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    Les entretiens

    Le Tour de France, du magazine l’Auto en 1903 à l’ère numérique avec… Christian Prudhomme

    Au Congrès des Départements de France à Strasbourg où nous l’avons rencontré le mois dernier, Christian Prudhomme connait tous les élus ou presque. Il faut dire que depuis 2007, année durant laquelle il a pris la direction du Tour de France, l’ancien journaliste sportif a dû parcourir peu ou prou les routes de tous les départements de l’Hexagone. Le Tour 2024 fera-t-il aussi bien que l’opus 2023 avec le chiffre record de 42,5 millions téléspectateurs ? Il promet en tout cas une arrivée encore jamais vue alliant paysage de Montagne et mer. Pour Paroles d’élus, Christian Prudhomme nous présente les particularités du parcours 2024 mais aussi les évolutions technologiques qui permettent chaque année de grandir en popularité.

     

    Paroles d’élus : Comment expliquez-vous ce lien particulier entre le Tour et l’Assemblée des Départements de France ?

    Christian Prudhomme : Les élus et les collectivités sont essentiels pour nous, et notamment les départements. D’ailleurs, nous avons une convention avec les départements de France, tout simplement parce que le terrain d’expression des champions, des championnes, c’est la route, et la route, elle dépend des départements. 99 % des routes du Tour de France (version féminine, version masculine), ce sont les départements. Donc, bien évidemment, qu’on entretient des liens essentiels, des liens de confiance, des liens d’amitié avec les départements. Ce serait une première pour le Tour de France de ne pas arriver à Paris ou en région parisienne, une première depuis 1903, et on va arriver à Nice.

    Paroles d’élus : En 2024, les amoureux du Sport vont se régaler avec les JO mais aussi… le Tour de France. Ce dernier a-t-il dû s’adapter ?

    Christian Prudhomme : Alors, on l’avait imaginé depuis assez longtemps que ce serait très compliqué qu’il y ait les Jeux à Paris et l’arrivée du Tour de France quelques jours plus tôt. On ne remplace pas Paris comme ça, donc il nous fallait une ville qui rayonne. C’est le cas de Nice, c’est le cas de la Côte d’Azur, et une ville qui va nous permettre de réaliser le rêve des directeurs du Tour de France depuis l’origine : la montagne toute proche de l’arrivée finale, ce qui évidemment n’est pas possible à Paris. Là, on aura la montagne jusqu’au samedi et le dimanche, un magnifique contre-la-montre entre Monaco et Nice, où on espère que le sort du Tour de France se jouera.

    Paroles d’élus : Le classement peut donc évoluer jusqu’au tout dernier moment ?

    Christian Prudhomme : En effet. Ça va être vraiment un feu d’artifice les derniers jours, avec notamment à 48h de l’arrivée finale, le col de la Bonnette, c’est la cime de la Bonnette, c’est la plus haute route goudronnée de France à 2802 m. Encore une étape de montagne sur un format réduit mais très dynamique le samedi, et donc ce contre-la-montre final. Vous connaissez le surnom du contre-la-montre : l’épreuve de vérité. Donc, on espère que de cette épreuve de vérité sortira le nom du vainqueur de la 111e édition du Tour de France.

    Paroles d’élus : Les moyens mis en place pour couvrir les étapes du Tour de France ont-ils beaucoup évolués au fil des années ?

    Christian Prudhomme : Le Tour de France, c’est 2000 journalistes accrédités sur l’ensemble du Tour de France. Il y a des correspondants de nombreux pays mais aussi évidemment la presse quotidienne régionale qui bouge, qui est chez elle. Le Tour de France, c’est une création des journaux. Le Tour a été créé par un journal, L’Auto, l’ancêtre de L’Équipe, en 1903. Il a été popularisé par la radio de manière exceptionnelle .  Ensuite, il y a eu la télévision noir et blanc. Quelques kilomètres d’abord. Maintenant l’intégralité du Tour de France, du premier au dernier kilomètre. Et cela pendant 3 semaines. Il y a même une semaine supplémentaire avec les femmes désormais.

    Paroles d’élus : Le Tour a aussi pris le virage du numérique…

    Christian Prudhomme : Le Tour de France est aussi à son aise avec les réseaux sociaux et les plateformes. Je pense notamment à la série sur Netflix. Elle a fait qu’un public plus jeune est venu en juillet dernier. Il y avait plus d’un quart des gens au bord de la route qui venaient pour la première fois sur le Tour. Et dans ce quart nouveau, il y avait une majorité de femmes. Donc, ça veut dire que ça bouge, que ça évolue, et que voilà, on en est évidemment ravi. »