Numérique, que faire contre le gâchis énergétique ?
Dans un récent article du CNRS publié le 16 mai dernier, la journaliste scientifique Laure Cailloce démontrait quand l’absence d’une prise de conscience générale, la prédominance des outils numériques entraine une surconsommation très inquiétante d’énergie. De fait nos ordinateurs et smartphones consomment déjà près de 10 % de la consommation mondiale d’électricité. Principales raisons ? Peu d’optimisation et surtout de nombreux exemples de gâchis énergétique.
De très mauvaises habitudes…
Notre usage du numérique est-il respectueux de l’environnement ? De nombreux exemples nous montrent malheureusement le contraire. En moyenne, nous avons par exemple téléchargé sur notre smartphone une trentaine d’applis. L’utilisation d’une bonne partie d’entre elles est souvent très occasionnelle, pourtant, qu’elles soient utilisées ou non, elles « consomment » l’énergie de notre batterie. Nous connaissons tous le résultat, nous qui quotidiennement devons trouver une prise pour recharger notre téléphone… autre exemple très significatif : une étude de l’Agence française de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie datant déjà de 2011, précisait qu’« envoyer un e-mail de 1 Mo à 1 personne équivaut à la consommation de 25 Wh, soit 25 min d’utilisation d’une ampoule de 60 W ». Et quand nous ne prenons pas la peine de vider notre boîte mail, le mal ne fait que s’accentuer.
Le problème est que derrière l’utilisation de mots comme « dématérialisation », ou « cloud », nous sous estimons souvent beaucoup trop que des infrastructures tournent bel et bien en permanence à plusieurs centaines de kilomètres de chez nous.
La course au toujours plus vite
L’homme moderne est une espèce très pressée qui ne supporte plus d’attendre. Conséquence ? Nous sommes face une véritable surenchère des équipements, particuliers mais aussi partagés à l’instar des Datacenter. Comme le souligne Anne-Cécile Orgerie de Institut de Recherche en Informatique et Systèmes Aléatoires, dans l’article du CNRS, « malgré de nombreuses recherches qui affirment que cela n’affecterait pas la performance du service, les data centers continuent d’être à 100 % de leur capacité jour et nuit. Même chose pour les routeurs afin que l’usage de l’utilisateur soit le plus instantané possible sans la moindre latence ».
Les équipements se montrent donc surdimensionnés : « Si un routeur fonctionne à 60 % de sa capacité, c’est un maximum » estime en effet Anne-Cécile Orgerie. Pourquoi avoir opté pour de telles capacités ? Les fournisseurs ont investi dans des équipements capables d’absorber de données liés aux pics d’utilisation, qui n’arrivent que quelques dizaines de minutes seulement chaque jour. Autre exemple mis en avant dans l’article : « un serveur allumé mais inactif va consommer 100 W, contre 200 W au maximum s’il est en plein calcul. La différence entre ces deux états pour le routeur sera de quelques pourcents à peine ».
Des initiatives pour transformer l’énergie en … chaleur
Vous avez sans doute entendu parler des “Q.rads”. Non ? Ils permettent de chauffer l’intérieur de particuliers grâce à la chaleur dégagée par des processeurs informatiques. Concrètement, ces radiateurs de demain ressemblent à des mini data center reliés à une plate-forme basée à Montrouge en Ile-de-France. Selon les besoins en chaleur demandés, ils réalisent depuis votre salon des calculs informatiques pour des grands groupes. Lorsque la température voulue est atteinte, les processeurs cessent le travail et un autre radiateur prend le relais ailleurs.
Séduit par cette technologie, le Conseil départemental de la Gironde et le bailleur social Girond habitat a équipé le Pôle territorial de solidarité de Bordeaux et une résidence de 50 logements sociaux de la dernière génération de Q.rads. Grâce à cette expérimentation, la Gironde souhaite lutter un peu plus contre la précarité énergétique qui touche 88 098 ménages sur son territoire. Les 346 appareils permettront aux locataires de bénéficier d’un chauffage intelligent et totalement gratuit. Si l’investissement de 865 000 euros reste encore conséquent, il est à mettre au regard des dépenses en chauffage de plus en plus importantes pour les ménages, avoisinant les 3210 euros par foyer en 2016 (contre 2300€ en 2006).
