À LA ROCHE-SUR-YON, LE SOUCI DE “GARANTIR L’ÉQUITÉ D’ACCÈS AU NUMÉRIQUE”
À La Roche-sur-Yon, l’accès au numérique est une priorité. Entre le déploiement de la fibre optique, le Wi-Fi gratuit dans les lieux stratégiques, et les initiatives comme la Loco numérique, la municipalité s’engage à réduire la fracture numérique et à garantir l’équité pour tous ses habitants. Pour en savoir plus, Paroles d’élus est allé à la rencontre de Nathalie Gosselin. L’adjointe au maire, en charge de ces dossiers, partage les défis rencontrés et les solutions apportées.
Paroles d’élus : Comment se répartit le déploiement de la fibre aujourd’hui en Vendée ?
Nathalie Gosselin : Pour le département, une partie du déploiement est assurée par Vendée Numérique, via son RIP. Plusieurs collectivités, à l’instar de La Roche-sur-Yon, Mareuil-sur-Lay-Dissais ou Les Sables-d’Olonne, sont en zone AMII (NDLR : Appel à manifestation d’intention d’investissement). Au total, 19 communes sont concernées, ce qui représente 90 000 locaux. Orange est l’unique opérateur à avoir manifesté son intention de déployer la fibre optique dans ces zones.
Que s’est-il passé depuis la venue de Nicolas Guérin ? Les engagements pris par Orange à cette occasion ont-ils été tenus ?
Le déploiement de la fibre s’accélère. Aujourd’hui, nous sommes à environ 85 à 87 % de locaux raccordables. Mais le plus dur est, pour ainsi dire, devant nous, avec des habitations parfois très éloignées. La Roche-sur-Yon a beau être une préfecture, elle a, comme beaucoup d’autres villes de taille moyenne en France, la campagne à quelques kilomètres de son cœur de ville. Malgré les difficultés techniques, je suis confiante. L’équipe d’Orange a remis les choses à plat depuis un an, de manière à répondre efficacement aux aléas du déploiement. Jérôme Carissimo, à la tête de la direction des relations avec les collectivités de Vendée chez Orange, est très à l’écoute. Nous faisons très régulièrement des points d’étape, et je peux lui remonter directement les difficultés rencontrées par les habitants. Cette relation de confiance est très importante et nous permet d’apporter des réponses concrètes.
Quelles difficultés ont dû être soulevées ?
Pour tenir ses engagements, Orange a dû faire face à plusieurs sujets, certains d’ordre organisationnel, avec un changement de prestataire, d’autres conjoncturels.
Mais déployer la fibre, c’est aussi affronter des problématiques parfois inattendues. Je pense, par exemple, aux difficultés rencontrées récemment pour pouvoir utiliser les poteaux d’Enedis. Ces derniers posent problème, car ils ne peuvent pas accueillir la fibre. Il a donc fallu les doubler à certains endroits, créant parfois une incompréhension de la part des riverains, quand ce n’étaient pas les ruptures d’approvisionnement au niveau national qu’il fallait gérer.
Le hameau de Château-Fromage est-il un bon exemple ?
En effet, car Château-Fromage est un cas d’école. Ce hameau, rattaché à La Roche-sur-Yon, se situe à 6 km à l’est du centre-ville, en pleine campagne. Les habitations devaient faire avec un débit quasi inexistant. Elles sont également éloignées des répartiteurs et la 4G ne passe pas. Par équité pour tous nos concitoyens, nous avons donc mis cette zone en priorité absolue pour le raccordement à la fibre.
Pour la population, ce n’était même plus une question d’impatience ou d’énervement, c’était du désespoir. Aujourd’hui, les habitations sont raccordées et des améliorations concernant la connexion mobile vont être apportées.
On comprend que vous êtes très impliquée. C’est du quasi cas par cas ?
Bien sûr ! Les réunions publiques de quartier avec Monsieur le Maire en sont une bonne démonstration. À chaque fois, la fibre est un des sujets importants. Je participe donc systématiquement à chacune d’entre elles. Et nous en profitons pour prendre les noms et contacts afin de remonter les problèmes à l’équipe de Monsieur Carissimo.
Le Wi-Fi gratuit répond-t-il aussi à ce souci d’égalité d’accès au numérique ?
À date, nous avons déployé 250 bornes, avec une priorité pour les médiathèques, mais aussi les infrastructures sportives qui ont des besoins très spécifiques. En effet, dès que l’on dépasse une certaine division, il y a une obligation de publier les scores en direct. Ça montre qu’on a une belle dynamique sportive, mais ça nous pousse aussi à déployer rapidement.
Nous avons également équipé les maisons de quartier, le conservatoire, les grandes places comme la place Napoléon. Ces installations ont montré leur utilité pendant le COVID. J’ai l’exemple d’une maman qui venait sur la place avec une tablette prêtée par l’école pour télécharger les devoirs de sa fille grâce au Wi-Fi gratuit. C’est un vrai service qui crée de l’équité.
Difficile de parler numérique à La Roche-sur-Yon sans évoquer la Loco. Là encore, c’est un outil qui a fait ses preuves ?
La Loco numérique a fêté ses 10 ans il y a quelques jours. C’est un des premiers projets que nous avons repris en 2014. Son nom vient de son emplacement stratégique, à côté de la gare. Nous avons commencé avec une pépinière numérique, en collaboration avec des clubs d’entreprises et des banques. L’un de nos premiers objectifs était de donner de la visibilité aux entreprises grâce à des petits-déjeuners et des présentations de projets… Nous avons réussi progressivement à fédérer tout ce monde et à créer une véritable cartographie des acteurs numériques locaux. De 800 m², nous sommes aujourd’hui à 2 000 m² sur deux sites. Et sur cette surface, il ne reste qu’un bureau libre de 22 m². La proximité de la gare nous permet d’accueillir aussi des télétravailleurs de grandes entreprises, souvent en mission pour quelques jours sur le territoire. Parallèlement, le coworking marche très bien, avec des habitués qui viennent comme à un bureau classique.
Quels sont les prochains projets d’ici la fin du mandat ?
Nous allons présenter une stratégie numérique responsable au conseil municipal. Pour cela, nous avons fait un bilan carbone numérique. Nous travaillons déjà avec du matériel reconditionné ou recyclé, mais il nous reste des progrès à faire. Je pense notamment aux imprimantes et aux écrans. Le fait de proposer des doubles écrans, par exemple, a un gros impact carbone.
Parmi les autres dossiers, nous allons aussi travailler sur l’inclusion numérique, avec des formations pour les parents, des Espaces Publics Numériques dans les quartiers prioritaires et un accompagnement pour les populations éloignées. Il y a encore beaucoup à faire, mais c’est passionnant.