Aux Assises nationales de la citoyenneté, le numérique avait toute sa place
« On ne peut compter sur personne (…) avant c’était différent (…) aujourd’hui, il n’y a plus de solidarité ». Alors que ces propos sont devenus monnaie courante, peut-on encore, en 2018, être positif sur l’état de notre société ? Les Assises nationales de la citoyenneté viennent justement nous interroger sur cette idée du « vivre ensemble ». Et durant ces 2 jours, il était pas mal question de numérique…
Les Assises de la citoyenneté, qu’est-ce que c’est au juste? Réunies à Rennes les 19 et 20 janvier dernier dans le nouveau centre des congrès du Couvent des Jacobins tout juste inauguré, cet évènement était organisé par le quotidien Ouest-France.
Son but ? Des experts, des curieux et des citoyens ont pu réfléchir ensemble à l’idée de « vivre ensemble » et ont tenté d’en dresser un état des lieux « trois ans après les manifestations géantes qui avaient suivi les premières attaques terroristes à Paris – et le besoin de retisser du lien social qui s’était alors exprimé dans toute la société ». Près de 80 intervenants et environ 5000 participants ont fait le déplacement pour contribuer ou assister aux 18 tables rondes et à la dizaine d’entretiens qui étaient programmés. Ces Assises étaient aussi l’occasion de découvrir grâce à un « Carrefour des Initiatives », 24 associations impliquées dans des actions locales concrète, comme par exemple le projet d’écoconstruction de logements étudiants à Bruz ou un garage solidaire à Saint-Lô.
Durant ces deux jours, il était aussi beaucoup question de numérique. Perçu parfois comme un élément de fracture au sein de la société, certaines initiatives ou solutions montrent au contraire qu’il peut aussi être un outil de cohésion.
Premier exemple avec Famileo, récompensée dans le cadre d’un concours de start-up organisé pendant les Assises. Basée à Saint Malo, elle propose de réconcilier papier et numérique grâce à un réseau social familial privé. Pour faciliter la communication entre les générations, la jeune société réalise pour nos grands-parents un mini-journal papier à partir des messages numériques et photos postés via leur smartphone ou leur ordi.
Autre exemple intéressant avec une application qui a reçu le prix coup de cœur : APP-Elles. Créée par l’association Resonantes, elle permet aux victimes et aux témoins de violences de contacter des proches ou les secours.
Mais le numérique peut également répondre à des enjeux de citoyenneté locale. Plus simple à mettre en place aujourd‘hui grâce au numérique, la concertation devient par exemple, un passage obligé pour les pouvoirs politiques locaux. De même, pour encourager l’implication des citoyens, certaines collectivités misent sur les budgets participatifs. Pour échanger sur ce sujet, 4 édiles étaient présents : la Maire de Rennes, Nathalie Appéré ; Fabian Jordan, président de Mulhouse Alsace Agglo, le Maire d’Angers Christophe Béchu et enfin Agnès Le Brun, Maire de Morlaix. Les montants de ces budgets participatifs sont loin d’être marginaux. Comme le rappelle Nathalie Appéré dans les colonnes de Ouest France, cela représente « 3, 5 millions d’euros par an, soit 18 millions d’euros sur l’ensemble du mandat » soit environ « 800 projets proposés depuis trois ans » pour la ville de Rennes.
Autre moment important de ces assises, une table ronde portait sur la fracture territoriale et sur les moyens concrets et disponibles pour réduire le fossé entre la France des métropoles et la France dite périphérique. Parmi les intervenants, Jérôme Fourquet, directeur du département opinion publique à l’Ifop a souligné, comme le rapporte le quotidien que « Les écarts se creusent, surtout avec le décollage économique des métropoles. À partir d’une certaine distance, la métropole ne tire pas, elle absorbe ».
Invitée également à cette table ronde, Fabienne Dulac, directrice exécutive d’Orange France, a rappelé le rôle important que devait avoir le numérique face à ce constat, avant de souligner l’implication des opérateurs : « déployer un réseau, c’est un travail considérable avec des investissements extrêmement lourds, de l’ordre de 9 milliards l’an passé. Il a fallu 35 ans pour déployer le réseau cuivre en France. Pour la fibre, on y travaille depuis 6 à 7 ans, et on est extrêmement conscient de l’impatience numérique .»
L’opérateur était particulièrement présent pendant ces Assises. Partenaire de l’évènement, Orange a présenté différentes initiatives qu’il soutient tout au long de l’année comme par exemple Orange Recycle, sa filière de recyclage des mobiles avec les Ateliers du Bocage, une entreprise d’insertion et adaptée, appartenant au mouvement Emmaüs ou encore le FabLab solidaire des « Fabriques du Ponant ».
Alors, notre société est-elle perdue d’avance docteur ? S’il n’est jamais facile d’émettre un diagnostic, gageons que l’intérêt du public pour ces assises de la citoyenneté est plutôt bon signe…