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Sommaire de l’article
    Citoyens et société

    LE PATCH’WORK : Plus qu’une rustine, une solution durable à la crise du logement 

    Pour prolonger le dossier spécial logement publié en ce mois d’avril par Paroles d’élus et ses 7 associations partenaires, partons maintenant à la découverte d’une nouvelle initiative prometteuse. Lucie Perraudin est la fondatrice de LE PATCH’WORK. Son idée ? Transformer des conteneurs maritimes en logements durables et économes en énergie. Elle revient pour nous sur son parcours à la Croix-Rouge, les défis de l’accès au logement, et l’importance de l’inclusion numérique dans ses projets. L’occasion également d’en savoir plus sur les apports du programme Femmes Entrepreneuses dont elle a pu bénéficier et sur la collaboration avec les collectivités locales pour offrir des solutions de logement adaptées. 

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    Paroles d’élus : Pouvez-vous nous raconter la genèse de LE PATCH’WORK ? 

    Lucie Perraudin : Depuis longtemps, je m’intéresse à la question du mal-logement. Mon parcours a débuté par dix ans à la Croix-Rouge française, où j’ai travaillé sur la lutte contre les exclusions. Malgré différentes politiques publiques mises en place, j’ai pu constater que les difficultés d’accès au logement demeurent. En réalité, il y a un manque criant de logements, et il est impératif d’inventer des solutions. Les solutions modulaires sont souvent associées à l’urgence, mais ce n’est pas notre approche. Nous créons des logements durables et confortables. 

    Cette expérience m’a donné l’envie de lancer un premier dispositif baptisé « Comme chez ToiT », dont l’objectif est d’accompagner les porteurs de projet dans la mise en place de solutions d’habitats modulaires et modulables dans leurs territoires.  

    En fondant Le PATCH’WORK, j’ai souhaité aller plus loin et répondre à un constat récurrent : les solutions d’urgence, comme les hébergements temporaires pendant la période hivernale, finissent souvent par devenir des solutions à long terme. Les personnes restent parfois cinq ans dans ces logements d’urgence. Il est compliqué de les reloger, surtout dans certaines régions. Les personnes ayant des droits communs n’arrivent pas toujours à accéder à un logement durable. 

    Paroles d’élus : Comment êtes-vous passé de l’idée à une solution concrète facilement duplicable ? 

    Lucie Perraudin : En 2023, nous avons financé notre premier prototype. Nous avons collaboré avec un collectif, le comité D-base, pour concevoir le logement idéal. L’objectif était de créer des logements modulaires, inspirés des tiny houses en bois, mais en utilisant des conteneurs maritimes. Bien que le bois soit léger et facile à monter, le réemploi du conteneur offre une solution plus durable et respectueuse de l’environnement. Nous avons travaillé avec des experts du vécu pour concevoir des logements adaptés aux besoins des personnes en situation de précarité. 

    Pour changer d’échelle, j’ai cherché des constructeurs capables de répondre à un cahier des charges précis. J’ai découvert un réseau, Forma’Cargo, qui forme des personnes éloignées de l’emploi à transformer des conteneurs maritimes. Ils sont maintenant certifiés et proposent des formations qualifiantes. 

    Paroles d’élus : LE PATCH’WORK intègre-t-il  la problématique de l’accessibilité au numérique dans ses solutions ? 

    Lucie Perraudin : L’accès au numérique est en effet importante. C’est pourquoi, nous avons pensé à intégrer des prises pour brancher des box internet et avons conventionné avec des structures comme Orange pour fournir des tablettes reconditionnées ou des dons. Il est important que les résidents puissent se former aux usages numériques depuis leur logement. Cela leur permet d’accéder à leurs droits, de naviguer sur internet, et d’utiliser des applications bancaires. Nous envisageons également d’intégrer des solutions domotiques pour améliorer les logements, notamment en termes de consommation énergétique. Nous avons équipé notre deuxième prototype d’un panneau solaire pour rendre les solutions plus autonomes en énergie. 

    Paroles d’élus : Que vous a apporté le programme Femmes Entrepreneuses ? 

    Lucie Perraudin : Le programme m’a apporté beaucoup de soutien et de solidarité. J’ai pu échanger avec d’autres femmes entrepreneuses, ce qui m’a permis de remanier mon business model et de trouver des solutions pour changer d’échelle. Les masterclasses et les interventions d’experts ont été très enrichissantes. Le programme m’a également offert une grande visibilité et m’a permis de créer un écosystème solide. 

    Grâce au programme, j’ai pu travailler sur une solution d’accès à la santé avec deux autres femmes entrepreneuses. Nous envisageons d’équiper des cabinets médicaux dans des conteneurs pour lutter contre les déserts médicaux, en intégrant des technologies comme l’intelligence artificielle et la téléconsultation. 

    Paroles d’élus : Comment se passe la coordination entre LE PATCH’WORK et les besoins concrets sur le terrain ?

    Lucie Perraudin : Le mode opératoire dépend des projets. Parfois, ce sont des associations qui ont un besoin spécifique et nous contactent. Par exemple, je travaille avec une association en Ardèche qui héberge des femmes victimes de violences. Je leur propose de gérer le développement de projet, de trouver des financements, et de répondre aux appels à projets. 

    D’autres fois, ce sont les collectivités qui nous sollicitent pour des solutions de logement d’urgence. Dans notre démarche, nous travaillons en étroite collaboration avec les maires et les élus pour identifier les terrains disponibles et mettre en place des solutions modulaires. 

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