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Sommaire de l’article
    Éditorial
    L'actu des associations

    Finances et logement, dossiers prioritaires de Villes de France

    L’association Villes de France était la première, ce mercredi, à ouvrir le bal des traditionnels vœux de début d’année. Après le Sénat en 2023, c’est au siège de la Caisse d’Épargne, situé rue Masserand dans le 7ème arrondissement parisien, que l’association a convié cette année, ces membres et partenaires. L’occasion de se retrouver mais aussi de poser quelques balises. En plus des dossiers de fond(s), qui préoccupent depuis quelques années maintenant les villes membres, celui de la décentralisation de la politique du logement mobilisera sans aucun doute l’attention des élus.

    Toujours plus de sujets de préoccupation

    Si certains dossiers, non prévus, peuvent apparaître brusquement, à l’instar des violences urbaines de juin 2023, il est beaucoup plus rare en revanche que ceux annoncés lors de vœux disparaissent d’eux-mêmes durant l’année. Ainsi, les fortes inquiétudes sur la santé financière des collectivités, énoncées en janvier 2023, se sont-elles malheureusement confirmées au fil des mois. Et en 2024, la baisse générale des capacités d’autofinancements des collectivités reste toujours d’actualité avec l’effet ciseaux tant redouté. Rappelons également au passage, que la situation des collectivités n’est pas la même selon les charges de centralité qu’elles doivent supporter et leur taille.

    La question des financements loin d’être résolue

    Rien de surprenant dès lors, que le Président délégué de l’Association, Jean-François Debat ait rappelé en introduction de ces voeux 2024, la position de Villes de France sur le projet de la loi de Finances. Notre association d’élus, a-t-il résumé, estime que « le compte n’y est toujours pas et de loin». Et celui qui est aussi Maire de Bourg-en-Bresse d’expliquer pourquoi. L’évolution de la taxe foncière « ne saura suffire à amortir les impacts de l’explosion des coûts de l’énergie (NDLR : multipliés par trois pour l’électricité et par quatre pour le gaz par rapport à l’année dernière) et le maintien du pouvoir d’achat des agents publics de ces collectivités – avec 80% d’agents relevant de la catégorie C – et dont un grand nombre sont éligibles aux dernières mesures de revalorisation pour les bas salaires ».

    2024, année de la décentralisation ?

    De décentralisation, il devrait aussi en être particulièrement question cette année. En effet, entre la mission de six mois, confiée au Député de l’Oise, Eric Woerth et qui doit déboucher sur un texte législatif au printemps et le lancement en décembre dernier par le Ministre Christophe Béchu, de concertations autour de la décentralisation des politiques du logement et de l’habitat, l’agenda risque de vite se remplir. Concrètement, le gouvernement envisage une décentralisation des compétences auprès d’autorités organisatrices de l’habitat (AOH) qui couvriraient l’intégralité du territoire.

    L’association Villes de France très attentive

    Lors de son intervention, Gil Avérous, Maire de Châteauroux et Président de Villes de France, a précisé que le bureau de l’Association « portera une attention particulière à ce dossier. Dialogue, écoute et travail en intelligence sont et resteront notre façon de travailler. Et le logement est une préoccupation permanente des citoyens ».

    L’impact d’Airbnb

    Le Logement est donc plus que jamais un sujet central mais avec des particularités propres à chaque territoire. Ainsi, à Châteauroux, l’édile constate une explosion ces dernières années du nombre de logements mis en location courte durée via les plateformes de type Airbnb. En passant de 250 à 700, ce sont autant d’habitations en moins et donc aussi des habitants en moins avec potentiellement un impact financier.

    Logement, exemple même des disparités selon les territoires

    De façon plus globale, les besoins diffèrent en fonction des territoires. On constate en effet des différences d’attractivité avec un impact sur les prix. À cela s’ajoute des différences démographiques en matière de vieillissement ou du nombre d’étudiants. La décentralisation, on l’assure du côté de l’État, « doit permettre de clarifier et de simplifier les responsabilités des collectivités et de l’Etat (…) pour une meilleure compréhension par les citoyens et une plus grande efficacité par une proximité et une différenciation locale renforcées ».

    Toutes les intercos ne vont pas pouvoir répondre présent

    Le Logement a été annoncé comme prioritaire par le Président de la République. La feuille de route semble donc claire pour le gouvernement. Pour autant, cette décentralisation à la carte sera-t-elle un long chemin tranquille ? Rien n’est moins sûr. En effet, alors que globalement au niveau national, on note la volonté des intercos d’être l’échelon organisateur de la politique du logement, on sait d’ores-et-déjà, selon le Président de Villes de France que « toutes les intercos ne vont pas pouvoir le faire. De facto, cela amène la question de qui doit prendre le relais lorsque ce n’est pas possible. Il ne faut pas de précipitation mais il y a urgence ». Qui plus est, rajoute l’élu, « ce besoin de réforme ne tombe pas au bon moment. En effet, la chute de la création de logements neufs et les taux d’intérêts élevés préoccupent le secteur ».

    Réindustialisation et risque de concentration

    Le dernier enjeu majeur exprimé lors de ces vœux est celui de la réindustrialisation. Ce thème était d’ailleurs déjà le fil rouge du Congrès de l’Association en juillet dernier au Creusot. Sur ce dossier aussi, il manque pour Gil Avérous au niveau national, une dimension d’aménagement du territoire plus fine. L’exemple le plus parlant est sans doute la révolution en cours dans le monde de l’automobile. Si d’aucuns saluent en effet la création de Gigafactory dans ce que l’on nomme déjà la Vallée de la Batterie dans les Hauts de France, les conséquences territoriales nationales ne sont pas regardées.

    Rendez-vous à Sélestat

    Or, cette concentration engendre déjà des déménagements de chaînes de montages qui traditionnellement dans ce secteur étaient plutôt bien réparties en France. Et le Président de conclure : « Les Hauts de France sont le barycentre de l’Europe, pas celui de la France. Cet exemple soulève la nécessité de développer d’autres domaines d’excellence ailleurs en France ». Nul doute qu’il sera question de tous ces dossiers lors du prochain congrès de Villes de France. Rendez-vous les 4 et 5 juillet prochain à Sélestat en Alsace.