L’Ile-de-France, future championne européenne de l’Intelligence Artificielle ?
Travail, économie, santé, mobilité et même culture, aucun domaine ou presque ne semble pouvoir échapper à l’intelligence artificielle. Ainsi, du seul point de vue économique, on estime que d’ici 2030, l’intelligence artificielle (IA) pourrait contribuer à hauteur de 12,5 trillions d’Euros à l’économie mondiale. Si devenir leadeur dans ce domaine est une priorité pour beaucoup, encore faut-il se donner les moyens d’y arriver. La Région Ile-de-France vient donc de dévoiler sa stratégie le 15 octobre dernier, en présentant le plan IA 2021.
« Faire de l’Ile de France un hub européen de l’intelligence artificielle ». Voici l’objectif de Valérie Pécresse et du plan IA 2021. Ce dernier, doit permettre grâce à une quinzaine de mesures d’aider les start–up à se développer et à se consolider. L’enjeu est en effet de taille dans cette course technologique internationale. L’an dernier, on recensait plus de 1 550 start-up consacrées à l’intelligence artificielle dans le monde. Et le total des levées de fonds dépassait déjà les 10 milliards de dollars.
Pour la Présidente de région, l’Ile-de-France concentre de nombreux atouts majeurs à commencer par la qualité de ses chercheurs, reconnus internationalement. La région compte aussi sur son territoire plus de la moitié des 500 entreprises et équipes de recherche françaises spécialisées en intelligence artificielle, dont les leaders Criteo, Atos ou encore Thales. Les quinze mesures du plan IA 2021 s’articulent selon 4 axes.
« Mettre l’intelligence artificielle au service de l’économie francilienne, et en particulier de son industrie »
Tout d’abord, il est question de « mettre l’intelligence artificielle au service de l’économie francilienne, et en particulier de son industrie ». Un parcours d’accompagnement personnalisé baptisé PACK IA IDF permettra par exemple de faciliter l’usage de l’intelligence artificielle pour les PME et ETI franciliennes. Autre mesure et non des moindres, les élus veulent favoriser l’innovation en mutualisant les données industrielles. Des investissements sont également prévus en infrastructure afin de « donner accès à une puissance de calcul et de stockage compétitive et souveraine ». Autre mesure, la création du premier lycée consacré à l’intelligence artificielle. Dès la seconde, des étudiants y développeront les connaissent spécifiques nécessaires : fondamentaux mathématiques et statistiques nécessaires à la bonne compréhension de l’intelligence artificielle mais aussi maîtrise des outils de développement logiciel largement répandus dans ce domaine.
« Conforter le leadership et l’attractivité internationale de l’Île de France »
Le deuxième axe de ce plan doit permettre de « conforter le leadership et l’attractivité internationale de l’Île de France » dans ce domaine. Cela passera par des mesures concrètes comme par exemple un soutien financier au projet DIGIHALL, « projet d’envergure dont le coût total dépasse les 125 M€. Cet ensemble immobilier de 60 000 m² situé à Saclay, au cœur de l’écosystème de recherche et d’enseignement le plus prometteur au monde, réunira en un seul lieu les meilleures équipes de recherche et d’innovation académiques et industrielles ».
« Lever les verrous technologiques sur les filières régionales prioritaires »
Pour que l’Ile-de-France devienne leader européen, Valérie Pécresse souhaite également « lever les verrous technologiques sur les filières régionales prioritaires ». Ainsi, la Région a décidé par exemple dès l’an prochain, de renforcer les moyens financiers consacrés aux aides à l’innovation. Dans le cadre des dispositifs Innov’Up Expérimentation et Innov’up Proto, les meilleurs projets d’innovation en intelligence artificielle pourront se voir attribuer une aide allant jusqu’à 500 000 €. Comme le rappelle la Région dans son communiqué de presse. Ces dispositifs ont déjà porté des fruits. Ainsi, « le financement régional de près de 90 M€ a généré, par effet de levier, près d’un milliard d’euros de financement en 2017 ».
Mesurer les avancés du plan et juger ses résultats.
Enfin, de manière à piloter et évaluer ce plan, un comité de pilotage comptant les représentants des différentes parties prenantes se réunira tous les 6 mois pour mesurer les avancés du plan et juger ses résultats. Ce dernier sera conduit par un duo composé d’Alexandra Dublanche, vice-présidente de la Région en charge du développement économique, et de Bertrand Braunschweig, directeur de l’Inria Saclay et membre du conseil numérique de la Région Ile-de-France.
Ce plan permettra-t-il à la France de rattraper son retard dans le domaine de l’intelligence artificielle ? Alors que des pays comme les Etats Unis ou la Chine en ont fait une priorité nationale et que la Corée du Sud a prévu de son côté un plan IA de 800 M€ sur 5 ans, la mobilisation des collectivités françaises paraît plus que nécessaire.