CES 2018, la France aime à se faire remarquer
Lancé en grande pompe à Las Vegas le 8 janvier dernier, le Consumer Electronics Show devrait à nouveau attirer les foules. Relativement peu médiatisé jusqu’à 2014 dans l’hexagone, la présence importante de la délégation tricolore ces dernières années a changé la donne. Et de cette vitrine, la « start-up nation » France et ses collectivités, espèrent bien tirer parti.
Si le CES mérite bien son titre de « temple de l’innovation », il a vu naître et disparaître bon nombre de technologies. En effet depuis 1957, année de sa création, le Consumer Electronics Show a accueilli dans ses stands toutes les technologies qui ont marqué les dernières décennies : magnétoscope en 1970, caméscopes dix ans plus tard ou encore l’apparition des premiers DVD au début des années 90.
Ce nouveau rendez-vous confirme les grandes tendances de l’édition précédente. Plus que des révolutions majeures, on attendait en effet surtout de fortes améliorations. Et sur ce point, les 180 000 visiteurs et près de 6000 journalistes n’ont pas été déçus que ce soit sur la Réalité Virtuelle, les voitures autonomes, le «smart home» ou plus généralement ce que l’on qualifie de « Deeptech ».
Dans ce dernier domaine qui regroupe l’Intelligence Artificielle, la robotique, l’Internet des objets, les Biotechnologies et Nanotechnologies, un pays semble plus performant que les autres : la France. Cela confirme les résultats de l’étude menée par le cabinet de conseil Wavestone en décembre 2017 : « 88% des investisseurs s’attendent à ce que la croissance des start-up Deep Tech soit plus forte en France que dans le reste de l’Europe ».
Côté français, on remarquera aussi l’implication grandissante des collectivités. Très engagées déjà tout au long de l’année pour promouvoir et soutenir les jeunes pousses locales des réseaux French Tech, elles ont musclé leur jeu et espèrent bien profiter du salon pour envoyer des messages positifs à l’international. La région Auvergne-Rhône-Alpes y propose par exemple un dossier de près de 20 pages en anglais sur sa politique numérique et le dynamisme de ses entrepreneurs locaux. Comme le rappelle Juliette Jarry, vice-présidente déléguée au numérique à la Région Auvergne-Rhône-Alpes, l’objectif est de faire de ce territoire « la Silicon Vallée européenne » grâce notamment à la création du Campus Région qui accueille depuis septembre dernier 500 jeunes futurs entrepreneurs. Une fois atteint son rythme de croisière, le nombre d’étudiants devrait monter à 3000. La Région compte également sur les 42 start-up de son territoire présentes au CES pour montrer le dynamisme de son écosystème.
Même volonté en région Nouvelle-Aquitaine. Elle a emporté dans ses bagages 40 jeunes pousses. Contrairement à l’an dernier où deux délégations, l’une conduite par le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, l’autre par French Tech Bordeaux étaient présentes, les élus et acteurs locaux ont préféré l’unité pour gagner en efficacité. Pour Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine, interviewé par Les Echos, la présence importante de la région au CES permettra de faciliter « les échanges d’expérience, la conquête de nouveaux marchés et le développement de l’attractivité de notre territoire ».
L’Occitanie n’est pas en reste avec 61 entreprises présentes. La Région bat ainsi son propre record de participation. Mais surtout, elle pourra se targuer de ramener de son voyage un des très convoités « CES innovation award ». Décerné à Vaonis, cette distinction récompense le caractère exceptionnel d’un des produits présentés. L’entreprise, basée à Clapiers dans l’Hérault, a conçu un e-télescope. Contrôlable à distance par un smartphone, il permet de photographier l’espace, et de recevoir directement les clichés sur son mobile.
Avec au total 365 entreprises et structures présentes à l’évènement, la France est en deuxième position derrière les États-Unis, loin devant les Pays-Bas (60 startups) et la Chine (55 startups). Pour rappel, 66 startups françaises étaient présentes en 2015, 128 en 2016 et 178 l’an dernier.
Mais l’idée n’est pas « coûte que coûte » d’amener le plus de start-up mais bien de les aider à se préparer au mieux à cet évènement. Rappelons en effet, que malgré le soutien financier des Régions, le coût d’un stand avoisine au minimum les 3000 $. De plus, avec au total plus de 800 start-up présentes, il est difficile, même avec un bon produit, de se faire remarquer.
Aussi, plusieurs régions proposent à leurs start-up de les accompagner durant l’année afin d’améliorer leur positionnement face à concurrence ou pour mettre en place des plans de développement. Durant 6 mois, l’Occitanie a ainsi préparé ses champions à exploiter au mieux leur potentiel avec l’objectif final de séduire le plus grand nombre pendant le CES. Une stratégie qui semble gagnante.