Mobilité : qu’est-ce que le MaaS ?
La mobilité est peut-être le secteur idoine pour expérimenter de nouvelles solutions de smart territoires. Parmi les prochains défis, le MaaS ; pour « Mobility as a Service », s’est imposé dans le jargon des experts du secteur. Pour en savoir plus sur ce concept, les avancées possibles mais aussi ses limites, nous sommes allés poser quelques questions à Sébastien Capelle, Directeur des Mobilités chez Orange Smart Cities.
Qu’est-ce que le MaaS ? Est-ce un synonyme « d’intermodalité » ?
Le terme MaaS va au-delà de l’idée d’intermodalité. C’est la notion d’avoir le « tout en un », via la convergence de l’information et du paiement. L’appellation a été inventé par la société finlandaise « MaaS Global ». Elle a été la première à bouleverser les transports d’une grande ville, en l’occurrence Helsinki, grâce à son application baptisée « Whim ».
Mais le concept en lui-même est plus ancien et a émergé progressivement ces dernières années. Ainsi par exemple, on désignait déjà cette idée il y a dix ans avec la formulation moins vendeuse de « convergence de l’information multimodale et de la billetique ». Le terme « MaaS » s’est imposé dans le paysage de la mobilité en France parce qu’il permet de mettre derrière quatre lettres, un ensemble de notions parfois complexes.
Dans un récent article, vous parler de la nécessité de faire évoluer ce terme de MaaS en CaaS, pourquoi ce glissement est-il nécessaire ?
Pour que le MaaS devienne réalité, il faut créer une énorme plateforme informatique capable de connecter tous les services de mobilités possibles et envisageables ; tout en ayant, côté utilisateurs, la possibilité d’avoir un compte unique. A chaque fois qu’un acte de déplacement est fait, il est enregistré et payé automatiquement.
Notre approche consiste à profiter des moyens importants mis en place, pour intégrer l’ensemble des services culturels, sportifs voir commerciaux. L’enjeu est aujourd’hui de ne pas se limiter à la simple mobilité.
On peut donc relier cette vision à celle de Ma Ville dans ma Poche. Il ne s’agira pas forcément d’avoir pour les usagers une seule interface vers l’ensemble des services, mais bien une infrastructure/plateforme commune partagée, permettant l’accès et la vente à ces services, centralisant leur usage dans un compte personnel « ville », et rémunérant les fournisseurs des services.
A-t-on déjà des exemples concrets de MaaS à la « française » ?
En France, plusieurs projets vont dans cette direction. Mulhouse Alsace Agglomération a par exemple mis en place un « compte de mobilité » avec l’idée de développer l’utilisation des modes de déplacement alternatifs à la voiture en solo. Aujourd’hui, pratiquement toutes les moyennes et grandes collectivités françaises regardent de près les nouvelles possibilités offertes et pour certaines, des projets qui sont en train de voir le jour.
L’enjeu est de savoir qui va mettre en place cette plateforme. Est-ce directement les collectivités ? Est-ce une délégation de service public ou un acteur privé ? S’ajoute également des réflexions autour du modèle tarifaire. Si en Finlande, ce service s’est construit via un modèle privé, nous avons un consensus en France sur l’idée qu’il est nécessaire d’avoir des pilotages publics ; ne serait-ce que pour pouvoir inclure les dimensions de stationnement et de transport en commun.
Cela devient un outil extrêmement intéressant, y compris pour orienter les politiques publiques, puisque cela peut permettre de favoriser tel ou tel mode de déplacement.
Quelle est pour vous l’échelle idéale ?
Construire cette plateforme peut avoir du sens au niveau régional et au niveau des intercommunalités. L’un des grands enjeux va être l’articulation entre Régions et Collectivités, notamment du côté des Métropoles. Leurs approches peuvent être différentes ; inclusives, globales et génériques d’un côté ; et donc aussi plus longues et plus complexes à mettre en place. De l’autre côté, les Métropoles sont en train d’aller beaucoup plus vite, elles ouvrent déjà pour certaines leur réflexion, à leur bassin de vie. Le risque est donc d’aller vers des plateformes in fine peu compatibles.
Avant de proposer des modes de déplacement, il est nécessaire de bien connaître les habitudes des habitants. Quels outils peuvent permettre aux collectivités de réaliser cette phase d’analyse ?
Très clairement, les trois grandes briques d’une telle plateforme sont d’un côté la centrale de mobilité qui va récupérer toute l’information (incluant le temps réel), le compte de mobilité et enfin un observatoire de mobilité pour lequel une solution comme Flux Vision peut permettre de croiser, de compléter les informations disponibles.
Etre capable d’analyser de manière quantitative sera d’autant plus nécessaire que l’on fera du Caas un véritable couteau suisse de la relation citoyenne, offrant aux décideurs l’outil numérique leur permettant d’ajuster leurs politiques de service, leur remontant rapidement toutes les informations sur les usages réels (avec la porte ouverte vers le big data et l’intelligence artificielle), sans oublier la possibilité du partage d’information entre citoyens et la facilité de les questionner interactivement pour piloter l’action publique au plus près des préoccupations des gens.
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