L’Europe au quotidien : 4 questions à Frédérique Macarez, Maire de Saint-Quentin
Souvent critiqués ou même oubliés, les fonds européens participent pourtant concrètement aux financements de nombreux projets structurants dans nos collectivités. Pour mieux comprendre le travail réalisé entre les collectivités et l’Union Européenne, l’Association Villes de France a interrogé plusieurs de ses élus. Direction aujourd’hui Saint-Quentin, dans le département de l’Aisne pour savoir ce qu’en pense Frédérique Macarez, Maire de la ville et vice-présidente de la CA Saint-Quentinois…
Qu’apporte l’Europe quotidiennement à votre ville ?
Saint-Quentin est une ville où la population connaît davantage de difficultés financières et sociales qu’ailleurs (plus de 14 % de chômage, 28% de pauvreté, manque de mobilité, 17.7 % d’illettrisme chez les jeunes dans le département, parc social important avec une offre privée insuffisante et inadaptée, 51 % de personnes soumises à l’impôt…). Les financements européens permettent de mener des projets améliorant le quotidien des habitants de Saint-Quentin (financement de bâtiments et de services publics avec par exemple la construction de centre social dans les quartiers), la réduction des inégalités mais favorisant aussi la réalisation de projets stratégiques sur le bassin de vie et d’emploi (smart city, robonumérique…), qu’il aurait été impossible de conduire sans appui ni soutien financier. Dans un contexte financier et normatif de plus en plus contraint, les financements européens comblent pour partie la réduction des efforts consentis l’Etat pour accompagner les collectivités (baisse des dotations et hausse des compétences allouées, sans contrepartie) et offrent un soutien intéressant en matière d’ingénierie et de coopération trans-frontalière.
En tant qu’élue locale, quelles sont vos attentes vis-à-vis des institutions européennes ?
Les institutions européennes doivent davantage territorialiser leurs politiques et favoriser une approche plus concertée afin de mieux cerner et prendre en compte les besoins spécifiques des villes petites et moyennes et ainsi combler les disparités territoriales (et d’une façon plus générale, nationales et transnationales). La territorialisation des politiques publiques européennes permettrait de les rendre plus efficaces et réfléchies. Renforcer le dialogue avec les institutions européennes apporterait plus d’information et de transparence sur les programmes européens auxquels elles peuvent prétendre, programmes dont la technicité et complexité ne favorisent pas l’accès, l’appropriation et la mise en œuvre des projets éligibles, et donc la réduction des disparités territoriales. Une centralisation des procédures de mobilisation des fonds européens serait également la bienvenue. Enfin, une simplification de la réglementation européenne, un assouplissement des contrôles relatifs à la bonne allocation des fonds et la réduction de la pression normative européenne en diminueraient l’impact négatif pour les collectivités.
Pourquoi faut-il sauver les fonds européens pour toutes les régions ?
Tout d’abord, les fonds européens garantissent aux territoires davantage de solidarité grâce à des aides au développement des régions les moins favorisées. Ils permettent également une coopération interrégionale avec la mise en place de projets pour l’Europe de demain. De plus, ils portent sur l’innovation et sur des opérations de développement stratégiques pour l’avenir.
Enfin, les fonds européens à destination des régions assoient la politique de cohésion de l’UE et permettent de mettre en lumière auprès de nombreux de nos concitoyens l’impact et la participation de nos institutions européennes à leur quotidien et aux projets qui participent à son amélioration.
Le projet SCIFI est une de ces réalisations concrètes de l’Europe au quotidien ?
Le projet SCIFI vise à développer des solutions innovantes afin de répondre à des défis urbains locaux (mobilité, environnement et énergie) en utilisant des données et des informations du secteur public (projet smart city). Cette action est menée en partenariat avec la ville de Malines en Belgique et des start-ups de Saint-Quentin locales ainsi que Faubourg Numérique et YNCREA, regroupement des écoles d’ingénieurs ISEN, ISA et HEI à Lille, au travers son programme ADICITE (ateliers de l’innovation de la ville en transition énergétique et sociétale). La Subvention européenne s’élève à 273 000 € sur un budget global de 455 000 €.