L’autre intérêt de cette technologie est bien évidemment écologique. Selon le fabricant : « Le refroidissement d’un Datacenter peut parfois atteindre jusqu’à 80 % du coût de gestion de ce dernier. La technologie que nous proposons permet d’ors et déjà de réaliser des économies majeures en matière d’émissions de CO2.
Chez Orange, des résultats bien concrets
Grâce à son engagement dans la maitrise des dépenses énergétiques, l’opérateur Orange est certifié ISO 50001. Cette certification « guide les organismes, quel que soit leur secteur d’activité, dans la mise en œuvre d’un système de management de l’énergie qui leur permettra de faire un meilleur usage de l’énergie ».
Au total, plus de 30 000 sites techniques et 15 000 véhicules sont concernés par cette certification, ce qui fait d’Orange, l’une des premières sociétés à être certifiées en France sur un périmètre aussi large. Entre 2006 et 2017, différentes mesures ont permis de baisser la consommation électrique par usage client de 50% et ce en plein déploiement du réseau 4G. Orange mesure par exemple l’efficacité énergétique de ses Datacenter grâce à l’indicateur PUE (Power Usage Effectiveness). Concrètement, plus le PUE est faible, meilleure est la performance énergétique. En Normandie, l’opérateur a ainsi créé « un data center parmi les plus « éco-efficaces » au monde ».
Parallèlement, l’opérateur choisit dès qu’il le peut une consommation d’électricité verte locale en soutenant des producteurs indépendants. C’est le cas par exemple dans la région Centre Val de Loire, où il accompagne l’utilisation des véhicules électrique professionnels grâce à l’énergie produite par les barrages de Moulin Neuf à Villeherviers, situé en Loir-et-Cher et de la commune de Lafarre en Haute-Loire. En rachetant l’ensemble des Garanties d’Origine de ces centrales, Orange limite son empreinte carbone et s’assure que la quantité d’énergie électrique utilisée pour la recharge de ses voitures est équivalente à une quantité d’électricité renouvelable injectée dans le réseau.
Des smartphones qui valent de … l’or
Autre aspect également souvent sous-estimé et pourtant potentiellement très néfaste pour notre planète à très court terme : l’utilisation de métaux rares. Que ce soit de l’or, du thallium ou encore de l’indium, nos smartphones ne pourraient fonctionner sans eux. Or, nos mobiles contiennent une quarantaine de métaux et de terres rares extraits du sous-sol. Il y a seulement 10 ans, ce nombre était limité à une vingtaine.
La solution ? Faciliter le recyclage des anciens mobiles. Ils seraient, rien qu’en France, près de 100 millions à dormir tranquillement dans nos tiroirs. Là encore, Orange est particulièrement moteur dans le domaine grâce à la mise en place depuis 2010 d’un réseau composé de 2 000 points de collecte en France. Pour traiter les mobiles collectés, l’opérateur s’appuie sur un partenariat fort avec les Ateliers du Bocage, membres d’Emmaüs. Ce sont eux qui trient et reconditionnent les anciens mobiles, quel que soit la marque ou l’opérateur. Une fois reconditionnés, les téléphones seront revendus dans un pays d’Afrique comme mobile d’occasion. Aujourd’hui, 85% des mobiles collectés sont recyclés et 15% sont remis en état. L’ensemble des coûts liés à la reprise des mobiles collectés, est financé par l’opérateur et les bénéfices tirés de la collecte et du recyclage sont intégralement reversés à Emmaüs International. L’association peut ainsi créer en Afrique des filières de récupération de déchets de mobiles. Car en parallèle, 12 tonnes de déchets de mobiles en provenance du continent africain sont réceptionnés chaque année au Havre pour être recyclés par la jeune PME française, Morphosis. Après avoir trié chaque type de déchets pour les traiter en fonction de leur composition, elle les transforme en affinant les métaux rares. Ils seront ainsi de nouveau réutilisables pour la fabrication de nouveaux produits ou équipements. Depuis 2010, 250 tonnes de déchets de mobiles ont été acheminées en France pour y être revalorisées et 30 emplois pérennes ont été créés dans les ateliers africains.
Vous pouvez retrouver l’article du CNRS en cliquant ici .