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    L'actu des associations

    Vœux de l’Assemblée des Départements de France : un appel solennel à l’État

    Le 22 janvier dernier, les vœux de l’Assemblée des Départements de France se sont tenus au siège de la Banque Postale, dans l’Hôtel de Choiseul-Praslin, en présence du Premier Ministre François Bayrou et de sept membres du gouvernement. Face à un contexte financier critique, le président de l’ADF, François Sauvadet, a dressé un état des lieux alarmant, appelant à un engagement immédiat de l’État pour préserver la mission de solidarité des départements.

    Un hommage aux élus et aux territoires

    Dès l’ouverture de son discours, François Sauvadet a tenu à saluer les élus présents ainsi que les partenaires engagés aux côtés des départements. Il a notamment insisté sur le rôle crucial de La Poste, dernier maillon du service public en milieu rural : « Si nous sommes ici, c’est parce que c’est aussi le signe de l’attachement que porte le département à l’ensemble des services publics. »

    Le président de l’ADF a également eu une pensée pour Patrick Gendraud, président du Département de l’Yonne récemment disparu, et pour Didier Guillaume, ancien ministre et président du Conseil général de la Drôme, rappelant leur engagement indéfectible envers leurs territoires.

    La solidarité au cœur des missions départementales

    François Sauvadet a rappelé que la solidarité est l’ADN des départements : « Sécurité, bien sûr, pour la protection de nos compatriotes ; solidarité sociale, mais aussi solidarité territoriale, que nous assurons avec nos services et le savoir-faire de nos 345 000 agents. »

    Et de citer l’action collective des départements après le passage du cyclone Chido à Mayotte, mettant en avant un soutien financier conséquent, malgré un contexte budgétaire tendu. « Nous nous sommes engagés, malgré nos difficultés, à hauteur de plusieurs centaines de milliers d’euros, car Mayotte, c’est la France. »

    Une situation financière à un point de bascule

    Le président de l’ADF a ensuite alerté sur la dégradation rapide des finances départementales. « Nos attentes sont d’autant plus grandes que notre situation financière se dégrade extrêmement rapidement, au point que la moitié des départements sont aujourd’hui en très grande difficulté. »

    Il a dénoncé un effet ciseaux entre explosion des dépenses sociales et effondrement des ressources, mettant en exergue une réalité alarmante : « Nous devons faire face à une augmentation de 15 % de nos dépenses sociales en deux ans, soit plus de 6 milliards d’euros, tandis que nos recettes chutent drastiquement. ». Et d’ajouter : “ Dans le même temps, nous avons perdu 5 milliards d’euros de droits de mutation à titre onéreux (DMTO) en deux ans.”

    Des Départements de France en première ligne, malgré l’absence de l’État

    Face à ces difficultés, François Sauvadet a rappelé que les départements ont choisi de ne pas baisser les bras. « Nous avons fait le choix de continuer à investir massivement sur l’ensemble du territoire. Et cela à hauteur de 20 milliards d’euros par an. »

    Il a cependant souligné l’inaction de l’État, qui impose de nouvelles charges sans compensation adéquate : « Nous avons demandé que l’État prenne enfin ses responsabilités. Aujourd’hui, nous n’avons toujours aucune réponse concrète. »

    Comment continuer à assurer les missions sociales ?

    La principale inquiétude concerne la capacité des départements à garantir les aides sociales essentielles. « La question aujourd’hui n’est plus seulement de savoir si nous allons pouvoir continuer à investir. Elle est de savoir si nous pourrons encore assurer notre mission de solidarité sociale. »

    François Sauvadet a évoqué les allocations RSA. Il fut question également de l’aide sociale à l’enfance ou encore l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) pour les aînés, expliquant que les départements pourraient être contraints de réduire ces prestations.

    Un appel urgent des Départements de France à des mesures concrètes

    Devant cette impasse, le président de l’ADF a exhorté le gouvernement à agir rapidement : « Monsieur le Premier Ministre, nous vous demandons d’agir avec urgence. Nous avons besoin de réponses claires et immédiates. »

    Parmi les demandes formulées figurent la compensation des décisions impactant les finances des départements. S’y ajoutent une réforme du financement du RSA et un dispositif d’urgence pour les collectivités en grande difficulté.

    Une coopération avec l’État plus que nécessaire

    À la question de savoir si les départements peuvent encore faire confiance au gouvernement, François Sauvadet a répondu sans détour. «Nous ne voulons pas d’un affrontement avec l’État. Nous voulons une coopération sincère, efficace et respectueuse. » Il a insisté sur la nécessité d’un pacte de confiance entre l’État et les départements. Ingrédient indispensable pour garantir la pérennité des solidarités locales.

    L’avertissement solennel des Départements de France : il est encore temps d’agir

    En conclusion, François Sauvadet a lancé un avertissement sans équivoque. Si rien n’est fait, «c’est l’ensemble de notre modèle social qui sera remis en cause. Si rien n’est fait, ce sont les plus fragiles qui en paieront le prix. »

    Avant de quitter la tribune, il a interpellé une dernière fois le gouvernement . Nous avons «fait preuve de patience et de responsabilité. Nous avons tendu la main et proposé des solutions. Il faut maintenant des engagements et des décisions. »