’assurer que les ordinateurs allaient remplir la totalité de leur mission, la mairie s’est tournée vers Orange pour doter les ordinateurs de clés 4G avec un abonnement internet de 2 mois inclus.
« Moi, c’est dès le premier jour que j’ai commencé à fabriquer des masques et j’en ai même donné à des policiers… »
Dans une autre salle du Centre de Vie Sociale c’est le premier jour de l’atelier de fabrication de masques que la ville orchestre en regroupant une vingtaine de femmes qui jusqu’à présent chacun dans leurs appartements faisaient leurs propres masques.
Le responsable de cette coordination (le seul homme au milieu de toutes ces femmes) me confie que pour elles « c’est important aussi de pouvoir enfin sortir un peu de chez elles et de se retrouver avec d’autres personnes ».
Là c’est une véritable ruche qui, en respectant les distances, produit qui des masques blancs mais avec une doublure, qui des masques colorés en Wax, qui des masques en Madras antillais. Ces femmes sont lumineuses, leurs yeux brillent de leurs sourires et de leur envie de se rendre utiles. Peu importe pour elles d’être en première ou en seconde ligne tant qu’elles font et que ce qu’elles font participe vraiment à la lutte contre le virus.
Elles sont là à comparer entre elles comment elles fabriquent, comment elles cousent ou repassent les maques. Certaines font entre deux épaisseurs de tissus une poche pour y placer un filtre en essuie-tout à placer lorsque l’on sort. L’une d’entre me dit avec un bel orgueil « vous savez moi, c’est dès le premier jour que j’ai commencé à fabriquer des masques et j’en ai même donné à des policiers ».
D’une table à l’autre où la mairie leur a mis à disposition des machines à coudre, elles se lancent des défis sur le nombre de masques qu’elles feront en une journée ou en une heure. Elles sont joyeuses ces femmes qui viennent de tous les quartiers de Grigny, elles sont généreuses, elles ne parlent pas de leurs difficultés de chaque jour, elles sont simplement fières de montrer comment elles s’y prennent et à la fin dans un éclat de rire sonore elles sont juste heureuses de leur utilité en vous offrant un masque et en vous faisant promettre de revenir pour voir leurs prochaines productions.
G.V.