Logement connecté : habiter la ville, partager la vie
Décidée depuis 1985 par l’ONU, le 1er octobre 2018 s’est tenue la « Journée mondiale de l’Habitat». En effet, depuis 30 ans, l’accélération du phénomène urbain a transformé en profondeur les rapports entre les hommes, l’habitat et la nature.
L’émergence des métropoles va de pair avec les développements croissants des infrastructures. Dans les métropoles, mais aussi dans les villes moyennes et les petites villes, l’habitat de demain s’invente aujourd’hui, et nous le rêvons tous plus intelligent, plus efficace, plus fonctionnel. Notre défi, dans l’ensemble de nos territoires à l’ère de l’anthropocène, – quand l’homme modifie en profondeur par son action l’environnement -, est qu’il soit au cœur d’une qualité de vie, offrant une combinaison harmonieuse entre les espaces urbains, paysagers, la biodiversité, mais le rendant aussi accessible, fluide vers le travail et les loisirs, parmi les principales activités humaines.
A l’heure où les modèles d’usage de la vie urbaine se transforment en profondeur par la convergence du numérique, des nouvelles technologies et des nouveaux modèles économiques, nous devons porter un regard sur les « logements connectés », élément essentiel qui concerne l’habitat dans ses multiples formes : vertical, horizontal, mixte, en zones denses, semi-denses ou à faible densité.
Compte tenu de l’impact urbain dans nos modes de vie, -avec les 4/5èmes de la population française habitant dans un espace urbain, ce qui correspond à peine à 20% du territoire-, le pari est de taille. Mais, à l’heure de l’urgence climatique : la principale menace pour nos vies urbaines, il faut aussi prendre conscience de l’impact pour notre santé des logements, dans nos vies rythmées par les saisons. La production de chaleur/froid du secteur résidentiel représente un cinquième des émissions nationales dues à la combustion d’énergie. Avec les accords de Paris, en France, à l’horizon de 15 ans, le bâtiment devra réduire de plus de la moitié ses émissions de gaz à effet de serre produites aujourd’hui et, à court terme, en quelques années, elle devra les baisser de 30% !
À l’heure des révolutions technologiques, nous voyons s’ouvrir devant nous une infinité de possibles urbains. Mais il y en a un, qui est indispensable, car il y va de notre survie à terme : la transition vers une ville post-carbone. Un enjeu capital, dont le rôle de nos logements connectés dans cette voie, est déterminant. Cela signifie avant tout, de trouver de nouveaux modèles de vie et économiques, décentralisés, sobres en énergie et frugales dans la consommation de ressources naturelles.
Concilier les exigences de la ville durable, mais également les nouveaux rythmes, avec d’autres manières de vivre, d’habiter, de travailler et de prendre des loisirs, passe par une transformation de l’espace urbain encore fortement mono-fonctionnel vers une ville polycentrique, portée par quatre composantes majeures : la proximité, la mixité, la densité et l’ubiquité.
Cette dernière composante, l’ubiquité, -devenue massive-, est une autre caractéristique majeure de la ville du XXIème siècle. Le logement connecté offre alors une ère nouvelle, celle de la ville “à temps continu”, d’être ici et ailleurs, d’accéder à de nouveaux services, de participer à la nécessaire optimisation énergétique, de contribuer à vivre autrement, de développer l’entraide et le lien social de proximité. Les nouvelles relations qui se tissent entre les citadins et l’habitat par l’usage de nouvelles technologies, peuvent alors venir aussi changer notre rythme de vie dans la ville. C’est la ville du ¼ d’heure, où nous pouvons accéder aux services essentiels avec 15 minutes de déplacements, celle de l’hyper proximité, de «l’accessible» à tous et à tout moment… Grâce aux logements connectés, l’évolution de l’habitat ne serait plus alors une question de services dans nos m2 d’intérieur, mais avant tout, que tous et chacun des habitants, aient nativement des bouquets de services citadins étendus, donnant lieu ainsi à de nouveaux modèles économiques de vie urbaine. On n’achètera plus ou on ne louera plus des m2 pour se loger, mais on les louera ou on les achètera incluant des services de vie qui seront utilisables dans toute la ville. La plateforme multi-services, sera ainsi désormais la ville entière.
Il s’agit alors de rapprocher la demande de l’habitant de l’offre qui lui est proposée, d’assurer une mixité fonctionnelle en développant les interactions sociales, économiques et culturelles, d’assurer une densification non négligeable, tout en augmentant les espaces de rencontres et de brassage publics, d’optimiser la palette de services grâce au numérique et aux modèles collaboratifs et de partage, de transformer les rues en des espaces de mobilité décarbonnée par la découverte à pied ou à vélo, de réinventer les nouvelles hyper-proximités comme les « super blocks » à Barcelone ou à Tokyo, de redécouvrir la biodiversité dans son lieu de vie en encourageant des circuits courts…
Il y a donc une urgence vitale à prendre à bras le corps ce futur immédiat. Le logement connecté est bien plus que des services d’automatismes d’intérieur. C’est la possibilité pour faire de cette connectivité une nouvelle proximité, source de nouveaux modèles d’usages et services pour habiter la ville et surtout partager la vie.