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    Ruralitic : Pour Philippe Le Grand, “On a besoin d’un ministre avec qui on puisse travailler très vite”

    Rendez-vous incontournable de la fin de l’été, Ruraltic, le Smart Village vous attend dès demain au Centre des Congrès d’Aurillac, dans le Cantal. Au programme de cette 19ème édition, trois jours de réflexion et de témoignages autour notamment de l’accès aux réseaux. Paroles d’élus a pu poser quelques questions à Philippe Le Grand, Président d’InfraNum et intervenant de l’une des tables rondes.

    Paroles d’élus : Que représente pour InfraNum un événement comme Ruralitic ?

    Philippe Le Grand : Ruraltic c’est déjà pour nous une tradition et un événement incontournable de cette prérentrée. Travail et convivialité sont les deux maîtres-mots qui lui assurent le succès croissant qu’il rencontre. C’est aussi un moment où beaucoup d’acteurs de la ruralité se réunissent. On peut se poser et sentir les choses telles qu’elles sont vécues dans les territoires. Le Cantal est particulièrement actif depuis toujours, avec beaucoup d’élus qui participent. C’est donc un vrai moment d’échange, à la fois détendu et qui nous ramène aux racines de l’engagement numérique.

    Paroles d’élus : Quels messages allez-vous porter au nom d’InfraNum lors de votre intervention ?

    Philippe Le Grand : D’abord rappeler que nous vivons une période assez atypique. La nomination d’un nouveau gouvernement se fait attendre. On attend de ce gouvernement, quel qu’il soit, qu’il s’empare des sujets numériques, pas moins activement que le précédent. La brièveté du mandat de Marina Ferrari ne lui a pas permis de s’impliquer sur nos sujets. On a donc besoin d’un ministre qui tranche sur plusieurs aspects, comme la question des raccordements complexes, l’équilibre économique à long terme des réseaux, le financement de la vie des réseaux, et leur résilience. Ce sont des sujets qui nous tiennent à cœur, et pour lesquels nous avons besoin d’un gouvernement impliqué.

    Paroles d’élus : Vous avez appelé récemment à refonder le « Pacte numérique des Territoires ». Avez-vous bon espoir  que cet appel soit entendu ?

    Philippe Le Grand : Dans notre observatoire publié lors du dernier TRIP de l’Avicca, nous avons en effet porté collectivement ce message. Professionnels, élus, collectivités ont appelé d’une seule et même voix à la refondation de ce « Pacte numérique des territoires ». Force et de constater que nous attendons des décisions et de l’action de la part du gouvernement. L’autre partie du message, c’est que nous souhaitons être soutenus sur les activités porteuses. Nous attendons une stimulation sur les territoires connectés et durables, sur la 5G industrielle, ainsi que sur notre démarche à l’export. Nous avons beaucoup de projets internationaux que nous souhaitons voir aboutir, et cela nécessite des acteurs publics organisés et motivés en face.

    Paroles d’élus : L’absence de la Ministre lors du dernier TRIP, à quelques jours des élections européennes a donc été un rendez-vous manqué…

    Philippe Le Grand : Oui et c’est un paradoxe car Marina Ferrari, en tant que personnalité, nous avait fait extrêmement bonne impression. Nous avons vu quelqu’un de travailleur, motivé et humble vis-à-vis de ces sujets. On est donc parti avec beaucoup d’espoir. Mais elle a été happée par bien d’autres sujets, peut-être mal conseillée, ce qui l’a conduit à commettre quelques erreurs notables dans l’accompagnement des projets de réseaux d’initiative publique. Là, on ne veut pas que ça se reproduise. Ce sera notre troisième ministre du numérique durant ce quinquennat. On a besoin d’un ministre compétent, motivé, avec qui on puisse travailler très vite.

    Paroles d’élus : Le numérique n’a pas été un sujet de la dernière campagne législatives. Est-ce parce que tout le monde est d’accord sur les dossiers et les enjeux ?

    Philippe Le Grand : Ce serait naïf de le penser. On n’en parle pas parce qu’on n’a pas parlé de grand-chose, en fait, et surtout pas des problèmes des Français. Je ne sais pas si on a tiré toutes les leçons du scrutin. Ne pas prendre cela en considération serait une erreur. D’ailleurs, le numérique est une partie de la réponse. Si on avait écouté un peu mieux les Français, on aurait compris que les questions numériques contribuent à mieux insérer, mieux inclure, à rendre possible du travail de meilleure qualité dans les zones rurales.

    On a aussi, et c’est un peu français, tendance à célébrer la victoire avant la fin du match. Parce qu’on se considère comme les meilleurs, on oublie de voir que tout le monde avance et que nous, on s’arrête à dix mètres de la ligne d’arrivée. Et ça, c’est vraiment préjudiciable. On a trop de problèmes à régler pour aller jusqu’au bout du plan France Très Haut Débit, et trop de sujets à appréhender pour tirer la substantifique moelle de cette avancée sur les infrastructures numériques. S’arrêter maintenant, ce serait se voiler complètement la face.

    Il faut donc une appréhension globale des sujets du numérique, bien comprendre pourquoi on a fait tout ça, pourquoi il faut aller jusqu’au bout, et même bien au-delà. C’est pour cela qu’on a besoin de compétences et d’un regard éclairé. Encore une fois, si on cherche à répondre à la souffrance exprimée par les Français dans les urnes, on trouvera que le numérique est un élément de la solution.

    Paroles d’élus : Ces derniers mois, on voit que la filière française de la fibre concrétise son internationalisation avec des contrats remportés dans d’autres pays. Votre présence à Ruraltic rappelle-t-elle aussi que malgré cette réussite, les adhérents d’InfraNum sont implantés partout en France ?

    Philippe Le Grand : Oui, on s’internationalise, c’est sûr. On se développe beaucoup à l’international, mais sans jamais oublier d’où l’on vient. Nous avons effectivement des adhérents dans tous les territoires. Et je suis très heureux de pouvoir rencontrer, à cette occasion, certains d’entre eux qui sont en Auvergne ou en Rhône-Alpes. Nous sommes très présents dans les territoires, non seulement parce que nos entreprises y sont, mais aussi parce que l’ADN d’Infranum, ce sont les territoires. Les succès de la France sur le numérique ont toujours été partagés avec les territoires. Nous avons une proximité très forte avec les associations d’élus, et nous tirons le sens de notre action et de cette implication territoriale. C’est très important pour nous et nous ne le perdrons jamais de vue.

    Le Cantal, par exemple, en Auvergne, est un territoire emblématique, mais il y en a plein d’autres. Nous tenons à maintenir cette dynamique, car nous sommes forts ensemble. Il n’y aurait jamais eu de plan France Très Haut Débit sans des collectivités aussi motivées.

    Pour accéder à l’interview de Sébastien Côte, Commissaire de Ruralitic, c’est ici

    Pour en savoir plus sur le programme et vous inscrire à la 19ème édition de RURALITIC , c’est par ici !