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    Applications & usages

    La Tournée du Numérique : Jean-Philippe Delbonnel, conseiller municipal à Fleury-les-Aubrais

    Interview de Jean-Philippe Delbonnel, conseiller municipal à Fleury-les-Aubrais, en charge du développement numérique et auteur de la Tournée du Numérique qui nous fait part de sa vision pour la ville numérique.

    Vous avez effectué une tournée du numérique en France et en Europe en 2016. Vous la prolongez cette année. Comment vous est venue cette idée ?

    J’ai été élu en 2014 au développement numérique à Fleury-les-Aubrais. Je me suis alors posé un certain nombre de questions : par où commencer? quelles sont nos marges de manœuvre ? Quelle peut être la place du numérique pour ma commune? Parallèlement, je voyais naître un peu partout en France des incubateurs, des accélérateurs, des start up. On parle de plus en plus de Big Data, de fibre optique, de e-démocratie. J’ai donc cherché un moyen pour découvrir tout ce que l’on pouvait faire grâce au numérique. Et comment ce dernier pouvait être un support, un moyen pour améliorer le quotidien et pour générer des économies.

    Avec le prolongement de votre tournée en 2017, avez-vous l’ambition de proposer des projets de loi ?

    J’aimerais en tout cas pouvoir soumettre le livre à l’ensemble des candidats à la présidentielle. Parmis les 200 pages qui le composent, on trouve mes impressions sur les différentes rencontres mais surtout des témoignages de toutes celles et tous ceux qui font le numérique.

    Les collectivités territoriales sont-elles aujourd’hui de plus en plus numérisées ? Avez-vous vu chez celles que vous avez pu découvrir, une capacité à s’adapter ?

    Je me suis rendu dans 25 communes au quatre coins de la France. Il y a une sensibilisation directe au numérique. Mais, il reste à voir bien évidemment avec le temps si cela dépasse l’effet de mode et si cela correspond a une réelle prise de conscience. De cette Tournée du numérique, je retire 3 critères nécessaire pour pouvoir prétendre être une ville numérique : celui de la smart city ou de la ville intelligente, celui de la ville éco responsable et enfin celui de posséder un écosystème composé d’acteurs du numérique. Les initiatives que j’ai pu découvrir étaient toutes très différentes, allant de la mise en place de borne de satisfaction à Angers à une politique d’installation de wifi linéaire en ville comme cela est le cas à Bordeaux. Dans tous les cas, le réseau THD est la base de tout, c’est le premier chantier qu’il faut terminer.

    Existe-t-il une grande différence dans la pratique numérique en France et en Europe ?

    Mon premier déplacement a été à Jun en Espagne. C’est une petite commune de 3700 habitants où le maire, José Antonio Rodriguez Salas a développé la démocratie horizontale. Toute la ville est entièrement gérée via le réseau social twitter. 70% de la population possède un compte et tout le monde peut interagir avec le maire. Cela permet aux habitants de faire remonter les problèmes rencontrés au quotidien ou de proposer des idées. En France, nous avons un système pyramidale qui nécessite de passer par un certain nombre d’échelons avant de pouvoir joindre Monsieur ou Madame la Maire. À Jun, tout le monde est au même niveau et peut interagir en direct. Je suis aussi allé découvrir aussi “l’e-Estonie”. Les estoniens ont par exemple lancé l’IDCard. Ce pays est considéré comme le 3ème Etat le plus numérique au monde. Ils ont beaucoup d’avance sur nous notamment pour la télémédecine. Concrètement, vous êtes aidés par une infirmière ou un infirmier et à distance, vous avez votre ordonnance. Je viens de la Région Centre, c’est l’une des régions les plus touchées par la désertification médicale. On ne parle pas assez de télémédecine. Aujourd’hui, si les médecins veulent rester au bord de la mer ou auprès de leurs familles tout en répondant au besoin médicaux de certains territoires, cela est possible grâce au numérique.

    A quoi ressemble la ville numérique de demain ?

    Elle reprend les trois critères suivant : smart cities, ville éco responsable et dispose d’un écosystème. Je me suis surtout rendu compte d’une chose : même avec les meilleures technologies, les meilleures innovations, s’il n’y a pas l’humain derrière, cela ne marche pas. Dans ma commune, nous allons lancer un plan pour en faire la ville la plus numérique de France d’ici 10 ans. Cette année, nous allons lancer un plan d’action et de concertation en associant les habitants grâce à une plateforme collaborative. Pour faire de notre ville une Smartcity et collectivité éco responsable, on peut construire les infrastructures, mais pour faire un écosystème, il faut le bâtir avec des personnes engagés dans le numérique.

    Lire aussi : La Tournée du numérique racontée dans un livre