Quelle place pour le numérique dans le plan Action Cœur de Villes ?
Si ces dernières années, tous les regards ou presque étaient tournés vers les Métropoles, le plan Action Cœur de villes, lancé par le gouvernement fin 2017, s’intéresse au devenir de celles qu’on appelle les villes moyennes. Malgré de nombreux atouts, elles font face aujourd’hui à de multiples problématiques. S’il n’est pas la seule réponse, le numérique est un outil essentiel…
Les Métropoles en France sont très attractives et il faut s’en réjouir. Mais comme souvent, la réussite des uns ne doit pas cacher les difficultés des autres. Trop souvent oubliées, celles qu’on désigne comme « villes moyennes», représentent pourtant au total 23% de la population française, soit 16,35 millions d’habitants et 26% de l’emploi total en France.
« Villes moyennes », ce terme n’a d’ailleurs de sens qu’en comparaison aux capitales et métropoles de nos Régions. Pour beaucoup de français en effet, ces collectivités sont la grande ville près de chez eux. Avec une population allant de 20 000 à 100 000 habitants, elles ont souvent le rôle de locomotive pour leur agglomération.
Cela faisait près de 20 ans qu’aucun plan d’accompagnement spécifique n’avait pas vu le jour. Les problématiques n’ont pas surgi du jour au lendemain ; appauvrissement des centres villes, vacances des commerces et des habitations, fermeture des services, etc. Pour aider les collectivités à faire face, le plan Action Cœur de Villes veut être une réponse à la fois ambitieuse et pragmatique. Il possède ainsi une enveloppe de plus des 5 milliards d’euros sur cinq ans dont 1 Md€ de la Caisse des dépôts en fonds propres, 700 M€ en prêts, 1,5 Md€ d’Action Logement et 1 Md€ de l’Anah.
Ce plan a été conçu en concertation avec l’association Villes de France, membre de Paroles d’Elus. Cette dernière, par la voix de Caroline Cayeux, sa Présidente, a formulé plusieurs propositions très concrètes : « Nos attentes en matière d’attractivité et de développement économiques sont fortes. Il s’agira de soutenir et valoriser la force du tissu des TPE-PME, mais aussi de s’appuyer sur tout un pan de la nouvelle économie qui est prometteuse, comme l’économie circulaire, la smart city, l’économie de la transition démographique ».
Si Action Cœur de Villes vise des chantiers importants, comme la rénovation d’immeubles en centre-ville par exemple, le numérique y trouve également toute sa place avec tout d’abord un accès prioritaire à la fibre dans les cœurs de villes. Le gouvernement souligne ainsi avoir « obtenu des opérateurs des garanties de déploiement généralisé de la fibre optique pour 100% des habitants des villes situées dans les zones urbaines denses et très denses au plus tard fin 2020 ». Cet aspect est primordiale « pour faciliter l‘implantation d’activités, de commerces et de tous les nouveaux services qui nécessitent une connexion de qualité ».Le plan Action Cœur de Villes prévoit également de soutenir le WIFI publique dans les centres villes grâce notamment à plusieurs dispositifs déjà existants, à l’instar des CPER, les contrats de plan Etat-régions (CPER) ou le Wifi4EU, programme européen de financement.
Le programme accompagnera l’installation d’équipement dans les espaces publics des zones peu denses à hauteur de120 millions d’euros. L’enjeu est d’offrir une connexion gratuite et de qualité, nécessaire pour développer de nouveaux services à l’instar du e-tourisme notamment.
Autre aspect, et non des moindres face à la concurrence de la vente en ligne, le plan vise à favoriser l’intégration du digital dans le business modèle des commerçants. Ainsi, les chambres de commerce et d’industrie (CCI) « accompagneront la transformation numérique des commerces de centre-ville en proposant des e-services de qualité. Il s’agit de favoriser la complémentarité entre commerce physique et e-commerce ».
Enfin, pour répondre aux attentes des Français et des entrepreneurs, qui déclarent pour plus de 40% d’entre eux être tentés par le télétravail, le plan souhaite également accompagner le développement des nouveaux espaces dans les cœurs de villes, comme les tiers–lieux et les espaces de coworking.