Pix : 3 travailleurs sur 5 ne disposent pas des compétences numériques nécessaires

Dans le cadre de la feuille de route nationale France Numérique Ensemble, l’Observatoire Pix des compétences numériques a dévoilé ce mardi les résultats de sa première étude sur la maîtrise du numérique des personnes en emploi en France. L’approche permet d’éclairer différemment la notion de fracture numérique. Parmi les résultats alarmants qui en ressortent, on découvre que 3 personnes en emploi sur 5 ne disposent pas des compétences numériques nécessaires à leur autonomie professionnelle. Cette étude met aussi en lumière des disparités marquées selon le profil professionnel, l’âge et le niveau d’études, soulignant l’importance de dispositifs de formation adaptés.
Exploiter pleinement le numérique
Alors que la place croissante de l’IA dans notre quotidien interroge autant qu’elle inquiète bon nombre de salariés, l’étude « Les compétences numériques en France » publiée par l’Observatoire Pix démontre qu’un fossé était déjà bien réel avant l’émergence de ChatGPT et consorts. En effet, moins de 40 % atteignent un niveau d’autonomie leur permettant d’exploiter pleinement le numérique dans un cadre professionnel.
L’Observatoire Pix offre une lecture différente
Interrogé sur la démarche, le directeur de Pix Benjamin Marteau précise : « Lorsqu’on évoque les inégalités face au numérique, on parle souvent de fracture numérique ou d’illectronisme, opposant ceux qui maîtrisent à ceux qui en seraient exclus. Cette étude invite à une lecture différente : nous y révélons un risque majeur de « décrochage numérique », exposant tous les métiers, toutes les catégories socio-professionnelles, à tous les âges, du fait de l’évolution rapide des technologies. »
De quoi parle-t-on ?
Dans un communiqué de presse, Pix prend le soin de définir la notion d’autonomie numérique en milieu professionnel. Concrètement, une personne est considérée comme autonome lorsqu’elle maîtrise les outils numériques de base lui permettant d’exécuter des tâches professionnelles courantes. Cela inclut l’utilisation d’outils collaboratifs, d’un agenda en ligne, ou encore la manipulation basique de données dans un tableur. La cybersécurité et l’adaptation à de nouveaux outils numériques sont également des compétences clés.
Des cadres plus à l’aise ?
Cette étude vient battre en brèche certaines croyances. Parmi celles-ci, celle des connaissances des cadres. En effet, bien que les attentes professionnelles soient élevées pour les cadres, seule la moitié d’entre eux atteignent un niveau d’autonomie numérique professionnelle. Autres chiffres révélateurs : 80 % des cadres ne savent pas analyser la fiabilité d’une source d’information, 31 % des cadres ne savent pas calculer une moyenne dans un tableur, et 1 cadre sur 3 ne sait pas reconnaître une tentative de phishing, par exemple.
Les ouvriers en grande difficulté
Les ouvriers rencontrent des difficultés majeures avec les outils numériques. Seul 1 ouvrier sur 4 est un utilisateur autonome. Par exemple, 39 % des ouvriers ne parviennent pas à télécharger un document en ligne, comme une fiche de paie. Ces difficultés accentuent le risque de décrochage professionnel.
Pour l’Obervatoire Pix, les jeunes mieux lotis
Chez les 15-34 ans, 1 jeune en emploi sur 2 atteint le niveau d’autonomie numérique professionnelle. Cependant, des fragilités subsistent dans certaines compétences essentielles. Par exemple, 51 % des jeunes ne savent pas calculer une moyenne dans un tableur. Ces lacunes peuvent limiter leur efficacité en milieu professionnel.
Des difficultés plus marquées chez les plus de 55 ans
Pour une grande majorité des personnes en emploi de plus de 55 ans, le numérique au travail reste un défi quotidien. Dans le détail, seul 1 sur 5 est considéré comme autonome et 39 % sont en grande difficulté (20 % chez l’ensemble des personnes en emploi).
Le niveau d’études vs niveau d’autonomie
Le niveau de formation joue un rôle déterminant dans l’autonomie numérique. Les personnes titulaires d’un bac ou d’un diplôme inférieur rencontrent plus de difficultés : moins d’1 sur 3 atteint l’autonomie numérique. À l’inverse, 3 titulaires d’un master ou plus sur 5 atteignent ce niveau, mais des fragilités subsistent. Par exemple, 77 % ne savent pas évaluer la fiabilité d’un article partagé en ligne.