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Sommaire de l’article
    Environnement & gestion des ressources

    Télétravail : dans quelles conditions permet-il un bilan énergétique positif ?

    Pour mieux mesurer l’impact du télétravail sur notre bilan carbone, le Ministère de la Transition énergétique a commandé récemment une étude spécifique sur le sujet. Intitulée « Dans quelles conditions le télétravail permet-il un bilan énergétique positif ? », celle-ci a été présentée le 3 avril dernier…

    Le télétravail est-il toujours positif pour l’environnement ?

    Au plus fort du confinement au printemps 2020, nos émissions de CO2 avaient baissé d’environ 17 % par rapport à 2019. Une diminution expliquée par différentes raisons dont la généralisation du télétravail. Si l’usage de ce dernier a su se maintenir malgré le retour à une vie plus normal, son impact sur l’environnement dans un fonctionnement hybride, entre présence en entreprise et travail à la maison, restait peu connu. C’est dans le but de mieux le mesurer que la Ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a chargé l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et l’Institut français pour la performance du bâtiment (IFPEB) d’analyser les conditions requises pour que le télétravail puisse permettre un bilan énergétique positif.

    3 objectifs

    Ainsi, cette étude devait répondre à 3 objectifs principaux. Il s’agissait tout d’abord de révéler le bilan énergétique du télétravail pour les agents grâce à une remontée de données réelles. Les agences missionnées ont dû également « définir les premières pistes de recommandations pour maximiser le bilan énergétique global du télétravail ». Enfin, en se focalisant plus spécifiquement sur les journées de forte tension sur le réseau électrique, l’étude devait mettre en perspective l’impact énergétique des fermetures de sites de bureau.

    Mesurer l’effet rebond

    Concrètement, il s’agissait donc de pouvoir mesurer le « volume d’économies d’énergie réalisées à la fois dans les transports et dans les bureaux » mais aussi de prendre en compte l’effet rebond « dans les logements et les transports ». L’étude a été présentée le 3 avril dernier en amont d’un groupe de travail portant sur le volet du plan de sobriété énergétique concernant les grandes entreprises.

    100 agents suivis

    Côté méthodologie, l’étude a pu s’appuyer sur la mesure 10 sites en Île-de-France, Centre-Val de Loire et en Provence-Alpes-Côte-d’Azur. On trouve parmi ces derniers notamment le ministère de la Transition énergétique lui-même ou encore le Smer et l’ADEME. Le choix de ces sites s’explique par la prise en compte de contextes variés, urbain ou péri-urbain mais aussi de zones climatiques différentes. Au total, ce sont cent agents volontaires qui ont été suivis.

    Des seuils à définir

    Après avoir scruté de près toutes ces consommations, l’Ademe et l’IFPEB ont conclu que globalement le bilan énergétique global du télétravail semblait être le plus souvent positif. Néanmoins, des écarts sont visibles selon les sites étudiés. Et les agences d’en conclure qu’il y a « probablement des seuils à définir comme le niveau de consommation et la densité d’occupation du bureau » ou encore «la distance moyenne domicile-travail ».

    Le poids du transport diffère selon les situations

    Car sur ce dernier point en effet, les économies d’énergie liées à la mobilité pèsent beaucoup dans le bilan global. La distance domicile-travail et la possibilité d’utiliser des transports en commun ou le vélo peuvent réduire l’impact du télétravail. Ainsi, dans des territoires où les trajets domicile-travail sont plus longs et où l’absence d’alternative à la voiture est une réalité, les économies de carburant sont de facto plus fort. Ces dernières peuvent être 2 à 4 fois plus importantes qu’à Paris.

    20 et 30% d’économies d’énergie

    Il resort également de l’étude que seule une fermeture d’un site sur une journée permet une économie d’énergie importante, pouvant aller de 20 à 30%. A l’inverse, sans fermeture de site, l’impact de l’absence d’une partie des travailleurs sur site est faible. Autre point, il est précisé que le « bilan énergétique global du télétravail pourra évoluer au fur et à mesure de l’accélération de la transition ». Des bâtiments mieux isolés ou une densification des bureaux ne seront pas sans effet par exemple sur le bilan global.

    Poursuivre les mesures

    Suite à ce premier rendu, la ministre de la Transition énergétique, a demandé la poursuite de l’expérimentation au-delà de l’hiver 2022-2023 afin de consolider les résultats. Il s’agira en effet d’affiner les données recueillies sur les logements et d’améliorer l’analyse des effets rebond sur les mobilités induites complémentaires liées au télétravail. Enfin, un guide à destination des acteurs qui souhaitent intégrer le télétravail dans leur politique RSE devrait voir le jour dans les prochains jours. Un appel à manifestation d’intérêt sera publié pour inviter les organisations intéressées à contribuer son élaboration.

     

    Pour consulter les supports de cette première présentation, cliquez ici.