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    Éducation & formation
    Les entretiens

    Numérique éthique Tour : Questions à Jean-Michel Morer, Maire de Trilport

    Pour le plaisir des petits et des grands, le Numérique éthique Tour revient à Trilport du jeudi 29 février au samedi 2 mars. Et pour cette édition 2024, les propositions sont particulièrement nombreuses. Jugez par vous-même : programmation Lego, e-sport adapté aux séniors, immersion en VR « Dans la peau d’un hacker», ou encore atelier de confection avec Ze Fab Truck – Orange Digital Center, etc. Organisé par la ville de Trilport et la MAIF, l’événement fédère pas moins d’une vingtaine de partenaires engagés pour un numérique plus éthique. Pour en savoir plus, nous sommes allés à la rencontre de Jean-Michel Morer, Maire depuis 2004.

    Paroles d’élus : Pourquoi avoir fait le choix d’organiser avec la MAIF, le Numérique éthique Tour ? 

    Jean-Michel Morer : Depuis longtemps, le premier vecteur qui nous semble important c’est celui de l’éducation. Or, l’éducation a cela de merveilleux de nous pousser à toujours nous interroger. D’une certaine manière, enseignants et pédagogues doivent toujours remettre en question leur façon de faire et ne cessent jamais d’apprendre, eux aussi. Aussi, non seulement, il nous semble important de toujours fournir le meilleur équipement possible dans nos écoles mais aussi de pouvoir accompagner les enseignants dans la mise en place de nouveaux usages numériques en cassant justement un tout petit peu les codes.

    C’est pourquoi, chaque année, notre ville propose une programmation en ce sens lors de la semaine du numérique. Et tous les deux ans, nous accueillons le Numérique éthique Tour.

    L’événement dure généralement 3 ou 4 jours. Certaines journées sont pour les scolaires. Le samedi est pour le grand public. Nous avons à chaque fois le plaisir de découvrir que les enfants reviennent avec leurs parents ou grands-parents.

    Nous travaillons avec la MAIF depuis une dizaine d’années à peu près sur ce type d’événement. Ce dernier s’inscrit justement dans cette dynamique disruptive que nous recherchons. Il y a en effet un peu un côté « C’est pas Sorcier ». Historiquement, un camion vient, s’installe à proximité de l’école et fait découvrir le temps d’une heure différentes activités. Notre conseillère numérique s’est particulièrement impliquée sur ce dossier afin de coordonner des ateliers exclusifs dédiés aux scolaires, aux seniors et aux enseignants, le tout en sollicitant nos partenaires.

    Paroles d’élus : Vous évoquez éducation et numérique. Le débat sur la présence des écrans a refait surface récemment. Quelle est justement votre position sur le sujet ?

    Jean-Michel Morer : Le débat sur l’utilisation d’écrans dès la maternelle n’est pas nouveau. À Trilport, notre approche est très différente des positionnements habituels sur le sujet. D’une certaine manière, on fait un peu du numérique comme Monsieur Jourdain faisait de la prose. J’ai la certitude en effet que l’On peut faire de l’informatique sans forcément avoir un écran. C’est-à-dire que très clairement, nous l’avons mis au cœur de certains projets sans revendiquer cette apparente modernité. On a dématérialisé tout ce qui était possible au niveau du travail des services, de manière très poussée. Nous avons également beaucoup investi dans le numérique éducatif avec des écoles, sans doute les mieux équipées du secteur depuis de nombreuses années.

    Aujourd’hui, grâce par exemple à l’entreprise de l’ESS, COLORI, on découvre qu’on peut aborder des notions propres au numérique sans avoir à utiliser des écrans. Par le conte et par le jeu, les enfants manipulent les grandes notions informatiques : algorithmes, système binaire, logique booléenne, etc. Ils questionnent le fonctionnement des ordinateurs, échangent sur la place des écrans et sur l’empreinte écologique de la révolution numérique.

    Le matériel informatique, les classes numériques et les tableaux interactifs doivent, à mon sens, être remis pour ainsi dire à leurs justes places. Ils doivent être utilisés comme des moyens et pas comme une fin en soi.

    Paroles d’élus : Pour cette édition 2024, avez-vous vu les choses en grand ?

    Jean-Michel Morer : D’une certaine manière…oui car le format de l’événement a tout simplement évolué. De ce camion nous sommes passés aujourd’hui à un espace de plus de 300 m². Il y a une profusion de propositions très complémentaires. Grâce à cet surface en plus, on prend le temps d’aller plus loin : Risques sur les réseaux sociaux, maitrise de ses données personnelles, de son smartphone, opportunités du numérique, impact environnemental, codage pour les plus petits, c’est très vaste.

    Paroles d’élus : Comment comprendre le terme « éthique » placé au centre même du nom de cet événement ?

    Jean-Michel Morer : À la base, c’est une volonté de la MAIF mais dans laquelle il faut l’avouer, nous nous retrouvons totalement. En effet, Trilport a une réputation de ville connectée. Nous sommes par exemple la seule ville de notre département à avoir les 5@ de l’association Villes Internet. Et nous avons une arobase verte. Celle-ci est remise aux collectivités qui agissent pour réduire l’empreinte du numérique. De plus, un des crédos de cette association, c’est de défendre un numérique citoyen et souverain. La notion d’éthique, non seulement elle nous parle mais elle fait surtout partie de nos valeurs.

    Penser un numérique plus éthique, c’est travailler sur la complexité, sur les contradictions plus ou moins apparente et sur les conséquences sociétales et humaine du numérique.

    Paroles d’élus : Un des atouts du Numérique éthique tour, c’est de fédérer un nombre important de partenaires. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

    Jean-Michel Morer : Pour mettre en place un tel événement, c’est un boulot fou. On ne pourrait pas y arriver seul et sans, je tiens à les remercier au passage, l’engagement des militants de la MAIF qui, bénévolement, animent certains ateliers et une partie de la logistique.

    Beaucoup de partenaires de longue date nous ont fait la joie de s’associer à ce projet. Je pense par exemple à l’éducation nationale et à la CAF qui est un acteur précieux qui d’après nous prendra de plus en plus de place sur les enjeux liés à l’inclusion numérique.

    Je pense aussi à Orange qui grâce à son FabLab itinérant Ze Fab Truck et son programme Orange Digital Center, nous permettent de proposer régulièrement des ateliers numériques.

    Paroles d’élus : La Police Nationale est aussi l’un de vos partenaires ?

    Jean-Michel Morer : En effet, pour cette édition, nous avons pu compter également sur l’implication d’acteurs institutionnels du champ régalien avec la Police Nationale. C’était important qu’ils puissent intervenir sur les cybermenaces. Aujourd’hui ces attaques sont une réalité quotidienne. Elles touchent nos données, notre vie privée, notre santé, nos déplacements et parfois la survie de nos entreprises.

    On revient sur la notion d’éducation. Il y a des attitudes à acquérir et une culture du risque à acquérir. Le problème, c’est qu’à force de parler de dématérialisation, les citoyens sous-estiment l’impact des attaques.

    Or, dans les faits, on retrouve peu ou prou les mêmes truands et les mêmes hors-la-loi que dans le monde physique. L’environnement numérique au fond, c’est comme l’environnement routier. On apprend aux enfants à regarder de chaque côté avant de traverser. La cybersécurité fait bien évidemment partie de cette acculturation primordiale.

     

    (Re)voir l’interview de Mr Jean-Michel Morer lors du SMCL 2022 :