Sésame Patrimoine : le smartphone au service de l’ouverture des églises rurales

La Fondation du Patrimoine et Orange déploient une solution innovante pour rendre accessibles les monuments fermés au public : Sésame Patrimoine. Alexandre Giuglaris, directeur général de la Fondation du Patrimoine, Nicolas Guérin, secrétaire général d’Orange, et Daniel Canet, maire de Longepierre en Saône-et-Loire, nous présentent ce dispositif qui pourrait révolutionner l’accès au patrimoine dans les petites communes.
Un enjeu d’ouverture après 30 ans de restauration
Depuis presque 30 ans, la Fondation du Patrimoine accompagne des projets de restauration. Aujourd’hui, elle franchit une nouvelle étape. « Restaurer, c’est évidemment important, mais si c’est pour que ça reste fermé, ça n’a pas beaucoup d’intérêt », explique Alexandre Giuglaris.
La solution Sésame Patrimoine répond justement à ce problème concret. De nombreux édifices, notamment des petites églises de village, restent fermés faute de personnel. « On n’a pas suffisamment de gens, de bénévoles et encore moins d’agents pour faire ça », précise le directeur général. Dans le cadre d’un appel à projets, Orange a manifesté son souhait de participer à cette aventure pour offrir un accès sécurisé à ces monuments.
Une technologie simple accessible depuis un smartphone
Le système repose sur une technologie accessible à tous. Nicolas Guérin détaille le fonctionnement : « C’est simplement un smartphone. Vous utilisez votre téléphone pour ouvrir et fermer. » L’application permet d’authentifier chaque visiteur.
La sécurité peut facilement être renforcée par plusieurs dispositifs complémentaires. Des capteurs peuvent détecter si un objet exposé s’éloigne de son emplacement. « Vous avez une opportunité d’utiliser le meilleur du mobile pour permettre de sécuriser les œuvres sur site », souligne le secrétaire général d’Orange. Le système intègre également des détecteurs de contact, des alarmes incendie et des caméras d’enregistrement.
Une expérimentation prometteuse à Longepierre
Daniel Canet, maire de Longepierre, utilise ce dispositif depuis deux ans. Dans sa commune de 170 habitants, une personne ouvre et ferme l’église quotidiennement avec un badge. « Pour les visiteurs, ceux qui veulent venir voir les tableaux qui sont à l’intérieur de l’église, il n’y a pas de souci », indique-t-il.
Le système permet aussi l’accès via QR code. L’expérimentation s’inscrit dans un projet plus large. « Il y a 27 communes, je crois, qui peuvent avoir le même système dans leurs églises », précise le maire. La vidéosurveillance complète sera déployée prochainement pour finaliser le dispositif de sécurisation.
Un patrimoine immatériel enrichi par le numérique
Au-delà de l’ouverture physique, Sésame Patrimoine offre du contenu enrichi. Les visiteurs pourront accéder à des explications historiques sur les lieux. Le téléphone est alors aussi un outil de médiation. Il permettra concrètement aussi d’obtenir des informations détaillées. « Ça permet de conserver le patrimoine là où il est et de l’exploiter sur place », souligne Nicolas Guérin.
Cette approche évite de centraliser les œuvres dans des musées régionaux. Elle maintient la richesse culturelle in situ. Les techniques de restauration et l’histoire des communautés locales pourront être découvertes directement sur place.
Une cause populaire au service des territoires ruraux
L’engouement pour le patrimoine s’est considérablement développé ces dernières années. « Le soir de l’incendie de Notre-Dame de Paris », les Français ont montré leur attachement. Le succès du Loto du patrimoine et des Journées européennes du patrimoine témoigne également de cet intérêt grandissant.
L’enjeu est particulièrement fort pour les petites communes. En dessous de 800 habitants, les budgets sont inexistants pour assurer l’ouverture. « Or il y a un véritable attrait populaire, une envie aussi d’avoir des expériences touristiques un peu différentes », observe Alexandre Giuglaris. Sésame Patrimoine permettra d’exploiter cette richesse méconnue du patrimoine rural.
Le coût de fonctionnement sera raisonnable. L’objectif : démocratiser une solution accessible à toutes les communes, quelle que soit leur taille.





