HyData, l’hydrogène et datacenters
Alors que 4 Régions françaises viennent de confirmer l’achat de trains à hydrogène, une première en France, arrêtons-nous aujourd’hui sur un autre usage de ce carburant du futur. En effet, en région Bourgogne-Franche-Comté, on teste grandeur nature son utilisation pour les datacenters. Si cette expérimentation, baptisée HyData doit permettre dans un premier temps de remplacer les groupes électrogènes prévus en cas de coupure électrique; des perspectives encore plus ambitieuses sont d’ores-et-déjà imaginées. Explications.
Des data center qui « roulent » encore au gasoil
Le saviez-vous ? Dans tout datacenter, on trouve une salle conçue pour prendre le relais à la moindre défaillance du réseau électrique. A l’intérieur, point de matériels dernière technologie mais des énormes groupes électrogènes fonctionnant au gasoil. Ces machines sont essentielles. Sans elles en effet, l’accès à des milliers de sites et autant de services serait rendu impossible à la moindre coupure.
L’hydrogène peut-il décarbonner le numérique ?
A cette utilisation occasionnelle de carburant s’ajoute aussi l’usage d’énergie fossile pour produire tout simplement l’électricité nécessaire. Car si la France, peut se targuer de produire de l’électricité peu carbonée grâce au nucléaire; ce n’est pas partout le cas. En effet, l’utilisation d’usine à charbon est encore trop souvent la norme.
Un consortium y croit dur comme fer
A Belfort, un consortium s’est justement constitué pour tenter de décarboner le numérique et en particulier les datacenters. Autour de Robin Roche, enseignant-chercheur en génie électrique à l’Université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM), on trouve ainsi la start up H2Sys, concepteur et fabricant de générateurs à hydrogène.
1.5 Million d’euros de budget pour un projet franco-français
Deux PME franc-comtoises font également partie du projet. Il s’agit de Mahytec, spécialiste du stockage et de systèmes de production d’hydrogène et Trinaps, un opérateur télécom exploitant son propre datacenter à Belfort, Extendo. Enfin, côté financement, bpifrance et la région Bourgogne-Franche-Comté ont décidé de soutenir cette expérimentation avec un budget de 1,5 million d’euros.
Passer d’une dizaine de millisecondes à une seule
Concrètement, cette somme permet de financer les travaux de recherches sur les deux démonstrateurs imaginés dans le cadre de ce projet baptisé « HyData ». D’ores-et-déjà, au sein du Pôle hydrogène du Techn’Hom de Belfort; une baie de 42 unités permet de collecter les premières observations… Et l’enjeu est de taille. Il s’agit de remplacer les générateurs de secours par des systèmes hybrides avec pile à combustible. Un second démonstrateur devrait être mis en service dans le courant de l’année. L’objectif est de réduire le temps de relais d’une dizaine de millisecondes à une seule.
Vers une alimentation hydrogène en continu ?
Pour Robin Roche, cette technologie sera duplicable dans les datacenters lorsqu’il sera possible de lier une montée en puissance et une baisse de ce temps dit de « criticité ». En effet, « la gestion simultanée des deux équipements permet de faire face au court et long terme ». Si les premiers retours se confirment, ce système hybride pourrait, à moyen terme, permettre d’alimenter en continu les datacenters et de varier la puissance des batteries selon les besoins.